Exposition professionnelle des travailleurs du nucléaire aux rayonnements ionisants : l’IRSN fait le bilan du suivi épidémiologique en France

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18/12/2017

 

Dans le cadre de ses recherches sur les effets sanitaires potentiels des expositions chroniques à des faibles doses de rayonnements ionisants, l’IRSN a réalisé un bilan des études épidémiologiques sur les travailleurs de l’industrie nucléaire française  depuis les années 1950 jusqu’à ce jour. ​

 

Mis en place à partir des années 1980, le suivi de l’IRSN concerne des travailleurs impliqués dans les activités industrielles et de recherche, et à l’ensemble des étapes du cycle de l’industrie nucléaire de production d’électricité. Les différentes cohortes suivies représentent 78 800 travailleurs actuels ou anciens du cycle du combustible d’EDF, d’Areva NC et du CEA, dont 5 000 anciens mineurs d’uranium du groupe CEA-Cogema.

 

Avec les travailleurs en cours d’inclusion, plus de 90 000 personnes font l’objet d’une surveillance de leur exposition professionnelle aux rayonnements ionisants. La durée moyenne du suivi est de 30 ans par travailleur.

 

Par ailleurs, ces populations sont caract​érisées par de longues carrières, une bonne stabilité professionnelle, une mesure et un enregistrement des expositions individuelles depuis les années 1950 et un suivi médical professionnel très régulier.

 

Lire le rapport de l'IRSN - Suivi épidémiologiq​ue des travailleurs du cycle électronucléaire en France : bilan des études de l’IRSN (PDF, 777 Ko)

 

Comprendre les effets de l’exposition chronique à des doses faibles

 

Les études épidémiologiques sur les travailleurs de l’industrie nucléaire ont un objectif de support à l’expertise en radioprotection au travail et en santé publique. Elles permettent également d’étudier et de quantifier les risques potentiels liés à des expositions chroniques  à des doses faibles de rayonnements ionisants, pour des pathologies cancéreuses et non cancéreuses. 

 

En outre, certaines de ces études permettent d’une part, de prendre en compte l’exposition externe et la contamination interne et, d’autre part, de considérer le cumul de plusieurs facteurs professionnels (risques chimiques, efforts physiques, facteur  de stress comme le bruit ou la chaleur, travail par rotation) ou personnels (tabac, hypertension, cholestérol, etc.). 

 

Des résultats dans le cadre de l’étude Inworks

 

Si l’effet cancérigène des rayonnements ionisants est déjà établi pour des expositions à doses modérées à élevées, des études demeurent nécessaires pour les expositions chroniques à faibles doses. Les études à l’échelle nationale ne présentent pas toujours une taille suffisante pour obtenir des résultats significatifs

 

C’est pourquoi l’IRSN mène des recherches dans un cadre international. ​L’étude Inworks, regroupant 308 000 travailleurs du nucléaire français, américain et britannique a confirmé l’existence d’un risque de décès par cancer solide ou par leucémie et permis de progresser dans l’évaluation de la relation dose-réponse pour l’exposition chronique à de faibles doses.  

 

Concernant ses études réalisées au niveau national, l’IRSN tire plusieurs observations :

  • Pour les mineurs d’uranium, une augmentation du risque de décès par cancer pulmonaire associée à l’exposition cumulée au radon. Ce résultat est cohérent avec les études chez les mineurs conduites dans d’autres pays ;
  • ​Pour la cohorte des travailleurs du nucléaire EDF – Areva - CEA, une mortalité plus faible de 40 % que dans la population générale qui s’explique par la sélectivité à l’embauche et un meilleur suivi médical pendant la vie professionnelle (effet « travailleur sain ») ;
  • Pour les travailleur​s du cycle du combustible, un effet « travailleur sain » ;
  • Pour les travailleur​​>s du traitement du minerai d’uranium,  pas de mise en évidence de différence de mortalité par rapport à la population générale.

 

Enfin, l’Institut souhaite améliorer ses estimations de risques de trois manières :

  • intégrer le suivi des personnels des entreprises sous-traitantes grâce au Système d’information de la surveillance de l’exposition aux rayonnements ionisants (SISERI​) ​;
  • retenir le diagnostic plutôt que la mortalité afin d’inclure les cancers non létaux ;
  • améliorer les indicateurs d’exposition et de dose pour réduire les incertitudes.