Irradiation incidentelle d'une manipulatrice en radiothérapie au centre de lutte contre le cancer de Dijon

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16/07/2007

Contexte


Une manipulatrice du département de radiothérapie du Centre de lutte contre le cancer G-F Leclerc de Dijon a été exposée accidentellement en salle de traitement le 15 juin 2007. Alors qu’elle redessinait les repères de traitement sur une patiente soignée pour un cancer du sein gauche, et se trouvait alors dans le champ du faisceau de rayonnement prévu, une seconde manipulatrice a lancé l’irradiation de la patiente, avant de se rendre compte de la situation, et d’interrompre l’opération. Une reconstitution dosimétrique réalisée par la radiophysicienne de l’hôpital a permis d’estimer la dose efficace* délivrée à la manipulatrice. Tenant compte de nouveaux éléments d’information, la radiophysicienne a ultérieurement réalisé une seconde reconstitution de dose, conduisant à revoir fortement à la baisse la première valeur estimée.


Compte tenu des incertitudes posées par la disparité des résultats de ces reconstitutions de dose successives, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a demandé à l’IRSN de mener une expertise dosimétrique.

 

Méthodologie de l’expertise


La difficulté de reconstituer la dose dans ce type d’incident où l’organisme est exposé de façon hétérogène dans un champ de rayonnement réside dans l’obligation de déterminer la dose absorbée au niveau de chaque organe. Ceci nécessite de connaître aussi précisément que possible :

  • les caractéristiques du champ de rayonnement (taille du champ, énergie et intensité du rayonnement direct, intensité du rayonnement diffusé…) ;
  • la position de la manipulatrice au moment de l’irradiation ;
  • la présence éventuelle de matériaux faisant écran entre la source et la personne exposée.
     
Dans le cas présent, il demeure une incertitude importante sur la position de la manipulatrice par rapport au faisceau. Aussi, certaines hypothèses ont dû être faites pour réaliser les calculs de dose. Sur la base des informations fournies par la radiophysicienne de l’hôpital, deux scénarios représentant des configurations raisonnablement majorantes en termes de dose ont été élaborés par les experts en dosimétrie de l’IRSN (figure ci dessous).

 

 Vues schématiques de profil et de face de la manipulatrice

 Vues schématiques de profil et de face de la manipulatrice



Pour chacun de ces scénarios, des hypothèses ont été faites sur la fraction des organes exposés dans le faisceau direct. La dose "référence" utilisée pour calculer la dose délivrée aux différents organes est celle mesurée au niveau du sein droit par le dosimètre individuel porté au moment de l’incident.

 

Les doses équivalentes aux organes et la dose efficace ont finalement été calculées en appliquant les valeurs des facteurs de pondération tissulaires fixées par la réglementation en vigueur.


Au final, cette approche a permis à l’IRSN d’évaluer la dose efficace à environ 30 mSv avec une certaine confiance. Cette valeur est supérieure à la limite annuelle fixée par la réglementation pour les travailleurs et une surveillance médicale à long terme est donc préconisée.

 


* La dose efficace est une expression de la dose délivrée sur l’ensemble de l’organisme, en tenant compte des risques sanitaires à long terme.