Savoir et comprendre

Les études radioécologiques de terrain

21/05/2012

Les études de terrain permettent de suivre les niveaux de radioactivité dans l’espace et dans le temps. Qu'elles concernent une centrale nucléaire, une usine de traitement des combustibles irradiés, une zone touchée par les dépôts de Tchernobyl..., les études se déroulent selon un scénario identique :
 

  • Délimiter un espace d’étude.
  • Définir l'écosystème local : topographie, hydrologie, démographie, nature des sols, culture et élevage, météorologie.
  • Définir des groupes de référence de la population.
  • Déterminer les milieux et les espèces à prélever dans l'écosystème.
  • Choisir les lieux et les fréquences des prélèvements.
  • Prélever les échantillons et les conserver.
  • Mesurer la radioactivité, enregistrer les résultats dans une base de données, les interpréter.
  • Publier les résultats. 
     

 

Prélèvement sur le terrain


Autour d'une centrale électronucléaire
 

Avant le démarrage d'une centrale électronucléaire, un relevé des niveaux de radioactivité des eaux, des sols, des végétaux et des produits alimentaires est effectué dans un cercle de l'ordre de 10 à 30 km autour du site : c'est le point zéro radioécologique, qui sert de référence.
 

Autour d'une centrale nucléaire


Ensuite, un suivi annuel et un bilan décennal permettent de mesurer avec précision l'impact radioécologique des rejets de la centrale et son évolution au cours du temps.

 

Le Groupe Radioécologie Nord-Cotentin
 

En 1997, les ministres chargés de l'environnement et de la santé ont décidé de mettre en place un Groupe Radioécologie Nord-Cotentin, avec mission de dresser un inventaire des rejets radioactifs effectués par les installations nucléaires du Nord-Cotentin (principalement l'usine de traitement des combustibles irradiés de La Hague) et de faire une estimation des doses reçues par les populations, ainsi que des risques associés de leucémie.
 

Plus de cinquante experts provenant d'horizons très divers ont participé aux travaux du groupe : organismes de recherche et d'expertise, organismes de contrôle, exploitants, commissions d'information, experts de mouvements associatifs et d'instituts étrangers.
 

Deux méthodes complémentaires ont été mises en oeuvre. L'une s'est appuyée sur la connaissance des rejets et sur les modèles de transfert de la radioactivité jusqu'à l'homme. L'autre a consisté à rassembler les résultats de plus de 500 000 mesures existantes de radioactivité dans les différents constituants de l'environnement afin de vérifier la représentativité de modèles pour la population. Les doses et les risques associés ont ainsi pu être estimés à partir de la connaissance de la contamination de l'environnement et des habitudes de vie des populations concernées. 

 

La zone atelier Mercantour
 

Dans les jours qui ont suivi l'accident de Tchernobyl, le passage des masses d'air contaminées sur le massif alpin français pendant de fortes précipitations a donné lieu à des dépôts de neige contaminée en altitude. Une étude a été entreprise dans le massif du Mercantour (Alpes-Maritimes) pour réaliser une carte de la radioactivité des sols.
 

Une zone atelier de 1,35 km² a d'abord été sélectionnée entre la station Isola 2000 et le col de la Lombarde. Les mesures du césium 137 ont mis en évidence de fortes différences d'activité surfacique en fonction du type de sol. Alors que la moyenne est d'environ 10 000 Bq/m², des points de re-concentration à plus de 100 000 Bq/m² ont été repérés dans les cuvettes de prairies et aux pieds des mélèzes, là où subsistent les névés de printemps. 
 

Les observations faites sur cette zone ont permis de retracer la migration du césium 137 déposé en mai 1986 et de créer un modèle cartographique qui associe les activités surfaciques à la nature des sols (éboulis, forêt, prairie) et à la topographie (pente, cuvette).
 

Ce modèle permet de passer, par «extrapolation», à l'étude de vastes zones de montagne et d'identifier les «points chauds» où le césium 137, issu de l'accident de Tchernobyl, s'est concentré.