Fukushima 10 ans après: bilan de la surveillance sanitaire et des études épidémiologiques

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05/03/2021

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​10 ans après l’accident de la centrale de Fukushima Daiichi : Bilan de la surveillance sanitaire et des études épidémiologiques conduites chez les habitants de la préfecture de Fukushima - Point de la situation en mars 2021

 

1. PRINCIPE DES ETUDES MISES EN PLACE

 

Dès la fin du mois de juin 2011, les autorités sanitaires japonaises ont conçu et mis en place un programme d’études épidémiologiques et de suivi sanitaire afin d’évaluer l’état de santé des personnes qui ont été exposées aux rejets radioactifs de l’accident et de suivre son évolution au cours du temps. Ces études sont basées sur un questionnaire complété, dans certains cas, par la réalisation d’examens médicaux. Les résultats de ces études épidémiologiques permettront de disposer d’informations sur l’incidence de certaines pathologies au sein de la population japonaise (cancers solides, leucémies, troubles psychologiques, thyroïdiens, hépatiques, rénaux, diabète, etc.) et d’évaluer, en fonction de leur évolution dans le temps, les éventuelles conséquences sanitaires de l’accident. Le pilotage de ces études prévues pour de nombreuses années a été confié à l’Université de Médecine de Fukushima, en collaboration avec d’autres centres médicaux japonais.

 

Ces études (Figure 1) consistent en la réalisation :

  • ​d’une enquête de base à destination de tous les habitants de la préfecture de Fukushima : cette enquête a pour objectif de recueillir des informations quant au comportement des personnes (où se trouvaient-elles, à quel moment, pendant combien de temps, etc.) afin d’estimer la dose externe qu’elles ont reçue et d’identifier celles pour lesquelles un suivi médical renforcé s’avère nécessaire ; cette enquête concerne environ 2 050 000 personnes.
     
  • ​d’un bilan thyroïdien réalisé pour tous les enfants âgés de 18 ans ou moins qui résidaient dans la préfecture de Fukushima pendant la phase des rejets de l’accident : cette étude a pour objectif principal d’évaluer une potentielle augmentation des cancers de la thyroïde au cours des années et décennies à venir, telle qu’elle a été observée chez les enfants exposés aux retombées radioactives de l’accident de Tchernobyl ; elle concerne environ 360 000 enfants nés avant le 1er avril 2011.
     
  • ​de bilans médicaux spécifiques chez les personnes qui ont été évacuées des zones les plus exposées aux retombées radioactives : cette étude concerne environ 210 000 personnes et permet de recueillir des informations relatives à leur style de vie (telles que tabagisme ou alcoolisme par exemple) et à leur état psychologique sur la base d’un questionnaire. L’incidence de base de pathologies telles que les cancers solides, les leucémies, le diabète et les troubles hépatiques et rénaux est également évaluée sur la base d’examens cliniques et biologiques.
     
  • ​​d’un suivi des femmes ayant déclaré une grossesse entre le 1er août 2010 et le 31 juillet 2011 et résidant dans la préfecture du Fukushima, ou ayant accouché dans la préfecture de Fukushima le 11 mars 2011 ou plus tard, et d’un suivi des éventuelles anomalies génétiques et congénitales diagnostiquées chez les enfants nés de ces femmes : cette étude concerne environ 16 000 femmes.

 

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Figure 1 : Programme de suivi sanitaire mis en place par l’Université de Médecine de Fukushima après l’accident nucléaire.

 

2. ÉTAT D’AVANCEMENT DES ETUDES EN COURS

 

2.1. ENQUETE DE BASE (“BASIC SURVEY”)

 

Les informations ci-dessous sont basées sur les bilans réalisés au 31 mars 2018 et 2019 par l’Université de Médecine de Fukushima.

 

Données générales

Selon le bilan réalisé au 31 mars 2018, 567 810 personnes parmi les 2 055 266 habitants de la préfecture de Fukushima avaient répondu au questionnaire depuis que celui-ci a commencé à être distribué, soit un taux de réponse de 27,6 %. Parmi les questionnaires renseignés, 13 % étaient des questionnaires simplifiés (utilisés à partir de 2014).

 

Doses de radiation estimées

Parmi les questionnaires renseignés, les doses externes reçues au cours des 4 premiers mois qui ont suivi l’accident ont pu être estimées pour environ 568 000 personnes à l’aide d’un logiciel spécialement développé par le QST (National Institutes for Quantum and Radiological Science and Technology).

Le rapport présente des estimations de doses pour 475 190 personnes ayant séjourné dans la préfecture de Fukushima pendant au moins les 4 premiers mois ayant suivi l’accident, dont environ 9 000 travailleurs de la centrale résidant dans la préfecture de Fukushima et ayant répondu au questionnaire.

Parmi les 475 190 résidents de la préfecture de Fukushima pour lesquels une dose externe a été estimée, 295 667 personnes (soit 62,2 % des résidents évalués) auraient reçu au cours des 4 premiers mois après l’accident des doses externes inférieures à 1 mSv et seules 315 personnes auraient reçu des doses supérieures à 15 mSv (Figure 2). La dose externe maximale est estimée à 25 mSv, la dose moyenne à 0,8 mSv et la dose médiane à 0,6 mSv.

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Figure 2 : Répartition des doses externes reçues au cours des 4 premiers mois après l’accident par la population résidant dans la préfecture de Fukushima (à l’exclusion des travailleurs et des visiteurs non-résidents) selon les résultats de l’enquête réalisée par l’Université de Médecine de Fukushima (bilan au 31 mars 2019).

 

Les estimations de dose externe reçue par les habitants de la préfecture de Fukushima montrent des valeurs inférieures à 2 mSv pour 87 % de la population de la région de Kempoku (qui comprend notamment les villes de Fukushima, Date et Kawamata) et pour 92 % de la région de Kenchu (qui inclut la ville de Koriyama), ainsi que des valeurs inférieures à 1 mSv pour 88 % des habitants de la région de Kennan et pour plus de 99 % des régions de Aizu, Minami-aizu et Iwaki. S’agissant de la région de Soso (qui comprend notamment les localités de Namie, Iitate et Minami-soma), la dose externe estimée est inférieure à 1 mSv pour 77 % des habitants (Figure 3).

 

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Figure 3 : Répartition des doses externes moyennes et maximales reçues au cours des 4 premiers mois après l’accident par la population résidant dans la préfecture de Fukushima (à l’exclusion des travailleurs et des visiteurs non-résidents) selon les résultats de l’enquête réalisée par l’Université de Médecine de Fukushima (bilan au 31 mars 2018, le nombre de personnes indique celles pour lesquelles une évaluation a été réalisée).

 

Discussion

L’Université de Médecine de Fukushima a mis en place un système d’estimation des doses d’exposition externe avec le soutien technique du QST, en se basant sur l’expérience de l’étude des survivants des bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki. Bien que coûteuse et laborieuse (taux de réponse au questionnaire relativement faible), l’estimation de la dose de radiation individuelle est essentielle pour l’évaluation des risques sanitaires.

Les données collectées par l’Université de Médecine de Fukushima et par d’autres sources, telles que le registre japonais des cancers ou le registre des causes de décès, permettront de caractériser la fréquence des pathologies au fur et à mesure du temps au sein de la population de la préfecture de Fukushima.

Les doses estimées permettront de mettre en relation exposition aux rayonnements ionisants et survenue des maladies dans la population de la préfecture de Fukushima. In fine, ces données pourront permettre de quantifier le risque et de modéliser la relation exposition-risque.

 

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