Identification des failles actives et rupture de surface : Enseignements du séisme du Teil pour l’évaluation de l’aléa sismique

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12/11/2020

Le 11 novembre 2019, un séisme s’est produit dans la région de Montélimar et a causé des dommages importants dans la commune ardéchoise du Teil et ses voisines. Dans les jours qui ont suivis, les experts de l’IRSN se sont mobilisés aux côtés de chercheurs du CNRS, de l’IRD, et d’équipes universitaires pour recueillir l’ensemble des données nécessaires à l’analyse de ce séisme. Pour la première fois en France, ces données recouvraient des observations sismologiques (issues des enregistrements obtenus par différents réseaux d’instruments), des observations géologiques de terrain et des données satellitaires (interférométrie radar).

 

L’analyse croisée de ces données (voir la note IRSN du 14 novembre 2019 pour plus de détails) a permis de déterminer les principales caractéristiques de ce séisme. Celui-ci s’est produit sur la faille de la Rouvière qui appartient au faisceau de failles des Cévennes (Figure 1) dont plusieurs segments sont reconnus comme potentiellement actifs [1], ce qui n’était pas le cas de la faille de la Rouvière. La magnitude de moment du séisme a été évaluée à 4,9 et l’analyse des données sismologiques a permis de montrer que la rupture s’est initiée à une profondeur d’environ 1 km. Cette faible profondeur de foyer est rarement observée pour un séisme de cette magnitude, la rupture s’initiant généralement au-delà de 5 km. Il faut souligner que cette région a connu historiquement des séismes de magnitude moindre mais très superficiels (essaim de Tricastin, voir figure 1). Enfin, la rupture, qui s’est produite sur une longueur de 5 km, est arrivée jusqu’à la surface et a conduit à un décalage du sol de l’ordre de 10 cm entre les deux compartiments de la faille. Il est là-aussi très rare d’observer une rupture de surface pour un séisme de cette gamme de magnitude, les ruptures de surface apparaissant en général pour des magnitudes dépassant 6. Ces caractéristiques peu communes ont fait l’objet de plusieurs études. Celle à laquelle l’IRSN a contribué [2] illustre, comme l’Institut en avait déjà fait l’observation [3] il y a quelques années, la nécessité d’élargir le champ des investigations nécessaires à l’évaluation de l’aléa sismique dans un pays à sismicité modérée comme la France métropolitaine.

 

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Figure 1 : Carte montrant la localisation de la rupture apparue en surface lors du séisme de 2019 (trait rouge, triangles côté : compartiment soulevé) entre deux segments connus du système de failles des Cévennes. Les points rouges sont les épicentres des séismes historiques (catalogue Manchuel et al., 2017).

 

Un an après le séisme du Teil, l'IRSN publie une note d'information présentant, sur la base des principaux enseignements de cette étude, les actions que mène l’IRSN pour améliorer la prise en compte de l’aléa sismique pour les installations nucléaires.

 

Télécharger la note d'information de l'IRSN du 11 novembre 2020 "Identification des failles actives et rupture de surface : Enseignements du séisme du Teil pour l’éval​uation de l’aléa sismique" (pdf, 1,05 Mo)

 

Notes :

  1. Une faille est potentiellement active lorsqu’elle présente une activité géologique récente (moins de 5 Ma). On estime alors qu’elle peut générer des séismes significatifs dans un avenir proche.
  2. Ritz et al., 2020. Surface rupture and shallow faut reactivation during the 2019 Mw 4.9 Le Teil earthquake, France. Nature, Communications Earth & Environment, https://doi.org/10.1038/s43247-020-0012-z
  3. En 2014, l’IRSN, dans un avis rendu dans le cadre de la troisième visite décennale des réacteurs de 1300 MWe, indiquait, dans le cadre d’observations, que l’exploitant devrait « étudier les failles potentiellement actives dans un rayon d’au moins 25 km autour des sites, afin de déterminer leur potentiel sismogénique et leur capacité à rompre la surface ».