Bilan IRSN 2009 de la surveillance radiologique de l’environnement en France : vers une évolution de la stratégie de surveillance

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03/02/2011

 

Des niveaux de radioactivité artificielle qui restent très faibles, dans la continuité des dernières années

 

D’une façon générale, les niveaux de radioactivité mesurés en 2009 en métropole dans le cadre de la surveillance assurée par l’Institut sont stables, dans la continuité des dernières années, et se situent à un très bas niveau, c’est-à-dire proches ou en-deçà des limites de détection des instruments de mesure utilisés.

 

Une évolution de la stratégie de surveillance radiologique

 

L’édition 2009 du bilan annuel de l’état radiologique de l’environnement français bénéficie des résultats des premières actions engagées par l’IRSN pour faire évoluer la surveillance qu’il exerce, consistant à définir et mettre en œuvre un programme de modernisation et de redéploiement de ses dispositifs de surveillance. Pour ce bilan, sont particulièrement concernés les chapitres consacrés aux constats radiologiques territoriaux et à la surveillance du littoral et des denrées.

 

Ainsi, le bilan radiologique 2009 fait le point sur 3 constats radiologiques territoriaux : Le Val de Loire, le Sud-Ouest et la Vallée du Rhône. L’objectif de ces constats est d’établir, sur plusieurs départements, un référentiel actualisé des niveaux de radioactivité dans divers compartiments de l’environnement, en particulier dans les productions locales emblématiques du territoire concerné ou à forte valeur ajoutée. Chaque constat comporte plusieurs campagnes de prélèvements (de l’ordre de 100 à 200 prélèvements) et nécessite, selon la complexité du territoire concerné, de trois à quatre ans entre son démarrage et sa restitution finale.

 

La méthodologie et les plans d’échantillonnage propres aux trois régions concernées sont commentés :

  • Le Val de Loire : l’étude du Val de Loire, premier constat pilote, s’est déroulée de 2008 à 2010 sur un territoire allant de l’amont de Belleville-sur-Loire à l’aval de Chinon, en vue de déterminer les niveaux de radioactivité de cette région. Les mesures acquises témoignent essentiellement du  bruit de fond naturel et de la rémanence des dépôts anciens des retombées des tirs atmosphériques d’armes nucléaires (137Cs, 90Sr, transuraniens, tritium et carbone 14) et de l’accident de Tchernobyl (137Cs) sur l’ensemble du bassin. Aucune anomalie n’a été constatée par rapport aux connaissances relatives aux niveaux de radioactivité sur le territoire métropolitain.
  • Le Sud-Ouest : l’étude a débuté en 2009 et s’achèvera en 2012.
  • La Vallée du Rhône : débutée en 2009, l’étude s’achèvera également en 2012.

Comme l’IRSN s’y était engagé, des points d’avancement des constats sont périodiquement réalisés avec les parties prenantes locales ; en particulier, la présentation des résultats du constat Val de Loire est programmée en mars 2011 à Orléans.

 

Vers une diversification des résultats de la surveillance radiologique

 

L’édition 2009 du bilan annuel de l’état radiologique de l’environnement français est marquée également par une augmentation et une diversification des résultats de la surveillance, notamment des façades littorales et des denrées alimentaires. Cette évolution est le fruit d’une collaboration fructueuse entre l’IRSN, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) dans le cadre d’un programme de surveillance optimisé.

 

En 2009, l’IRSN a mené des expertises radiologiques sur trois anciens sites industriels dont les activités historiques ont entraîné une pollution de l’environnement

 

L’IRSN mène régulièrement, en appui aux services de l’État, des études particulières sur des sites sur lesquels des matières radioactives ont été utilisées ou stockées et où il persiste encore aujourd’hui un niveau de radioactivité supérieur au bruit de fond radiologique environnant.

 

  • Sur le site de la société Orflam-Plast implantée à Pargny-sur-Saulx dans la Marne, détection de thorium232

La société Orflam-Plast a fabriqué de 1932 à 1967, des pierres à briquet à partir du cérium extrait du minerai de monazite. Son procédé d’extraction chimique a entraîné une production importante de résidus solides à base de sel de thorium, qui ont été utilisés comme remblais et disséminés autour de l’usine. L’IRSN a réalisé des investigations radiologiques dans l’environnement de l’usine afin d’évaluer l’étendue des zones contaminées et pouvoir ainsi les sécuriser au besoin.
Les résultats de l’expertise et les recommandations émises par l’IRSN ont été intégrés par l’ANDRA dans la mise en sécurité des zones contaminées en dehors du site et la déconstruction de l’usine.

 

  • A proximité de l’ancien laboratoire de la société Isotopchim, au lieu dit « le Belvédère de Ganagobie » dans les Alpes de Haute-Provence, détection de carbone 14

Des arbres, situé au lieu-dit « le Belvédère de Ganagobie », à une trentaine de kilomètres au nord ouest de Forcalquier (04), ont été contaminés en carbone 14. Cette contamination est la conséquence des rejets atmosphériques, de 1989 à 1997, du laboratoire Isotopchim, dédié notamment à la production de molécules marquées pour la chimie fine. L’IRSN a procédé à l’évaluation des conséquences radiologiques qui résulteraient des situations susceptibles de survenir selon les deux options de gestion envisagées :

  • le maintien du site en l’état, en particulier en laissant sur place les arbres et en continuant l’entretien du site qui est fait actuellement ;
  • l’enlèvement total ou partiel de ces arbres.

Les résultats de cette expertise montrent que le maintien sur place des arbres conduit à un risque radiologique infime pour les riverains du site (soit moins d’un centième de dose annuelle due au carbone 14 présent naturellement dans l’environnement qui est de 12 microsievert).

 

  • Contamination au radium du site Charvet de l’île Saint-Denis dans la Seine Saint Denis

De 1913 à 1928, la société SATCHI a exercé une activité industrielle d’extraction du radium à partir de minerais d’uranium sur son site de l’île Saint-Denis. Cette activité a laissé une contamination, révélée en 1997-1998, lors de la destruction des bâtiments de l’établissement Charvet SA, dernier propriétaire du site. En 2009, l’IRSN a réalisé un diagnostic radiologique sur ce site afin d’évaluer l’étendue de la pollution. L’étude a montré que l’essentiel de la contamination est limitée à l’enceinte de l’entreprise et s’observe ponctuellement aux alentours. Bien que la pollution ne présente pas de risque sanitaire pour les populations, des travaux de dépollution ont débuté en 2010, sous l’égide de l’Andra, en vue de réhabiliter site. L’IRSN a préconisé le contrôle radiologique des matériaux issus de la déconstruction, une étude hydrogéologique et la mise en place d’un programme de surveillance à long terme.

 

Une information réactive sur la surveillance de la radioactivité de l’environnement

 

Depuis plusieurs années, l’IRSN poursuit une démarche visant à mieux faire connaître les conclusions de ses expertises sur la radioactivité de l’environnement et les résultats de la surveillance du territoire, notamment en mettant à disposition des informations variées sur son portail consacré à la radioactivité dans l’environnement.  En particulier, les principaux résultats de la surveillance sont diffusés quotidiennement. En cas de découverte de valeurs inhabituellement élevées, l’IRSN engage des investigations complémentaires visant à caractériser plus précisément la nature, l’importance et l’origine de cette situation et s’attache à informer les autorités, mais aussi  le public en mettant ses rapports d’expertise en ligne ou en émettant des notes d’information régulières sur l’évolution de la situation. Cette démarche de transparence est une réponse aux préoccupations grandissantes de la société vis-à-vis de son information sur l’état de l’environnement.

 

L’IRSN alimente également, en tant qu’acteur majeur de la surveillance radiologique, le site Internet du Réseau national de mesure de la radioactivité dans l’environnement (RNM), ouvert depuis le 1er janvier 2010. Ce site également géré par l’IRSN rassemble les résultats de mesures produits par l’IRSN et par tous les laboratoires agréés depuis janvier 2009. Il s’enrichit chaque mois d’environ 15 000 nouveaux résultats.

 

Télécharger le rapport Bilan de l'état radiologique de l'environnement français en 2009 : Synthèse des résultats des réseaux de surveillance de l'IRSN