Événement radioactif détecté par le réseau Téléray : Élévation anormale de radioactivité observée pendant quelques heures à Cayenne (Guyane) entre le 11 et le 12 avril 2011

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15/04/2011

 

L’IRSN a observé, sur quelques heures entre le 11 et le 12 avril 2011, une élévation anormale du débit de dose ambiant enregistré par la balise Téléray implantée à Cayenne en Guyane. Les caractéristiques de cette élévation laissent supposer une origine locale, sans relation avec la dispersion des rejets radioactifs de la centrale de Fukushima. Une investigation est actuellement en cours pour en déterminer l’origine.


 

1. EVENEMENT CONSTATE

 

La balise Téléray de l’IRSN installée à la gendarmerie de Cayenne (Guyane) a détecté une élévation anormale du débit de dose ambiant, qui a débuté dans la journée du 11 avril 2011 vers 9h00 (heure locale) pour atteindre un maximum  de 2500 nSv/h le 11 avril 2011 à 15h20 heure locale (18h20 en heure TU). Le débit de dose mesuré a ensuite décru en quelques heures pour revenir à son niveau habituel (environ 70 nSv/h) le 12 avril à 6h50.

 

Relevé sonde Téléray installée à Cayenne - Guyane

 

Le pic principal de radioactivité s’est produit entre 11h50 et 17h30 (heure locale). Il été précédé d’élévations fluctuantes d’amplitudes plus faibles (une première fois le 10 avril entre 12h00 et 17h30 heure locale, une seconde fois le 11 avril de 1h00 à 8h00). Après une diminution rapide du débit de dose ambiant, il est constaté une décroissance plus lente et régulière sur quelques heures avant un retour à la normale.

 

NB : cette balise Téléray a été installée récemment sur le toit de la gendarmerie de Cayenne, dans le cadre de dispositif de surveillance renforcée de la radioactivité ambiante mis en place par l’IRSN après l’accident nucléaire de Fukushima. Les résultats de mesure de cette balise sont enregistrés et consultables en permanence à distance par l’IRSN. Cette balise n’est pas encore raccordée au superviseur d’alerte Téléray de l’IRSN.

 

2. ORIGINES POSSIBLES DE L’ANOMALIE

 

En étroite coopération avec la préfecture de Guyane, l’IRSN a engagé des investigations pour rechercher l’origine de cette élévation anormale du débit de dose ambiant mesuré par cette balise. Les éléments recueillis à ce jour sont les suivants :

  • cette élévation, de durée limitée, ne peut pas avoir pour origine les rejets radioactifs de l’accident nucléaire de Fukushima survenu le 12 mars. En effet, il faudrait une concentration d’iode 131 de plusieurs milliers de becquerels par mètre cube d’air pour atteindre un débit de dose de 2500 nSv/h, ce qui ne correspond pas aux valeurs mesurées depuis plusieurs jour en Amérique. De plus, les balises Téléray de Martinique et de Guadeloupe n’ont décelé aucune élévation anormale du rayonnement ambiant ;
  • les conditions météorologiques (temps sec et ensoleillé) excluent la possibilité d’une origine naturelle pour une telle élévation du débit de dose ambiant ;
  • des travaux effectués dans la gendarmerie (rénovation de locaux) ne sont pas de nature à expliquer cette élévation du rayonnement ambiant. De même, des travaux en cours dans l’hôpital situé à 100 m de la gendarmerie ne semblent pas pouvoir être à l’origine du phénomène ; en particulier, aucune activité de gammagraphie n’y a été effectuée ; bien que l’élévation soit très rapide, elle pourrait avoir pour cause la dispersion atmosphérique de radionucléides à partir d’une source d’émission locale non identifiée à ce jour. Il pourrait par exemple s’agir d’une incinération accidentelle de source radioactive, mais cette hypothèse n’est pas démontrée. Dans ce cas, les radionucléides n’auraient pas entraîné de dépôt persistant (retour à la normale du débit de dose ambiant) et seraient donc de période radioactive très courte, inférieure à quelques heures. Des échantillons prélevés à Cayenne devraient être effectués pour analyse dans les laboratoires de l’IRSN afin de vérifier l’absence de dépôt radioactif persistant et tenter d’identifier l’origine du phénomène.
  • un dysfonctionnement de la sonde de mesure n’est pas à exclure. Une enquête est en cours auprès du fournisseur de l’équipement pour évaluer cette possibilité.

 

L’IRSN rendra publics les résultats de ses investigations.