Les résultats de l'étude du Groupe Radioécologie Nord-Cotentin

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30/09/2002

 

Le 26 septembre 2002 à Cherbourg,  Annie Sugier en tant que Présidente du Groupe Radioécologie Nord-Cotentin (GRNC) et Directrice à la Protection de l’IRSN a présenté les conclusions du rapport de la seconde mission confiée [1] au GRNC par la Ministre de l’Ecologie et du Développement Durable et le Ministre de la Santé. Cette présentation a été effectuée devant la Commission Spéciale et Permanente d’Information près de l’établissement Cogema de La Hague (CSPI).

 

Il faut rappeler que la mise en place du GRNC avait été décidée en août 1997 dans le contexte de la polémique suscitée par la publication de l’étude épidémiologique de J-F. Viel suggérant un lien entre les rejets des installations nucléaires du Nord-Cotentin et l’incidence élevée de leucémies observée chez les jeunes du canton de Beaumont-Hague.


Les objectifs poursuivis lors de la seconde mission du GRNC étaient de compléter par une analyse d’incertitudes, l’étude du risque de leucémie associé aux rejets radioactifs des installations nucléaires du Nord-Cotentin réalisée dans le cadre de la première mission du GRNC et d’évaluer l’impact des rejets chimiques de ces mêmes installations. Elle avait également pour objet de comparer l’approche du GRNC avec celle de ses homologues britanniques confrontés au même type de demande de la part des pouvoirs publics.


Ce sont au total plus de 50 experts d’origines diverses qui ont été mobilisés sur une période de 5 ans pour mener à bien les deux missions successives dont a été chargé le GRNC (IRSN, INERIS [2], laboratoires universitaires, experts associatifs, industriels et experts étrangers). Les règles de fonctionnement du groupe n’impliquent pas d’aboutir nécessairement à un consensus mais d’expliciter les appréciations ou réserves éventuelles des experts.


Les principales réponses apportées par le GRNC sont les suivantes :


Sur la question du risque de leucémie associé aux rejets radioactifs des installations nucléaires du Nord-Cotentin, les résultats obtenus permettent de conclure qu’il est peu probable que ces rejets soient à l’origine de l’incidence élevée de leucémies observée dans le canton de Beaumont-Hague. En effet, la plage d’incertitude associée au risque attribuable aux rejets radioactifs apparaît relativement étroite et ne modifie pas l’ordre de grandeur du résultat obtenu lors de la première mission du GRNC.


Sur la question de l’impact sanitaire et environnemental des rejets chimiques des installations du Nord-Cotentin, les niveaux de risque calculés apparaissent en général faibles et non préoccupants pour la santé et les écosystèmes, en l’état de nos connaissances scientifiques. Cependant, pour les dioxines issues de l’incinérateur de COGEMA, mis en service en 1994, le risque sanitaire calculé en 2030 sur la base d’un rejet constant pendant 30 ans peut être considéré comme significatif. Ce résultat doit cependant faire l’objet d’une réévaluation compte tenu de la décision récente annoncée par COGEMA (juillet 2002) d’arrêter cet incinérateur à la fin de l’année. En ce qui concerne l’impact sur les écosystèmes, un certain nombre de points doivent être approfondis (risques pour l’environnement liés à l’hydrazine et aux nitrites en milieu marin ; risques associés aux dépôts dans les sédiments ; risques liés aux métaux dans le ruisseau de la Sainte-Hélène).


Quant à l’analyse du risque leucémogène des substances chimiques approvisionnées ou utilisées dans les installations concernées, elle n’a pas permis de mettre en évidence de substances pour lesquelles un tel risque est reconnu. Pour certaines substances, des suspicions d’effets leucémogènes ont été rapportées, mais ces effets ne reposent généralement que sur des observations ponctuelles, et ne permettant pas d’établir l’existence d’une relation causale.


Sur la question de la comparaison de l’approche des Britanniques et des Français, il apparaît que les méthodes sont semblables, les résultats obtenus et les conclusions tirées sont cohérents bien que  les caractéristiques des instances mises en place par les autorités pour étudier ces questions soient très différentes. Ainsi, la participation des intervenants concernés a été préférée dans le cas du GRNC à la mobilisation d’experts universitaires indépendants, telle qu’elle a été retenue dans le cas britannique.


La principale recommandation du GRNC est de demander que soit réalisé un programme de mesures dans l’environnement afin de valider les modèles utilisés dans le calcul de l’impact des rejets chimiques. Le GRNC souligne également le besoin d’acquisition de connaissances concernant les propriétés toxicologiques et écotoxicologiques des substances chimiques.

 

Notes :

  1. Objectif et résultats de la première mission du GRNC(1997-1999) Elle consistait à estimer les expositions radiologiques de la population à partir de la connaissance des sources de rejets radioactifs et à en déduire les effets attendus sur la santé. Les travaux ont permis de conclure que les risques de leucémies radioinduites attribuables aux installations nucléaires sont faibles (0,002 cas environ pour la période 1978-1996 et la population considérée) et qu’il est peu probable que les rejets de ces installations puissent expliquer l’incidence élevée de leucémie observée (4 cas observés contre 2 cas attendus). En parallèle des travaux du GRNC, une étude sur l’épidémiologie et la surveillance des effets des rayonnements ionisants était confiée au professeur Spira.
  2. INERIS = Institut National de l’Environnement industriel et des Risques.