Savoir et comprendre

Les risques liés aux paratonnerres radioactifs

20/10/2014

​Pendant des années, des milliers de paratonnerres à tête radioactive ont été installés sur les toits des édifices jusqu’à leur interdiction en 1987. Le risque d’exposition externe ou de contamination est négligeable tant que le paratonnerre reste en place, hors de portée et en bon état.

 

Plus de 40 000 paratonnerres radioactifs sont  disséminés en France, selon l’association Inaparad (Inventaire national des paratonnerres radioactifs. « 13 modèles différents de paratonnerres radioactifs ont été fabriqués et installés entre 1932 et 1986 », explique Nicolas Brisson, expert du sujet à l’IRSN. « La présence d’éléments radioactifs – radium 226 ou américium 241 – était censée augmenter la conductivité électrique autour de la pointe du paratonnerre. »


L’efficacité réelle du système n’ayant jamais été démontrée, la fabrication, la commercialisation et l’installation de ces dispositifs ont été interdites en 1987. Restent tous ceux posés avant cette date sur toutes sortes d’édifices : clochers d’églises, campaniles de gares ou de mairies, hôpitaux, écoles, immeubles de bureaux ou d’habitation, pylônes et châteaux d’eau…

 

Un risque quand les paratonnerres se dégradent


Le risque d’exposition externe ou de contamination est négligeable tant que le paratonnerre reste en place, hors de portée et en bon état. Sauf, le cas échéant, pour les antennistes, couvreurs, charpentiers et autres professionnels qui travaillent sur les toits sans être toujours informés des précautions à prendre.


« Les paratonnerres exposés aux intempéries se dégradent au fil du temps », observe Nicolas Brisson. « La source peut alors perdre son intégrité. Des éléments radioactifs peuvent migrer sur le mât, voire se disperser aux alentours. On retrouve d’anciennes têtes démontées dans des déchetteries, des jardins, des lieux de travail, parfois même chez des particuliers qui en font des objets décoratifs ou les vendent sur Internet ! »

 

Deux incidents à Poitiers et en Corse

 

Les experts de l’IRSN apportent une assistance par téléphone ou sur le terrain aux autorités administratives, aux pompiers ou aux sociétés confrontées à un tel objet abandonné. Ils réalisent mesures et contrôles.

 

A Poitiers (Vienne), des salariés de la Banque de France ont travaillé pendant près de quatre ans à proximité d’une source de rayonnements ionisants. Un vieux paratonnerre, tombé lors de la tempête de décembre 2010, a été entreposé sans précaution dans différents locaux de l’établissement, dont des bureaux fréquentés par le personnel.

 

« L’appareil a été découvert de façon fortuite en décembre 2013 par des électriciens qui travaillaient sur place », raconte Olivier Barrieu, expert en radioprotection à l’IRSN. « La direction nous a appelés pour sécuriser l’appareil, préparer sa prise en charge par une société spécialisée et réaliser un contrôle radiologique. Aucune contamination n’a été décelée dans le bâtiment. Mais l’évaluation du risque d’exposition a montré que trois personnes ont reçu de faibles doses, supérieures à la limite réglementaire pour la population. »

 

En 2011, en Corse, l’IRSN est également intervenir pour mettre en sécurité un paratonnerre radioactif détecté à l’entrée d’un centre d’enfouissement des ordures ménagères.