Anciennes mines d'uranium du Limousin : l'IRSN remet les résultats de la deuxième phase de son expertise du Bilan Décennal Environnemental d'AREVA NC

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05/02/2008

 

Après un premier rapport remis en janvier 2007, l’IRSN vient de transmettre à AREVA NC et au préfet de Haute-Vienne le résultat de la deuxième phase de son analyse critique du Bilan Décennal Environnemental des anciens sites miniers d’uranium de la Division minière de la Crouzille.

 

Alors que la première phase s’était focalisée sur le site de Bellezane et le bassin versant du Ritord, la deuxième a consisté d’une part à étendre l’examen à l’ensemble des sites des quatre bassins versants principaux concernés, d’autre part à apprécier la méthodologie de l’évaluation de l’impact sur l’homme et l’environnement mise en œuvre par AREVA NC et les applications associées. A l’instar du fonctionnement instauré à l’occasion de la première étape d’expertise, cette deuxième étape a été conduite en liaison étroite avec le groupe d’expertise pluraliste (GEP) mis en place en 2006 à la demande des ministres en charge de l’environnement, de la santé et de l’industrie.

 

Les résultats obtenus ont conduit à proposer des pistes d’améliorations du système de gestion et de maîtrise des impacts envisagé par AREVA NC dans le cadre de la surveillance à moyen terme de ses sites. Ces pistes ont été déclinées en actions de réduction des impacts à court terme, en actions de surveillance et en actions liées au besoin de connaissance. Parmi les actions de réduction des impacts, on peut citer la réduction des rejets non canalisés - et plus particulièrement ceux issus du lessivage des stériles miniers déposés en bordure de cours d’eau - ou encore la mise en œuvre de traitements pour réduire la teneur en uranium dans les rejets. Concernant la surveillance, des propositions ont été faites pour répondre à trois types d’objectifs : accroître la connaissance sur l’écoulement des eaux au sein des entités minières (galeries des travaux miniers souterrains, mines à ciel ouvert, ruissellement,…), suivre les rejets et les impacts associés en termes de marquages environnementaux et enfin acquérir des données nécessaires pour la réalisation des calculs d’impact. Les actions liées au besoin de connaissance se traduisent par une proposition de mise en œuvre d’études spécifiques dont les résultats permettront une prise de décision ultérieure sur des actions de réduction ou de maîtrise des impacts sur le long terme.

 

Dans son analyse critique, l’IRSN s’est également attaché à évaluer la méthodologie retenue par AREVA NC pour caractériser l’impact des anciens sites miniers du Limousin sur les populations. De ce point de vue, l’examen des hypothèses et données utilisées par AREVA NC conduisent à recommander tout d’abord un recentrage de l’effort de surveillance sur les données réellement pertinentes. Ainsi, la surveillance de la radioactivité des eaux potables distribuées dans les villages voisins des sites miniers, telle qu’envisagée par AREVA, n’apparaît pas toujours justifiée et les mesures correspondantes pourraient être abandonnées à condition de confirmer de façon indiscutable que les points de captage d’alimentation en eau potable se situent à l’abri de toute influence des sites miniers. A contrario, la surveillance effectuée sur les denrées alimentaires produites localement nécessite d’être renforcée. Une amélioration de la précision des mesures et une meilleure représentativité et reproductibilité des prélèvements s’avèrent pour cela indispensable. En complément, l’IRSN considère également nécessaire d’accompagner systématiquement les calculs de dose effectués par des analyses de sensibilité prenant notamment en compte les incertitudes associées aux mesures. Le recours à la modélisation pourrait par ailleurs être utile pour compléter la démarche.

 

Enfin, l’analyse du Bilan Décennal Environnemental par l’IRSN a montré que la caractérisation de l’impact environnemental pouvait être nettement améliorée en préférant la surveillance des écosystèmes aux contrôles de radioactivité dans les végétaux et par l’application de la méthodologie innovante d’évaluation du risque à l’environnement développée dans le cadre du programme de recherche européen ERICA, auquel a contribué l'IRSN en partenariat avec d'autres organismes de recherche étrangers.

 

L’ensemble des travaux précédents, s’inscrivent dans le cadre des différentes initiatives prises par les pouvoirs publics afin d’approfondir et d’améliorer le suivi et l’évaluation de l’impact environnemental des anciennes exploitations d’uranium du Limousin.

 

Plus particulièrement, le rapport qui vient d’être remis par l’IRSN résulte de la demande adressée à AREVA NC par le préfet de Haute-Vienne d’établir un bilan décennal environnemental de ses anciens sites miniers. Ce bilan a notamment pour objectif de rassembler et d’analyser l’ensemble des données de surveillance des sites et de leur environnement, acquises au cours des dix dernières années. Il doit permettre en particulier de démontrer ou d’améliorer l’efficacité des dispositifs de prévention et de limitation de l’impact des anciennes activités minières. A la demande du préfet, son analyse critique a été confiée à l’IRSN. Elle fait l’objet d’une forte interaction avec les travaux du GEP.

 

Après un 1er rapport d’étape remis début 2007, le GEP vient lui aussi de remettre un 2ème rapport qui marque un nouveau point d’avancement de ses travaux. Au cours de cette nouvelle étape, l’IRSN a poursuivi sa forte implication dans cette action d’expertise pluraliste en rapportant régulièrement le résultat de son analyse critique des documents AREVA NC aux différents groupes de travail dont il assure la co-animation mais également en intervenant directement en tant qu’expert, en particulier dans les travaux relatifs à l’évaluation de l’impact sur les écosystèmes pour le bassin versant du Ritord.