Questions posées par les feux de forêts en Russie

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12/08/2010

 

Quelles sont les zones sensibles qui pourraient être affectées par les feux en Russie ?

 

Les territoires contaminés par les retombées de l’accident de Tchernobyl : ils sont situés au sud-ouest de la Russie, à environ 200 km de Bryansk, la capitale de cette région administrative située à 380 km de Moscou.

 

Les installations nucléaires situées à l’est de Moscou : il s’agit de centres de recherches militaires (Sarov à 500 km de Moscou, Sneijinsk à 1500 km de Moscou), et d’un centre de retraitement et de stockage de déchets nucléaires (Mayak, situé à 40 km de Sneijinsk).

 

Incendie en Russie : carte de situation

Feux de forêts en Russie : carte de situation de zones sensibles. En turquoise, les territoires contaminés par les retombées de l'accident de Tchernobyl en 1986. © Google Earth.

 

Quels sont les risques pour les populations vivant dans les zones brûlées ?

 

Si la zone des territoires contaminés par les retombées de Tchernobyl était touchée par les incendies de  forêts, l’air serait contaminé par des particules radioactives (comme le Césium 137 et le Strontium 90) générés par la combustion du bois. Dans cette situation, ces particules radioactives pourraient être inhalées par les personnes vivant dans ces territoires. Cependant, compte-tenu du fait que le transfert de radioactivité des sols vers le bois est très faible, il est anticipé que la radioactivité ne serait pas du tout comparable au niveau rejeté par l’accident du réacteur de Tchernobyl en 1986. La radioactivité qui serait mesurée dans les territoires contaminés est estimée au même niveau que la radioactivité naturelle due à la présence de gaz radon dans l’air. En conséquence, aucun impact pour la santé des populations n’est à craindre.

 

Concernant les installations nucléaires, il est important de préciser qu’elles sont à priori concues pour être protégées contre les risques dus aux agressions externes (risques naturels, risques industriels chutes d’avions, etc.). Les mesures prises pour protéger les installations contre ces risques sont définies dans le but de prévenir et limiter leurs conséquences afin d’assurer la sûreté, de maintenir l’installation dans un état sûr et de limiter la détérioration des matériels. Le risque associé aux feux de forêts est principalement le rayonnement thermique, car la chaleur peut entraîner l’incendie des bâtiments, particulièrement ceux contenant des matières inflammables, ou peut dégrader des équipements. Les autres risques concernent la toxicité des fumées produites par l’incendie et les risques liés au dépôt de cendres qui peuvent affecter les filtres d’aération des installations, ou se déposer sur les échangeurs de chaleur ou les isolateurs électriques. Cependant, à ce jour, aucune installation nucléaire n’est directement concernée par les feux de forets en Russie.

 

Quels sont les risques pour les populations des pays d’Europe de l’ouest ?

 

Si les vents sont favorables, une augmentation de la radioactivité ambiante, en particulier du Césium 137, pourrait être attendue. Cependant, le niveau de radioactivité serait extrêmement faible, un million de fois moindre que l’activité correspondant à la concentration de radioactivité naturelle présente dans l’air, particulièrement due à la présence permanente de radon. Dans tous les cas, aucune conséquence sanitaire pour les populations européennes n’est attendue.

 

Il est important  de rappeler que des événements similaires ont eu lieu de mai à octobre 2002. A cette période, d’importants feux ont touché durant plusieurs mois les territoires contaminés de Russie, Biélorussie et Ukraine. La radioactivité maximum mesurée en France était alors trois fois supérieure au bruit de fond du césium 137. Toutefois, ce niveau de radioactivité était trop faible pour être mesurée en temps réel par les réseaux de surveillance (systèmes d’alerte). Ces faibles niveaux d’activité furent mesurés sur les particules collectées dans l’air par les stations de prélèvements d’aérosols du réseau de surveillance. Les résultats de ce type de mesures ne furent connus qu’après plusieurs semaines. L’activité était un million de fois plus faible que le niveau de radioactivité naturelle due à la présence permanente de radon dans l’air.

 

Conclusion

 

Même si les territoires contaminés étaient touchés par les feux en Russie, la situation n’entrainerait pas de risques sanitaires pour la population, localement et dans les autres pays européens. Une légère augmentation de la radioactivité due au césium 137 pourrait être mesurée dans l’environnement mais elle serait beaucoup plus faible que la radioactivité naturelle. Il est à noter que les résultats de telles mesures ne seraient pas disponibles avant plusieurs semaines après les événements.

 

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