PROJET CAROL (Camargue Rhône Languedoc) Rapport final

  • La recherche

  • Recherche

  • Environnement

19/10/2004

Rapport DEI/SESURE n°04-22

Type de document > *Rapport/contribution à GT (papier ou CD-Rom)
Mots clés publication scientifique > radioprotection , radioécologie continentale (terrestre et eau douce) , actinides , césium , Mercantour , Tchernobyl
Unité de recherche > IRSN/DEI/SESURE/LERCM
Auteurs > AGARANDE Michèle , ARNAUD Mireille , BARKER Evelyne , CHARMASSON Sabine , DUFFA Céline , EYROLLE Frédérique , GURRIARAN Rodolfo , METIVIER Jean-Michel , MORELLO Marcel , POURCELOT Laurent , RENAUD Philippe

Le projet CAROL (Camargue-Rhône-Languedoc) a été initié au Laboratoire d’Etudes Radioécologiques en milieux Continental et Marin (LERCM) en 1998. Il avait pour objectif d’étudier la répartition des radionucléides artificiels dans la basse vallée du Rhône, puis d’identifier et de quantifier les principaux flux ou transferts qui ont prévalus à cette répartition aujourd’hui observée.

Comme l’ensemble du territoire français métropolitain, la basse vallée du Rhône a reçu entre 1945 et 1980 les retombées des essais atmosphériques d’armes nucléaires et les retombées de l’accident de Tchernobyl en mai 1986. Par ailleurs, cette zone se situe à l’aval de toutes les installations nucléaires rhodaniennes : usines d’enrichissement de l’uranium, de fabrication et de retraitement du combustible, ainsi que cinq Centres Nucléaires de Production Electrique, dont certains sont implantés depuis trois voire quatre décennies. De part le nombre et la variété de ces installations, le Rhône constitue en outre la voie principale d’apport de radionucléides provenant de l’industrie nucléaire vers le Golfe du Lion. Cette région a donc été choisie pour son caractère exemplaire afin de mener une étude globale, à l’échelle d’un bassin versant, sur ce qu’il est advenu des radionucléides apportés à l’environnement de manière chronique ou ponctuelle, dans les trois milieux : terrestre, fluvial et marin.

Au terme des six années du projet (1998-2003), les origines des radionucléides mesurés dans chacun de ces milieux ont été identifiées et leurs contributions estimées. Les hétérogénéités dans leur répartition spatiale ont été identifiées et expliquées. Les principaux stocks et flux ont été quantifiés, notamment les flux d’interface entre les différents milieux. Il est ainsi possible de connaître la contribution de la rémanence des essais atmosphériques dans les activités apportées aux sols durant 40 ans d’irrigation ou lors d’inondations, en prenant en compte leur dépôt sur le bassin versant, le lessivage des sols, leur spéciation dans le fleuve, les conditions hydrauliques des crues ou les pratiques d’irrigation. Il en est de même de la  contribution des rejets des installations nucléaires dans les 13 TBq de 137Cs contenus en 2001 dans le delta immergé du Rhône.

18 publications et 23 présentations en congrès ont été produites dans le cadre du projet CAROL, ainsi que plusieurs rapports. Une thèse sur les actinides y a été entièrement consacrée, et deux thèses sur le milieu marin y ont contribué.
Bien que l’objectif initial du projet ait été globalement atteint, certaines études n’ont pu complètement aboutir. C’est le cas de l’évaluation des stocks de radionucléides présents dans les sédiments du Rhône et de leur devenir, dont l’étude se poursuit notamment dans le cadre d’une thèse. C’est également le cas de la quantification des flux lors des épisodes de crues dont l’étude se poursuit dans le cadre d’un nouveau projet dédié aux flux évènementiels. Enfin, c’est le cas du bilan complet des stocks de plutonium dans le delta immergé, en raison des contraintes liées à la métrologie des émetteurs alpha, et du devenir général des stocks prodeltaïques qui fera l’objet d’une thèse à partir de l’automne 2004.

Au-delà de cet objectif, les études de recherche appliquée effectuées dans le cadre du projet CAROL ont permis de répondre à de nombreuses questions exprimées au cours du développement du projet par les pouvoirs publics, des associations, et la société civile de manière générale.

Par exemple, l’étude de l’origine du 137Cs présent dans les sols de la vallée du Rhône a conduit à quantifier la relation entre les dépôts consécutifs à l’accident de Tchernobyl et les pluies de la première semaine de mai 1986 (période durant laquelle les masses d’air contaminées ont survolé la France). Cette étude a servi de base à l’élaboration d’une cartographie des dépôts de 137Cs, dans un premier temps dans l’est du pays, puis sur la France entière. C’est la superposition de cette carte avec celle des retombées des essais atmosphériques d’armes nucléaires qui nous permet aujourd’hui de répondre à la question très médiatisée des activités de 137Cs dans certaines régions de France. Une autre application de ces recherches a été la
réponse à une saisine de la préfecture de Corse concernant les retombées de l’accident de Tchernobyl sur l’île. Des campagnes d’échantillonnages et de mesures ont été effectuées par l’IPSN en 2001 avec comme objectif de vérifier les estimations de dépôts faites sur la base de la relation « pluie-dépôt » établie dans le Bas-Rhône, de reconstituer la contamination de la chaîne alimentaire en 1986 à partir des mesures faites à l’époque par l’OPRI et l’IPSN, et de connaître les niveaux actuels de contamination des aliments. Cette étude a fait l’objet de publications scientifiques et d’une présentation publique organisée par la préfecture à Ajaccio en janvier 2002. De plus, cette étude a été complétée par une estimation des conséquences dosimétriques des retombées de l’accident de Tchernobyl en Corse.

Ces travaux ont également permis de répondre aux préoccupations d’associations, de
catégories socioprofessionnelles ou d’élus interpellés par des déclarations ou publications d’associations écologistes. L’étude de l’influence des retombées de l’accident de Tchernobyl sur les vins des Côtes du Rhône illustre ce souci des collaborateurs du projet de répondre aux sollicitations extérieures, et de communiquer le résultat de leurs travaux à la fois dans le milieu scientifique et au public concerné. Il en est de même des études sur le plutonium au voisinage de Marcoule et dans les sols inondés de Camargue dont les résultats ont été présentés dans des réunions publiques, organisées notamment par la Commission Locale d’Information (CLI) du Gard.

Enfin il faut noter qu’en décembre 2003, dernier mois du projet CAROL, la CLI du Gard et l’Autorité de Sûreté Nucléaire ont saisi l’IRSN sur les conséquences radiologiques des inondations exceptionnelles en Camargue. C’est donc très opportunément que les compétences acquises dans le cadre du projet CAROL et les réflexions sur la continuité des travaux liés aux crues et autres évènements extrêmes, sont maintenant utilisées pour répondre à cette demande d’expertise.

Migration content title
Texte complet
Migration content title
Pour en savoir plus
Migration content text
les laboratoires qui ont coordonné (LERCM) et participé à ce travail (LRE, LME, LMRE)
Migration content title
Contact
Migration content text