Usine COMURHEX (AREVA NC) : l'IRSN évalue l'impact des rejets de l'usine

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15/06/2009

 

En juin 2007, la direction de l’usine COMURHEX de Malvési (Aude) a demandé à l’IRSN de réaliser une étude radioécologique autour de son site.

 

Afin de caractériser l’influence de ce site industriel sur l’environnement, cette étude a comporté deux campagnes de prélèvements, effectuées en 2007 puis en 2008, ponctuées chacune d’elles par un rapport intermédiaire. L’étude s’est achevée en avril 2009 avec la remise d’un rapport final à l’exploitant.

 

Ce rapport indique que les substances radioactives rejetées par l’usine induisent un marquage des sols et des végétaux prélevés à proximité du site sous les vents dominants, ainsi que des canaux et bassins situés en aval des points de rejets actuels et historiques.

 

L’activité de la société COMURHEX dans le cycle du combustible

 

La société COMURHEX, filiale d'AREVA NC et société du groupe AREVA, exerce des activités de chimie à l'amont du cycle du combustible nucléaire. Elle est le leader mondial de la conversion d'uranium naturel en hexafluorure d'uranium (UF6), produit intermédiaire dans la fabrication du combustible nucléaire.

 

L'usine COMURHEX de Malvési purifie, à un très haut degré, les concentrés de minerais d'uranium provenant des sites miniers, puis pratique sur ceux-ci la première étape de fluoration pour obtenir de l'UF4. La seconde étape de fluoration (transformation de l'UF4 en UF6), est réalisée dans l'usine COMURHEX de Pierrelatte. Cette conversion permet de donner à l’uranium une forme chimique adaptée à l'enrichissement, étape suivante du cycle de production du combustible nucléaire.

 

Généralités sur l’exploitation de l’usine de Malvési

 

Implantée depuis 1959 à 3 km au nord de Narbonne, l’usine COMHUREX de Malvési produit annuellement 14 000 tonnes de tétrafluorure d’uranium (UF4), soit un quart de la production mondiale, à partir de concentrés d’uranium (yellow cake). Le procédé industriel mis en œuvre entraîne des rejets d’uranium dans l’air par la cheminée du site, et dans les canaux environnants par les conduites de rejets liquides.

 

Entre 1960 et 1980, le site a également utilisé de l’uranium provenant du traitement de combustibles nucléaires irradiés effectué par l’usine de Marcoule (Gard). Des déchets produits à cette époque, contenant notamment du plutonium, de l’américium 241 et du technétium 99, ont été entreposés dans des bassins sur le site même de l’usine et sont toujours en place.

 

Enfin, depuis la création du site, des changements d’émissaires de rejet sont intervenus et différents événements se sont produits : débordements de bassins exutoires des rejets de l’usine et inondations dues aux intempéries.

 

L’environnement immédiat du site sous les vents dominants se compose de champs de blé, de vignes et d’une zone marécageuse. Dans cette plaine agricole, des habitations qui comportent des potagers sont dispersées.

 

Etude réalisée par l’IRSN

 

Pour établir ce bilan, l’IRSN a prélevé 150 échantillons et réalisé plus de 220 analyses. La plupart des échantillons ont été collectés dans les zones pouvant être soumises à l’influence de l’installation, mais quelques uns ont également été prélevés en dehors de toute influence, de manière à déterminer le « bruit de fond » de la radioactivité présente localement. En effet, certains radionucléides rejetés par l’usine sont venus s’ajouter à ceux d’origine naturelle (cas de l’uranium) et à ceux, persistant dans l’environnement, dus aux retombées anciennes des essais atmosphériques d’armes nucléaires (cas du plutonium et de l’américium).

 

Les prélèvements ont porté sur des sols, des sédiments, des denrées produites localement (blé, salades, tomates, prunes, raisin, figues et poissons), ainsi que sur des bioindicateurs sensibles aux radionucléides rejetés dans l’atmosphère ou dans les cours d’eau (feuilles de cyprès, mousses et plantes aquatiques).

 

Principaux résultats et conclusion

 

La présence de radionucléides dans l’environnement est principalement liée aux rejets actuels autorisés de l’installation et à l’existence de bassins d’entreposage de déchets liés à des activités industrielles passées.

 

L’influence des rejets de l’installation de Malvési sur son environnement apparait, aussi bien dans le milieu terrestre – jusqu’à 1 km à l’est du site sous les vents dominants - que dans le milieu aquatique dans les canaux du Tauran et de Cadariège et jusqu’à l’aval du canal de la Robine où l’on détecte de faibles activités.

 

Les activités de l’uranium et de ses descendants mesurées dans les végétaux diminuent très vite dès que l’on s’écarte de la direction des vents dominants ou que l’on s’éloigne de l’installation.

 

Les activités de l’uranium et du plutonium observées dans les sols exposés aux rejets de l’usine COMURHEX restent en tout état de cause dans la gamme des activités mesurées en France.

 

Les travaux de terrassement des bassins d’entreposage de déchets, effectués en 2007, ont aussi contribué à une contamination de l’environnement proche du site, par la remise en suspension dans l’air de particules provenant de ces bassins. Cette contamination observée dans des produits végétaux apparaît déjà fortement réduite en 2008 par rapport à 2007.

 

En raison de la très faible production de denrées en provenance de la zone influencée, il n’est pas raisonnable d’envisager une ration alimentaire bâtie sur des produits d’origine locale. Néanmoins, les doses résultant de l’ingestion d’un kilogramme de chaque type de denrées provenant de cette zone, cultivées ou naturelles (figues), ont été estimées. Ces doses sont presque exclusivement liées à la radioactivité naturelle (potassium 40 pour les légumes et plomb 210 pour le blé), et leurs fluctuations d’une année sur l’autre masquent la contribution des radionucléides ajoutés par les rejets de l’usine.

 

En tout état de cause, les doses reçues dans l’environnement de l’usine par ingestion de produits contaminés sont essentiellement dues aux radionucléides naturellement présents (potassium 40).

 

 

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