Détection de ruthénium-106 en France et en Europe : Résultat des investigations de l’IRSN

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09/11/2017

 

​Du ruthénium-106 a été détecté dès fin septembre 2017 par plusieurs réseaux européens de surveillance de la radioactivité dans l’atmosphère, à des niveaux de l’ordre de quelques millibecquerels par mètre cube d’air. Les investigations de l’IRSN permettent d’apporter des éléments sur la localisation possible de la source de rejet ainsi que l’ordre de grandeur des quantités rejetées.

 

Dès qu’il a eu connaissance des premières détections de ruthénium-106 dans l’atmosphère en Europe, l’IRSN a mobilisé l’ensemble de ses moyens de surveillance radiologique de l’atmosphère et a procédé à l’analyse régulière des filtres de ses stations de surveillance. Pour la période du 27 septembre au 13 octobre 2017, seuls ceux des stations de la Seyne-sur-Mer, Nice et Ajaccio ont révélé la présence de ruthénium-106 à l’état de traces. Depuis le 13 octobre 2017, le ruthénium-106 n’est plus détecté en France.

 

Les résultats de mesures de stations européennes communiqués à l’Institut depuis le 3 octobre 2017 ont confirmé la présence de ruthénium-106 dans l’atmosphère de la majorité des pays européens. Les résultats obtenus pour des périodes de prélèvements postérieures au 6 octobre 2017 ont montré une décroissance régulière des niveaux de ruthénium-106 qui n’est, à l’heure actuelle, plus détecté en Europe.

 

Les niveaux de concentration dans l’air en ruthénium-106 qui ont été relevés en Europe et a fortiori en France sont sans conséquence tant pour la santé humaine que pour l’environnement.

 

A partir des conditions météorologiques fournies par Météo France et des résultats de mesure disponibles dans les pays européens, l’IRSN a réalisé des simulations afin de localiser la zone de rejet, d’évaluer la quantité de ruthénium rejetée ainsi que la période et la durée de rejet.

 

La carte ci-dessous synthétise les résultats de ces simulations et confirme que la zone de rejet la plus plausible se situe entre la Volga et l’Oural sans qu’il ne soit possible, avec les données disponibles, de préciser la localisation exacte du point de rejet. En effet, c’est dans cette zone géographique que la simulation d’un rejet de ruthénium permet de mieux reproduire les mesures obtenues en Europe.

 

Carte représentant la plausibilité de l’origine du rejet de ruthénium-106 en Europe en septembre 2017

Carte représentant la plausibilité de l’origine du rejet. © IRSN

 

Pour la zone de rejet la plus plausible, la quantité de ruthénium-106 rejetée estimée par les simulations de l’IRSN est très importante, comprise entre 100 et 300 térabecquerels. Le rejet, accidentel eu égard à la quantité rejetée, aurait eu lieu au cours de la dernière semaine du mois de septembre 2017.

 

Du fait des quantités rejetées, les conséquences d’un accident de cette ampleur en France auraient nécessité localement de mettre en œuvre des mesures de protection des populations sur un rayon de l’ordre de quelques kilomètres autour du lieu de rejet.  Pour ce qui concerne les denrées alimentaires, le dépassement des niveaux maximaux admissibles (NMA) (1250 Bq/kg pour le ruthénium-106 et pour les denrées autres que le lait) serait quant à lui observé sur des distances de l’ordre de quelques dizaines de kilomètres autour du point de rejet.

 

La possibilité de dépassement des NMA à proximité du lieu de l’accident a conduit l’IRSN à étudier le scénario d’importation de denrées alimentaires issues de cette zone. De son analyse, l’IRSN considère, d’une part que la probabilité d’un scénario qui verrait l’importation en France de denrées (notamment des champignons) contaminées par du ruthénium-106 à proximité de la source de rejets est extrêmement faible et, d’autre part, que le risque sanitaire potentiel lié à ce scénario est lui aussi très faible. Il n’apparait donc pas nécessaire de mettre en place des contrôles systématiques de la contamination des denrées importées.

 

Télécharger la note d’information de l’IRSN du 9 novembre 2017 « Détection de ruthénium-106 en France et en Europe : Résultat des investigations de l’IRSN » (PDF)