Les enjeux de la radioécologie

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21/06/2007

Titre du congrès :SFRP Ville du congrès :Reims Date du congrès :19/06/2007

Type de document > *Congrès/colloque
Mots clés publication scientifique > futur , radioécologie , recherche
Unité de recherche > IRSN/DEI/SECRE/LME
Auteurs > CALMON Philippe

  Les labos ferment, les crédits chutent ou diminuent progressivement. L’expertise est de plus en plus réclamée, mais la recherche de moins en moins financée. La gestion des déchets coûte de plus en plus cher, les normes de sécurité sont de plus en plus contraignantes. Bref, faut-il faire encore de la recherche en radioécologie ou connaît-on déjà à peu près tout dans ce domaine ?
L’expérience du projet EMRAS (Environmental Modelling for RAdiation Safety) de l’AIEA démontre que le chemin est encore long avant d’estimer avec une imprécision acceptable l’ensemble des données qui font défaut aujourd’hui. Le projet EMRAS réalise la compilation quasi exhaustive de l’ensemble des données existantes en radioécologie dans les domaines terrestres et aquatiques d’eau douce. C’est un travail qui est maintenant presqu’achevé et qui aura duré 4 ans jusque fin 2007. Des radioécologistes du monde entier se sont réunis bénévolement pour réaliser la mise à jour du « Handbook of Parameter values for the Prediction of Radionuclide Transfer in Temperate Environments », appelé aussi TRS-364. Force est de constater que le TRS-364, dont l’édition date de 1994, s’est attaché à fournir des valeurs par défaut pour la plupart des paramètres utilisés dans les modèles radioécologiques et pour le plus grand nombre de radionucléides. Cependant, il est parfois difficile de tracer l’origine de certaines valeurs et de connaître comment elles ont été produites. De plus, cet ouvrage ne fournissait aucune recommandation sur la manière d’utiliser ces valeurs et n’indiquait pas non plus les limites d’utilisation, ce qui était propice à une mauvaise utilisation. Deux options étaient alors offertes au groupe. La première, continuer la « radioécologie de la médiocrité », c’est-à-dire celle qui s’attache à fournir vaille que vaille une valeur à un paramètre de transfert pour un radionucléide exotique ou tout simplement jamais étudié expérimentalement ou ne serait-ce mesuré. Tout est alors possible, entre la moyenne géométrique des valeurs d’éléments dits proches simplement parce qu’ils se côtoient au sein de la classification de Mendeleïev jusqu’à l’attribution d’une valeur d’un autre élément par le biais de ce que l’on appelle l’analogie chimique. Or, dans le monde du vivant, il n’y a pas que les lois de la physique et de la chimie qui gouvernent les échanges, mais aussi les effets de la biologie qui parfois contredisent complètement les autres lois. On finit par constituer des listes impressionnantes de valeurs pour des éléments qui n’ont jamais été étudiés. Le temps permet ensuite à différents protagonistes de reprendre ces valeurs et de les publier à nouveau, plusieurs fois en ne faisant référence qu’à la publication précédente, si bien que l’impression générale qui se dégage est que l’élément inconnu a été maintes fois étudié. Le fait que la valeur soit toujours la même participe aussi à la fausse confiance que l’on peut donner à cette valeur.
La deuxième option, celle que nous avons suivie au sein du groupe pour la révision du TRS-364 est de réaliser un travail plus scientifique et de fournir exclusivement des valeurs qui ont fait l’objet soit d’une expérimentation, soit d’une mesure et de rejeter toutes les données issues de jugements d’expert ou dont l’origine n’est pas identifiable. Il est surprenant de constater qu’en utilisant cette méthode rigoureuse, de vastes trous de connaissances apparaissent pour de nombreux processus et éléments. Pour ne prendre l’exemple que du milieu terrestre, Les processus qui sont, à l’heure actuelle, très mal renseignés sont en premier lieu les transferts foliaires, puis les transferts aux produits animaux (autres que bovins) et plus particulièrement les périodes biologiques. Les transferts des éléments autres que le césium dans les écosystèmes forestiers ne sont absolument pas étudiés. Quant à une première sélection d’éléments, qui de manière générale, sont très mal connus, la liste est la suivante : Au, Br, Ca, Cl, In, Ir, Ni, Pa, Pd, Ra, Sm, Sn, Th, W.
Fin 2007, l’AIEA terminera la révision du TRS 364 et fournira l’état de l’art en matière de connaissances sur les transferts des radionucléides au sein des écosystèmes terrestres et aquatiques d’eau douce. Ce travail aura le mérite de fournir des valeurs fiables, plus précises avec des recommandations claires quant à leur domaine d’utilisation et de mettre en évidence les lacunes de connaissance. Il serait donc utile de réfléchir dès à présent à la définition d’un programme de recherche et de focaliser les efforts en premier sur les transferts foliaires, dont la connaissance est capitale en cas de rejet accidentel de radionucléides dans l’environnement.

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