Savoir et comprendre

La sûreté des laboratoires et usines nucléaires

21/05/2012

Les laboratoires et usines nucléaires constituent un ensemble d’installations très diverses, avec notamment :

  • les usines du cycle du combustible des réacteurs nucléaires : conversion de l'uranium en hexafluorure d'uranium, enrichissement de l'uranium en isotope 235, fabrication de combustibles à base d'uranium ;
  • traitement de combustibles usés, en incluant le recyclage du plutonium dans les combustibles ;
  • des laboratoires de recherche ou d’expertise mettant en oeuvre des matières radioactives et des accélérateurs de particules utilisés à des fins de recherche ;
  • des unités industrielles de production de radioéléments à usage médical et d’ionisation à des fins de stérilisation de produits alimentaires ou médicaux ;
  • des usines d’entretien de matériels contaminés et des installations de traitement de déchets ou d’effluents radioactifs, etc. 

 

 

Les laboratoires et usines nucléaires

 

  Vue générale de l'usine d’EURODIF Production d’enrichissement de l’uranium en isotope 235  
     
  Usine COMURHEX de conversion de l'uranium naturelen UF4  

Ces installations présentent des risques très variés, fonction des types de radioéléments et des procédés et produits chimiques utilisés. A titre d’illustration, les usines mettant en oeuvre de l'uranium sous forme d'hexafluorure induisent principalement, hormis des risques de criticité lorsque l'uranium est enrichi à plus de un pour cent d'isotope 235, des risques liés à la toxicité chimique des réactifs employés, de l'uranium et de l’acide fluorhydrique résultant de la décomposition de l’hexafluorure d’uranium en cas de fuite. 

Celles mettant en œuvre du plutonium et des combustibles usés présentent l'ensemble des risques liés à l'utilisation de matières irradiantes de forte radiotoxicité (dissémination de matières radioactives et exposition aux rayonnements ionisants, criticité, explosion liée aux gaz de radiolyse émis et dégradations d’équipements ou de matériaux induites par le dégagement de chaleur des matières radioactives). Les laboratoires, quant à eux, présentent un ensemble de risques à la fois variés et d’importances diverses.

Dans tous les cas, les risques industriels classiques (incendie et explosion notamment), les risques liés aux facteurs humains et organisationnels et ceux liés aux agressions externes (séisme, inondation, environnement industriel, etc.) constituent des initiateurs possibles d'incident et d'accident.

 

L'expertise de sûreté 

 

  Usine Melox de fabrication des combustibles MOX  
     
  Concentré d'uranium, Yellow cake  

La sûreté de ces installations doit être adaptée à cette diversité des risques et de leurs origines ainsi qu’à l’importance des conséquences qui peuvent en résulter. Les dispositions de sûreté et de radioprotection afférentes sont ainsi définies au cas par cas, dans le cadre d’une démarche essentiellement déterministe, s’appuyant tout particulièrement sur la déclinaison du principe de défense en profondeur, avec notamment l’interposition de plusieurs lignes de défense visant à prévenir l’occurrence et à maîtriser les événements redoutés, ainsi que sur l’utilisation de la démarche ALARA (ALARA : As Low As Reasonably Achievable) en matière de radioprotection.

Au sein de l’IRSN, l’expertise de sûreté des laboratoires et des usines nucléaires est menée par des équipes pluridisciplinaires, dans le cadre de la mission générale d’appui technique des autorités de sûreté. Elle consiste à vérifier l’adéquation des dispositions de sûreté et de radioprotection mises en oeuvre par l’exploitant face aux risques d’origine nucléaire ainsi qu’aux autres risques lorsqu’ils peuvent avoir des conséquences sur les risques d’origine nucléaire. Cette expertise se base sur les documents de sûreté fournis par l’exploitant et les compléments qu’il transmet dans le cadre de l’instruction technique.

La démarche d’examen est modulée selon le type d’installations car la nature et les quantités de produits radioactifs mis en oeuvre et les risques associés varient fortement d'une installation à l’autre. Pour chaque risque, l’expertise évalue particulièrement la démarche de défense en profondeur mise en place par l’exploitant (lignes de défense successives au regard de la prévention, de la détection et de la limitation des conséquences des événements redoutés).

La pertinence de ces dispositions est, in fine, vérifiée globalement par l’étude de l’acceptabilité des conséquences des accidents majeurs susceptibles d’affecter l’installation.

L’expertise s’appuie notamment sur les règles fondamentales de sûreté qui constituent un ensemble de recommandations issues du retour d’expérience de la conception et de l’exploitation d’installations nucléaires ainsi que sur les études et recherches réalisées par l’IRSN. Ce travail d’expertise nécessite un dialogue permanent et contradictoire avec l’exploitant et nécessite de la part des chargés d’affaires de l’IRSN une bonne connaissance des installations et de leur retour d’expérience.

L’IRSN capitalise la connaissance issue de ce suivi d’installations : tenue de bases de données (incidents par exemple), établissement de documents techniques de doctrine (permettant notamment la préparation de règles fondamentales de sûreté) et définition de programmes d’études et de recherche pour renforcer la pertinence de l’expertise de sûreté (avec notamment l’anticipation par l’exploration de domaines nouveaux.