Savoir et comprendre

Dossier ISOTOPCHIM à Ganagobie (Alpes-de-Haute-Provence)

01/02/2013

L’environnement proche de l’ancien laboratoire de la société Isotopchim, situé au lieu-dit « le Belvédère de Ganagobie », à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Forcalquier (04), est contaminé en carbone 14.

 

Cette contamination est la conséquence des rejets atmosphériques, de 1989 à 1997, de ce laboratoire, dédié notamment à la production de molécules marquées pour la chimie fine. La Direction générale de la prévention des risques (DGPR) et la Commission Nationale des Aides dans le domaine Radioactif (CNAR) de l’ANDRA ont demandé à l’IRSN d’examiner la question du devenir des arbres situés dans le « Parc », à proximité et sous les vents dominants de l’ancien local d’Isotopchim.

 

En 2001, l’activité spécifique du 14C d’échantillons de bois du Parc variait de 9 500 à 25 000 Bq/kg de carbone (Bq/kg C) et celle de la matière organique des sols de 6 000 à 66 000 Bq/kg C. Aujourd’hui, alors que les feuilles et les jeunes branches ont vu leur activité décroître très fortement, l’activité spécifique observée en 2001 perdure dans le bois formé durant la phase d’exploitation du laboratoire et diminue très lentement dans les sols. Le stock actuel de carbone 14 contenu dans le bois des arbres du Parc a été estimé à environ 400 MBq (260 à 600 MBq).

 

En 2009, l’IRSN a procédé à l’évaluation des conséquences radiologiques qui résulteraient des situations susceptibles de survenir selon les deux options de gestion envisagées :

  • le maintien du site en l’état, en particulier en laissant sur place les arbres et en continuant l’entretien du site qui est fait actuellement 
  • l’enlèvement total ou partiel de ces arbres

 

Différents scénarios susceptibles d’induire une exposition des individus ont été examinés en particulier :

  • un incendie des arbres (Figure VII.6) induisant d’une part une augmentation de l’activité en 14C de végétaux consommés localement et, d’autre part, l’exposition d’une personne qui respirerait l’air contaminé en 14C par le panache de l’incendie 
  • l’inhalation par une personne (Figure VII.7) d’un air contaminé par le brûlage en cheminée de bois des arbres 
  • l’inhalation d’air dont la teneur en 14C serait renforcée du fait soit de l’émanation à partir du sol (rémanence de matières organiques et racines ayant été contaminées durant la phase de rejets d’Isotopchim), soit de l’utilisation de compost issu de l’entretien des espaces verts du site 
  • l’ingestion par inadvertance de sol contaminé (dans le cas d’enfants jouant à cet endroit).

 

Les calculs d’impact ont été réalisés en adoptant des hypothèses volontairement pénalisantes. Les résultats montrent qu’aucune des conjectures examinées n’aboutit à un risque dosimétrique significatif, les doses variant du pico-sievert à quelques centaines de nano-sieverts, à comparer à la dose liée au 14C naturel, de l’ordre de 12 μSv/an. Ces très faibles valeurs font que les incertitudes inhérentes aux calculs et aux hypothèses prises en compte n’ont pas d’incidence sur le sens des conclusions. Les conséquences de l’une ou l’autre des options envisagées, maintien en l’état du site ou enlèvement des arbres, se traduisent par des niveaux de dose négligeables par rapport à la dose imputable au bruit de fond naturel. L’élimination des arbres n’apporterait qu’un « bénéfice » très relatif en termes de diminution de la contamination du site, étant donné que le sol et les systèmes racinaires en place resteraient contaminés.

 

Il ressort de cette étude qu’il n’y a pas de risque dosimétrique significatif lié au maintien des arbres contaminés en 14C sur le site et donc aucune justification technique à les supprimer.

 

Figure VII.6 Schéma résumant le scénario étudié et les conséquences dosimétriques (dose efficace à l’adulte) dans le cas d’un incendie. 
 

Schéma résumant le scénario étudié et les conséquences dosimétriques (dose efficace à l’adulte) dans le cas d’un incendie.

 

Figure VII.7 Schéma résumant le scénario étudié et les conséquences dosimétriques (dose efficace à l’adulte) dans le cas d’un chauffage au bois en cheminée.

 

Schéma résumant le scénario étudié et les conséquences dosimétriques.

 

Pour en savoir plus :

  • Lire le rapport DEI/SESURE 2009-40 « Évaluations dosimétriques relatives aux options de gestion de l’environnement contaminé en carbone 14 autour de l’ancien laboratoire de la société Isotopchim à Ganagobie »