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Les accidents de 1969 et 1980 à la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux

19/01/2017

Les deux accidents à la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) sont les événements nucléaires les plus importants jamais recensés en France. Ils se sont produits sur des réacteurs de la filière uranium naturel graphite gaz, une technologie maintenant obsolète et en cours de démantèlement.

 

Accident de 1969 sur le réacteur SLA1

 

Infographie: Bilan 2014 de l'exposition des travailleurs
Schéma d’un réacteur UNGG de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux
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Le 17 octobre 1969, l’appareil de chargement et de déchargement en marche des combustibles dans le réacteur, commandé par un système de déplacement programmable, introduit par erreur un organe de réglage de débit au-dessus d’éléments combustibles déjà chargés dans un canal du cœur du réacteur.

 

Cette erreur de chargement a pour conséquence de réduire fortement le refroidissement des éléments combustibles présents dans le canal, d’où une élévation de température des gaines en alliage de magnésium et de zirconium de cinq éléments combustibles et leur dégradation. Le réacteur a été arrêté automatiquement du fait de la montée de radioactivité dans le caisson du réacteur.

 

Les cinq éléments combustibles correspondaient à une cinquantaine de kilogrammes d’uranium. Cet uranium était très faiblement irradié, les éléments combustibles venant d’être chargés dans le réacteur, ce qui a limité les conséquences radiologiques. Selon les éléments d’archives en possession de l’IRSN, les mesures et prélèvements réalisés hors du site n’ont pas révélé d’anomalie dans les niveaux de radioactivité ambiante.

 

A l’issue des travaux de nettoyage, 47 kg d’uranium ont été récupérés, essentiellement à l’aide de moyens commandés à distance. Des interventions humaines complémentaires ont été nécessaires pour récupérer certains débris. Pour les travaux les plus délicats au-dessus de l’aire support, les temps d’intervention ont été limités à une dizaine de minutes par opérateur.

 

L’IRSN ne dispose pas d’élément sur la production d’effluents et les rejets radioactifs associés aux opérations de remise en état du réacteur. L’installation a redémarré le 16 octobre 1970.

 

Accident de1980 sur le réacteur SLA2

 

Le 13 mars 1980, une hausse brutale de la radioactivité dans le caisson du réacteur a conduit à l’arrêt automatique de ce réacteur. Le 14 mars  1980, EDF a conclu qu’une quantité significative d’uranium irradié avait fondu. Du 22 au 26 mars 1980, après vérification du bon fonctionnement des pièges à iodes, un dégonflage du caisson du réacteur vers l’atmosphère a été réalisé afin de revenir à la pression atmosphérique.

 

Les deux anciens réacteurs de la filière graphite-gaz de Saint-aurent-des-Eaux
Les deux anciens réacteurs de la filière graphite-gaz à Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher)

Les rejets atmosphériques ont été estimés par EDF à 29,6 TBq (térabecquerel) en gaz rares (rejets autorisés à l’époque 296 TBq/an) et 0,37 gigabecquerel  (GBq) en iodes et aérosols (rejets autorisés à l’époque 7,4 GBq/an d’iodes et aérosols, et un maximum de 0,55 GBq/semaine).

 

Les examens entrepris le 27 mars 1980 ont montré que l’accident avait eu pour origine un bouchage total ou partiel de six canaux par une tôle métallique détachée du dispositif de carénage des dispositifs de mesure de pression. Le décrochage de cette tôle était dû à la corrosion.

 

Deux éléments combustibles contenus dans un canal ont fondu (soit environ 20 kg d’uranium) et deux autres présentaient des traces de fusion importantes. Le combustible fondu s’est écoulé dans la « poubelle » située en bas du canal.

 

Cet accident a entraîné des dégâts importants dans le réacteur, induisant une indisponibilité de plus de trois ans et demi et des opérations de remise en état délicates. Le niveau initial de contamination dans le caisson était tel qu’une décontamination à l’aide de moyens télécommandés a été nécessaire avant de permettre l’intervention des travailleurs pour le nettoyage du canal et la récupération des débris.

 

Le nettoyage du canal à l’aide d’outils spéciaux a été achevé en novembre 1980. Quant à la récupération des poussières dans le caisson, à l’aide de dispositifs de filtration appropriés, les travaux ont duré jusqu’en 1982. L’IRSN ne dispose pas d’éléments détaillés sur la production d’effluents et les rejets radioactifs associés aux opérations de remise en état du réacteur. L’installation a redémarré en octobre 1983.

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