Baromètre IRSN 2020 sur la perception des risques et de la sécurité

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23/06/2020

 

L’enquête terrain du Baromètre 2020 s’est déroulée du 18 novembre au 3 décembre 2019, avant le début de la pandémie du covid-19. Les résultats présentés ici sont par conséquent le reflet des opinions des Français avant cette crise.

 

C’est sur la base d’une nouvelle enquête en novembre prochain que le Baromètre 2021 permettra d’en identifier et d’en analyser en profondeur les effets sur la perception des risques par les Français par comparaison aux tendances de long terme fournies par le Baromètre.

 

Toutefois, l’IRSN a décidé d’insérer quelques questions du Baromètre dans un sondage « omnibus » réalisé les 18 et 19 mai 2020 sur internet auprès d’un échantillon représentatif de 1000 personnes. Les résultats obtenus seront confrontés à ceux d’autres enquêtes et aux résultats de novembre 2020.

 

Ils indiquent que l’opinion que les Français ont des experts reste bonne (44 % de « bonne opinion ») mais subit une dégradation par rapport aux tendances historiques (moyenne de 55 % de « bonne opinion »). Ces résultats indiquent également une hausse importante du « potentiel catastrophique » attribué aux laboratoires de recherche sur les virus, qui totalisent 13 % des réponses alors qu’ils oscillaient entre 5 et 7 % depuis l’épidémie d’Ebola de 2014. Ils se positionnent derrière les centrales nucléaires, les stockages de déchets radioactifs et les installations chimiques.

 

Télécharge​r l'analyse du Baromètre 2020 (PDF, 5,41 Mo)

 

Télécharge​r les graphiques du Baromètre 2020 (PDF, 8,3 Mo)

 

Voir le site internet du Baromètre IRSN

 

Depuis 1990, le Baromètre IRSN sur la perception des risques et de la sécurité par les Français enregistre chaque année les mouvements de l’opinion sur les préoccupations sociales, économiques et environnementales, l’expertise scientifique et technique, et les situations à risque, dont celles résultant de l’usage civil du nucléaire.

Le Baromètre permet à l’Institut de disposer d’un suivi permanent de la perception et du niveau de confiance des Français dans l’industrie et le contrôle du nucléaire et offre une mise en perspective qui contribue à l’orientation des actions menées par l’Institut au bénéfice de la gestion des risques.

 

Plusieurs éléments sont à souligner parmi les résultats de l’édition 2020

Le premier grand enseignement est la première place prise à l’insécurité (cinquième place en 2020) par « la grande pauvreté et l’exclusion » qui se retrouve en tête (20%, +4 pts, niveau le plus haut depuis 2010) dans les préoccupations principales des Français. « Le dérèglement climatique », en hausse depuis ces dix dernières années occupe la deuxième place dans ce classement (17%) et témoigne de la forte et croissante préoccupation des Français à ce sujet. A noter également une préoccupation proposée depuis deux ans, citée trois fois plus cette année : « l’instabilité géopolitique mondiale ».

 

Parmi les sujets environnementaux, « le dérèglement climatique » reste nettement en tête, rassemblant environ un tiers des réponses (- 4 points par rapport à 2018 mais + 18 points depuis 2013). « La disparition d’espèces animales » (15 %) conserve la deuxième position. La troisième est désormais occupée par « les dommages dus aux catastrophes naturelles », davantage cités cette année (13 %, + 5 points), dans le contexte des inondations ou glissements de terrain qui ont eu lieu dans le Sud-Est de la France au moment de l’enquête.

 

Concernant la question sur le potentiel catastrophique des installations industrielles, le Baromètre n’enregistre pas « l’effet Lubrizol », qui aurait pu être attendu à la suite de l’incendie de l’usine chimique rouennaise du 26 septembre 2019. Les installations chimiques restent stables (18 %) et prennent la troisième place derrière les centrales nucléaires (33 %) et les stockages de déchets radioactifs (20 %).

 

La confiance des Français dans la science et l’expertise se situe cette année encore à un niveau élevé. En réponse à une nouvelle question du Baromètre, plus de 70 % des Français déclarent faire confiance aux institutions scientifiques. Ils sont 65 % à avoir une bonne ou très bonne opinion des experts scientifiques (+ 7 points) et seulement 5 % à en avoir une mauvaise ou très mauvaise opinion. La qualité la plus attendue d’un expert reste « la compétence » (91 %), devant « l’honnêteté dans sa démarche scientifique » (87 %). Enfin, les Français souhaitent à une large majorité (76 %) un recours plus important des décideurs politiques aux experts.

 

L’accès large à une information transparente et de qualité est à nouveau plébiscité en 2019 : les Français sont 78 % à juger prioritaire que les organismes d’expertise rendent leurs rapports publics et 74 % à estimer que les mêmes organismes doivent s’engager à répondre à toutes les questions des citoyens.

 

Parmi les situations à risque suivies par le Baromètre, celles dont le niveau de risque est perçu comme le plus élevé restent le terrorisme (65 % de risque « élevé »), le cancer (64 %) et les pesticides (55 %). Les inondations et la canicule remontent fortement dans le classement, probablement en lien avec les événements climatiques survenus dans les mois précédant l’enquête. Les centrales nucléaires (44 %) et les déchets radioactifs (44 %) restent positionnés en milieu de tableau. Les radiographies médicales (18 %), le radon (21 %) et les accidents de radiothérapie (22 %) sont, comme les années antérieures, les risques perçus comme les moins élevés.

 

La confiance des Français dans les autorités pour les protéger des situations à risque augmente en 2019. Le risque pour la gestion duquel les Français ont le plus confiance en 2019 est celui des incendies de forêts (61 %). À l’inverse, le plus faible niveau de confiance est recueilli par les pesticides (32 %). Concernant les centrales nucléaires, la confiance dans les autorités (réponses « oui ») dépasse, pour la première fois depuis 13 ans, le niveau de la défiance (réponses « non ») avec 45 % contre 31 %. Quant aux déchets radioactifs, leur positionnement reste stable, le taux de défiance est à son niveau le plus bas depuis le début de l’étude, en 1997, et est au même niveau que le score de confiance (36 %).

 

En 2019, le Baromètre s’est penché de plus près sur la connaissance que les Français ont des risques liés au radon. Le croisement des réponses données aux questions sur le type de risque dont il s’agit et sur les moyens de prévention indique que seuls deux Français sur dix ont une connaissance complète de ce risque. Cela peut s’expliquer par le fait que l’ensemble du territoire national n’y est pas exposé et que les campagnes d’information ciblent surtout les zones concernées.

 

Parmi les différentes sources d’énergies, le solaire et l’éolien sont celles qui bénéficient de l’image la plus positive. Le nucléaire a une bonne image auprès d’un tiers des Français, dépassant le pétrole d’une courte tête. Pour la première fois cette année, le Baromètre a posé aux Français une question ouverte. Les personnes interrogées ont chacune livré aux enquêteurs les trois premiers mots que le terme « nucléaire » leur évoquait. L’objectif était de déterminer quel type de concepts les Français associent au nucléaire. Les résultats, présentés sous forme de nuages de mots en page 45 du Baromètre seront exploités en collaboration avec des chercheurs en psychologie sociale. Leur première analyse montre que les Français associent en priorité le mot « nucléaire » à la fonction de source d’énergie avec les termes « centrale », « énergie » et « électricité ». Dans un deuxième temps, des termes plus anxiogènes sont cités, avec les mots « danger », « explosion » et « risque ».

 

Une majorité de Français (54 %) juge possible qu’un accident de la même ampleur que celui de Fukushima se produise en France. Ils continuent d’ailleurs à être très marqués par les accidents nucléaires de Tchernobyl et de Fukushima, qui sont les deux évènements catastrophiques déclarés comme les plus marquants (à égalité avec 23 %). L’exigence d’un haut niveau de sûreté nucléaire est confirmée par 86 % des Français qui déclarent que « les exploitants des sites nucléaires doivent protéger leurs installations de tous les risques, même ceux jugés très improbables » et 82 % qui jugent prioritaire de « renforcer les inspections des autorités compétentes dans les installations ».

 

Enfin, concernant la compétence et la crédibilité des acteurs du nucléaire, le Baromètre témoigne d’une perception plus positive des acteurs dans leur ensemble. Pour la première fois cette année, l’ASN, le CNRS et l’IRSN sont à la fois perçus comme les plus compétents et les plus crédibles dans le domaine. Les organismes scientifiques, les experts et les exploitants sont perçus comme compétents et crédibles, de même, dans une moindre mesure, que les associations écologistes et de consommateurs.