Savoir et comprendre

Délimiter une zone lors de tirs de gammagraphie industrielle

24/03/2015

​Un tir de gammagraphie est une technique de contrôle non destructif réalisée à l’aide d’une source radioactive émettrice de rayonnements gamma. Utilisée dans la chaudronnerie industrielle, la pétrochimie, l’industrie nucléaire ou encore les ouvrages arts, la gammagraphie sert à contrôler la qualité des soudures ou mettre en évidence des faiblesses sur des pièces métalliques.

Cette opération délicate, réglementée, requiert le respect d’une succession d’étapes. Ainsi, l’utilisation d’un gammagraphe en milieu industriel nécessite de baliser une zone autour de l’appareil, laquelle est interdite aux personnes non habilitées. Et pour cause : une personne placée par incident à un mètre de certaines sources utilisées  en gammagraphie, comme l’iridium 192, pourrait subir une exposition de 20 mSv en deux minutes, soit la limite réglementaire autorisée sur douze mois consécutifs pour les travailleurs.

Pour ces raisons, un arrêté de décembre 2007, oblige toute personne manipulant un des appareils de radiologie industrielle, à être titulaire du Certificat d’aptitude à manipuler les appareils de radiologie industrielle (Camari).

 

La complexité du balisage

« Le balisage est un élément essentiel de radioprotection en gammagraphie industrielle », explique Jean-François Mosnier, responsable opérationnel de l’activité de contrôle non destructif pour l’Institut de soudure industrie à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône). « Il permet de matérialiser, de manière visible et continue, l’interdiction d’accès à la zone d’opération où l’exposition aux rayonnements ionisants est jugée dangereuse. »

Un tir de gammagraphie peut, de prime abord, sembler simple : ne suffit-il pas de poser de la rubalise [ruban textile ou plastique servant à délimiter une zone, ndlr], des panneaux trisecteurs et un signal lumineux à une certaine distance autour de la source, afin de ne pas dépasser le seuil réglementaire de 2,5 µSv/h en limite de zone ? « C’est parfois le cas, notamment quand il s’agit de vérifier des soudures de canalisation en zone inhabitée. Mais ce n’est plus vrai quand les tirs doivent être effectués au sein d’un complexe industriel », explique Jean-François Mosnier.

« Nous privilégions le travail de nuit, ou en soirée, pour déjà limiter les risques liés à la co-activité. Mais quand bien même : selon la configuration de l’espace à confiner, le balisage peut se révéler complexe. Il faut être sûr d’avoir identifié toutes les zones d’accès possibles (portes, escaliers…). »

Et Jean-François Mosnier ajoute : « On doit aussi prendre en compte le rayonnement dans ses trois dimensions, et pas seulement sur le plan horizontal. » Cela peut amener à baliser aussi l’étage supérieur ou inférieur. « Il faut également savoir s’il y aura ou non d’autres travailleurs en activité à proximité ; anticiper toutes les contraintes potentielles, par exemple un éclairage spécifique parce que l’équipe intervient de nuit… »

« La solution pour mener à bien le balisage ? Y réfléchir en amont,  en travaillant d’abord sur plan, puis en validant le zonage retenu par une visite in situ. Ce travail doit être effectué conjointement par les différentes parties prenantes. Il s’agit des donneurs d’ordre, de l’entreprise de maintenance industrielle et de la personne compétente en radioprotection (PCR) de l’entreprise de radiographie industrielle. »

 

Des précautions à chaque étape

En amont des tirs de gammagraphie sur chantier et le jour J, une zone d’opération doit être balisée. C’est le fruit d’un important travail de mise en place et de vérification. Feuille de route pour prévenir les risques et répondre aux règles de radioprotection.

 
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La vigilance, premier gage de sécurité

« Ne pas laisser la routine  s’installer, mais faire en sorte que la réflexion prenne toujours le pas sur les habitudes. » Expert en radioprotection à l’IRSN, Jean-Pierre Vidal insiste sur ce message auprès des radiologues industriels.

Les radiologues industriels sont formés à la radioprotection, leur compétence étant attestée par le Camari. Parmi les nombreux points abordés pour assurer la radioprotection des travailleurs, le zonage en gammagraphie industrielle est un élément clé.

Selon Jean-Pierre Vidal, la baisse de vigilance peut-être à l’origine d’incidents. C’est particulièrement vrai quand ils sont programmés de nuit, alors que la fatigue guette. « Et le balisage est un travail redondant, sensible aux erreurs d’inattention », reconnaît le spécialiste. La formation au Camari est donc importante. Des chartes de bonnes pratiques existent également, élaborées en région (Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rhône-Alpes, Nord, Pays de la Loire…)  par les acteurs de la prévention des risques.

 

Réglementation

L’arrêté du 15 mai 2006, relatif aux conditions de délimitation et de signalisation des zones surveillées et contrôlées et  des zones spécialement réglementées ou interdites compte tenu de l’exposition  aux rayonnements ionisants, fixe les règles :

  • Dans le cas de chantiers extérieurs, avec utilisation d’un gammagraphe mobile,  le responsable de l’appareil doit délimiter une zone d’opération. À la périphérie  de celle-ci, le débit d’équivalent de dose moyen, évalué sur la durée de l’opération, doit rester inférieur à 2,5 µSv/h.
  • Lorsque le gammagraphe est mis en œuvre à l’intérieur d’une zone surveillée ou contrôlée, la délimitation de la zone d’opération prend en compte les débits de dose inhérents à l’appareil ainsi que ceux déjà existants dans ces zones. La délimitation de la zone d’opération est alors établie suivant les valeurs d’exposition aux rayonnements ionisants fixées par les articles 5 et 7 de l’arrêté du 15 mai 2006 pour définir les zones contrôlées et surveillées.
  • La délimitation de cette zone prend en compte, notamment, les caractéristiques de l’appareil émetteur de rayonnements ionisants, les conditions de sa mise en œuvre, l’environnement dans lequel il doit être utilisé et, le cas échéant, les dispositifs visant à réduire l’émission de rayonnements ionisants.