Publication du rapport final du projet Carol, un bilan radioécologique réalisé par l'IRSN

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21/07/2005


L'IRSN publie le rapport final du projet CAROL (Camargue-Rhône-Languedoc), projet d'observation et d'étude de la radioactivité dans l'environnement. Les travaux correspondants, commencés en 1998, ont été menés sur l'ensemble des milieux : atmosphérique, aquatique, continental et marin.

 

Le projet CAROL s'est intéressé en particulier :

  • aux dépôts consécutifs à l'accident de Tchernobyl et à leur influence sur la radioactivité de certaines productions agricoles (la zone d'étude sur ce sujet a été élargie à la Corse) ; une étude spécifique a porté sur les « taches » de contamination des sols de montagne et à leurs conséquences sur la chaîne alimentaire locale ;
  • à '’inventaire de la radioactivité autour des sites nucléaires rhodaniens et dans les zones de Camargue soumises aux inondations de 1993, 1994 et 2003 ;
  • à l'évolution et aux origines de la radioactivité du Rhône au cours des 40 dernières années ainsi que des stocks sédimentaires qui se sont constitués dans le delta immergé du fleuve. 

La basse vallée du Rhône est à l’aval de toutes les installations nucléaires rhodaniennes : usines d’enrichissement de l’uranium, usines de fabrication et de retraitement de combustibles, centrales nucléaires. De plus, comme l’ensemble du territoire français métropolitain, la basse vallée du Rhône a reçu les retombées des essais atmosphériques d’armes nucléaires effectués dans le monde et celles de l’accident de Tchernobyl survenu en mai 1986. C’est pourquoi, cette région a été retenue par l’IRSN pour mener, à l’échelle globale d’un bassin versant, une étude du devenir des radionucléides apportés à l’environnement de manière chronique ou ponctuelle.

 

Au terme de 6 années d’étude, 18 publications et 23 présentations dans des congrès ont été réalisées ; ces documents sont disponibles en téléchargement sur le site de l’institut. La répartition spatiale des radionucléides est aujourd’hui mieux connue et l’hétérogénéité de cette répartition expliquée grâce à l’étude des transferts de radionucléides d’un milieu à l’autre. Par ailleurs, il est désormais possible de déterminer les contributions respectives des essais atmosphériques d’armes nucléaires, de l’accident de Tchernobyl et des rejets des installations nucléaires rhodaniennes, dans la radioactivité artificielle mesurée.

 

Les nouvelles connaissances en radioécologie acquises grâce au projet CAROL sont d’ores et déjà utilisées pour répondre à des interrogations liées à la présence constatée de radionucléides artificiels dans l’environnement. C’est notamment à partir des observations faites dans le cadre du projet CAROL qu’a pu être élaborée la carte des retombées de l’accident de Tchernobyl publiée par l’IRSN en 2003, qui tient compte des conséquences des précipitations pluvieuses de la première semaine de mai 1986. Ces travaux ont également permis de répondre à des préoccupations d’associations écologistes, d’organisations professionnelles et d’élus. A titre d’exemple, une étude sur la teneur en césium 137 des vins des Côtes du Rhône a été menée à la demande des viticulteurs. De même, le marquage du voisinage de Marcoule par le plutonium et les conséquences radiologiques des inondations exceptionnelles de décembre 2003 en Camargue ont été étudiés.

 

Même si cela n’était pas le but du projet CAROL, les données recueillies dans le cadre de ce projet permettent une évaluation des doses pour la population associées aux radionucléides artificiels dans la basse vallée du Rhône. Ainsi, comme l’indique un communiqué de presse de l’IPSN en date du 22 février 2001, les doses calculées associées au marquage de l’environnement de Marcoule par le plutonium sont inférieures à 1 micro Sievert par an. Il en était de même pour les doses calculées associées à la présence de césium 137 dans les vins dès 1986. De manière générale, la dose efficace moyenne en France due au césium 137 est aujourd’hui de l’ordre de 10 micro Sievert ; elle est due principalement à l’exposition externe au césium présent dans les sols, l’ingestion de denrées contaminées représentant moins de 20% de la dose. Sur les zones les plus touchées par les retombées de l’accident de Tchernobyl et pour des personnes consommant beaucoup de produits naturels (champignons et gibier), la dose due au césium pourrait être aujourd’hui de quelques centaines de micro Sievert, un peu plus faible que celle estimée en 1997 (cf. le rapport IPSN 97-03).

 

Parmi les enseignements du projet CAROL figure l’importance des évènements naturels de grande ampleur comme les crues, les tempêtes et autres phénomènes météorologiques paroxystiques, dans les flux de radionucléides. En effet, compte tenu de la diminution des rejets des installations nucléaires, ces phénomènes sont devenus prépondérants pour la répartition des radionucléides dans l’environnement. Ce sujet fait l’objet d’un nouveau projet de l’IRSN nommé « Extrême », mené par le même laboratoire qui a réalisé le projet CAROL. 

 

Télécharger le rapport de l'IRSN