L’IRSN publie le constat radiologique environnemental du quart Nord-Est de la France

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29/07/2020

 

Le constat radiologique du Nord-Est de la France vient actualiser et enrichir les connaissances relatives aux marquages radiologiques environnementaux de cette région.

 

Les niveaux de radioactivité naturelle et artificielle de la région Nord-Est s’inscrivent, pour la majorité d’entre-eux, dans les gammes de valeurs régulièrement mesurées dans d’autres régions. Quelques zones, géographiquement limitées, témoignent de l’activité industrielle des quatre principales installations nucléaires de cette région ainsi que de l’activité de radiodiagnostic/radiothérapie pratiquée dans les grandes agglomérations. D’autres portions de ce territoire restent marquées par les activités anciennes de l’industrie horlogère ainsi que par les retombées des essais nucléaires atmosphériques et celles de l’accident de Tchernobyl.

 

Télécharger le rapport Constat radiologique Nord-Est (PDF, 8,3 Mo)

 

Ce constat a pour objectif :

  • de caractériser le bruit de fond radiologique de la région Nord-Est, en dressant un bilan des connaissances acquises et en les complétant, notamment dans des zones et sur des matrices environnementales ne faisant pas l’objet d’une surveillance radiologique environnementale régulière, comme par exemple des denrées alimentaires spécifiques de la région ;
  • de préciser le marquage radiologique environnemental résiduel lié aux retombées anciennes des essais nucléaires atmosphériques menés de 1945 à 1980 et de l’accident de Tchernobyl survenu le 26 d’avril 1986, mais également celui imputable aux rejets actuels ou historiques des quatre principales installations nucléaires de cette région ;
  • d’obtenir une image des marquages environnementaux résultant des rejets des principaux centres hospitaliers pratiquant le radiodiagnostic et la radiothérapie ;
  • de préciser l’impact de l’industrie horlogère implantée principalement sur le bassin versant du Doubs, notamment l’origine des niveaux élevés de tritium régulièrement mesurés en milieu aquatique en aval de ces industries ;
  • de disposer d’un état radiologique environnemental régional de référence permettant d’établir des comparaisons en cas d’incident ou d’accident nucléaire susceptible d’affecter la région Nord-Est.

 

Le constat Nord-Est s’étend sur treize départements, comptant près de 7700 communes : les Ardennes (08), la Côte-d’Or (21), le Doubs (25), le Jura (39), la Haute-Marne (52), la Meurthe-et-Moselle (54), la Meuse (55), la Moselle (57), le Bas-Rhin (67), le Haut-Rhin (68), la Haute-Saône (70), les Vosges (88) et le Territoire-de-Belfort (90).

 

Ces études viennent en complément de la surveillance régulière de la radioactivité dans l’environnement français, assurée à proximité des installations nucléaires par l’IRSN et dont les résultats sont centralisés sur le site internet du Réseau national de mesures de la radioactivité de l’environnement. Cette surveillance régulière de l’IRSN concerne des matrices environnementales représentatives des milieux et relativement invariantes dans le temps, dans le but de détecter d’éventuelles évolutions ou écarts par rapport aux niveaux de référence. Elle représente annuellement environ 5 000 échantillons prélevés et traités et plus de 7 000 résultats de mesures.

 

Les points à retenir du constat radiologique Nord-Est

 

Dans les zones de la région Nord-Est, définies comme n’étant pas sous l’influence potentielle des rejets radioactifs des quatre principales installations nucléaires de cette région, à savoir les trois centres nucléaires de production d’électricité (CNPE) d’EDF de Chooz, Fessenheim et Cattenom et le site du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Valduc, les niveaux de radioactivité relevés, qu’ils soient d’origine naturelle ou artificielle, s’inscrivent dans les gammes de valeurs régulièrement mesurées dans d’autres régions de France métropolitaine.

 

La radioactivité artificielle de ces zones résulte des retombées des essais nucléaires atmosphériques et de l’accident de Tchernobyl, les traces spécifiques de l’accident de Fukushima n’étant plus décelables aujourd’hui.

 

Cette radioactivité artificielle est répartie géographiquement de manière hétérogène. Les plus fortes activités sont celles en 137Cs mesurées dans les sols non remaniés et les champignons des Vosges et du Jura, zones les plus touchées par les retombées anciennes.

 

Les rejets d’effluents liquides et gazeux des CNPE implantés dans le Nord-Est induisent un marquage ténu et localisé dans une zone ne s’étendant pas au-delà de quelques kilomètres autour des trois sites. En milieu terrestre et à proximité des CNPE, seuls le tritium et le carbone 14 sont parfois mesurés à des niveaux légèrement supérieurs à ceux observés à distance des CNPE. En milieu aquatique, ces deux radionucléides marquent de manière un peu plus nette les matrices biologiques et minérales. Certains produits d’activation (54Mn, 58Co, 60Co) ou de fission (123mTe, 137Cs) présents dans les rejets liquides des CNPE, sont détectés de temps à autres en aval de ces centrales, à l’état de traces. L’influence spécifique de la centrale de Fessenheim sur le Rhin est, selon certaines circonstances, difficile à établir, les rejets des centrales suisses induisant un marquage amont du fleuve.

 

Les activités du centre CEA de Valduc sont à l’origine d’un marquage par le tritium, sous forme libre ou associé à la matière organique, de l’environnement terrestre sur quelques dizaines de kilomètres autour du site et du milieu aquatique sur un périmètre plus restreint. En milieu terrestre, les activités du tritium libre mesurées dans les feuilles d’arbres sont très nettement supérieures au bruit de fond tout comme les activités en tritium lié à la matière organique mesurées dans les feuilles d’arbres et dans un sol. Ces dernières valeurs témoignent d’une forme de rémanence du tritium organiquement lié dans les matrices ligneuses et dans le sol forestier échantillonné. En milieu aquatique, le marquage est également net tant pour le tritium libre que pour le tritium organiquement lié. Par ailleurs, un marquage en uranium-236 a été détecté ponctuellement en milieu aquatique. À l’exception de ces marquages, les niveaux de radioactivité artificielle (137Cs, 131I, 90Sr, 239+240Pu, 241Am) détectés dans l’environnement du site dans le cadre de ce constat sont proches de ceux généralement observés à distance d’installations nucléaires.

 

La présente étude confirme par ailleurs que :

  • les centres hospitaliers présents dans les villes de la région qui pratiquent le radiodiagnostic et la radiothérapie, conduisent au marquage de l’environnement par l’iode 131, en raison de sa demi-vie de 8 jours (relativement longue). Ce radionucléide est détecté en aval des stations de traitement et d’épuration des eaux, réceptacles des rejets liquides de ces centres. Les activités les plus élevées sont en général mesurées lorsque les eaux assainies des stations de traitements sont rejetées dans les petits cours d’eau où la dilution est moins importante que dans les grands fleuves. C’est ce qui est observé à l’aval des agglomérations de Dijon, Nancy et Épinal ;
  • les ateliers d’horlogerie française et suisse, implantés plus particulièrement sur le bassin versant du Doubs, au sein majoritairement de trois agglomérations : Besançon et Morteau en France ainsi que La Chaux-de-Fond en Suisse, marquent l’environnement par le tritium. Il reste détectable de façon très nette dans le milieu aquatique et ce jusqu’à l’aval du Rhône, bien que ce radionucléide ne soit plus utilisé par l’industrie horlogère depuis le début des années 2000.​

 

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