Savoir et comprendre

La sensibilité radioécologique de la rade de Toulon passée au crible

13/12/2012

Quelles seraient les conséquences d’un accident radiologique dans la rade de Toulon ? C’est la question à laquelle les experts de l’IRSN ont répondu, fournissant ainsi aux autorités un support d’aide à la décision en cas d’accident.

 

Quelles seraient les conséquences d'un accident radiologique dans la rade de Toulon ? Quelles seraient les zones majeures de contamination et les niveaux relevés ? Quelles seraient les conséquences environnementales et socio-économiques pour ces zones ? Autant de questions auxquelles les experts de l'IRSN ont répondu, fournissant ainsi aux autorités un support d'aide à la décision en cas d'accident.

 

En pratique, pour parvenir à quantifier les choses et à dresser une carte des zones vulnérables de la rade de Toulon, les experts de l'IRSN ont croisé deux types de données : un modèle de simulation de la dispersion des radionucléides dans la rade et des données de sensibilité écologique et socio-économique de la zone.

 

Les zones les plus contaminées

Concernant la simulation de la dispersion des radionucléides, le code Mars 3D, outil de modélisation de courantologie côtière développé par l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer), a servi de base pour compléter un autre modèle de simulation de vagues côtières. Cette simulation a été affinée dans un second temps à partir d’observations in situ. Il en ressort que, dans la rade de Toulon, faute de marées fortes, les courants majeurs sont générés uniquement par le vent.

 

Par exemple, quand souffle le mistral, un vent d’ouest-nord-ouest, des courants de surface se forment rapidement, repoussant vers le sud l'eau de surface de la petite rade, ce qui crée un courant de fond en sens contraire (upwelling).

 

Les experts de l'IRSN étudient la dispersion des radionucléides dans la rade de Toulon © Michel Gouillou/Ifremer

 

Des conséquences environnementales et économiques 

 

L'évaluation de la sensibilité du milieu a commencé par un découpage de la rade en sept zones relativement homogènes. Pour chacune, un indice de sensibilité physique, écologique et socio-économique a été défini. On entend par sensibilité physique la capacité de la zone à piéger la pollution du fait de la configuration de la côte, de la nature du fond, ou encore du taux de renouvellement de l'eau dans la zone.

 

La sensibilité écologique reflète, pour sa part, le pourcentage de zones côtières remarquables (zones classées, parcs nationaux, zones Natura 2000) et la proportion de peuplements marins patrimoniaux comme les fonds d'herbier de Posidonie [1], plante endémique qui abrite une importante faune à laquelle elle fournit nourriture et protection.

 

Enfin, la sensibilité socio-économique quantifie les retombées en termes de tourisme, depêche, d'aquaculture, de plaisance, mais aussi d'activités non marchandes comme le fait d'aller à la plage ou la pêche récréative. L'établissement de ce sous-indice pour chacune des sept zones a supposé de chiffrer des éléments tels qu’une nuitée moyenne ou unejournée de pêche, données peu disponibles et rarement rassemblées.

 

Une carte de vulnérabilité

 

Au final, la moyenne des trois sous-indices de sensibilité physique, écologique et socio-économique a été évaluée pour les différentes zones. Les valeurs obtenues ont été ensuite croisées avec les données de dispersion de radionucléides dans la rade, simulées avec le modèle de dispersion.

 

Des cartes de vulnérabilité des zones marines vis-à-vis d’un rejet identifié ont ainsi pu être élaborées. Par exemple, il ressort que la petite baie, dont l'importance économique est forte (64 millions d'euros de bénéfices annuels), et la partie ouest de la grande baie, qui s'avère également la plus sensible écologiquement, seraient les plus touchées par une contamination. De fait, ces deux zones ont été classées comme les plus vulnérables en cas d'accident. 

 

Ces résultats précis proposent désormais aux autorités un support objectif pour toute décision qui serait à prendre en cas de contamination radiologique accidentelle dans la rade de Toulon.

Note :

[1] Les fonds d’herbiers de posidonies sont des paysages sous-marins spécifiques des côtes méditerranéennes, caractérisés par des plantes et de nombreuses espèces animales qui s'encroutent et forment ainsi un fond dur et riche, propice à la reproduction.