Incident à la centrale de Fessenheim

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10/02/2004

L’incident

 

Le 24 janvier 2004, le circuit primaire d’eau de la tranche 1 de Fessenheim a été pollué par des résines radioactives à la suite d’une erreur de manipulation. Cette pollution a engendré le colmatage rapide de 2 filtres et, par voie de conséquence,  l’interruption du débit injecté aux joints des pompes primaires. Ces joints participent à l’étanchéité du circuit primaire [1].

 

Au cours des opérations de remplacement de ces filtres, sept salariés d’EDF ont été contaminés par l’inhalation de poussières radioactives. Le remplacement des filtres a été ajourné en raison d’une augmentation du taux de radioactivité dans les locaux. L’évolution du débit de fuite a amené l’exploitant à prendre la décision d’amener la tranche en arrêt à chaud le 25 janvier.

 

Les conséquences de l’incident

 

Conséquences au plan de la radioprotection : cet événement a induit une contamination interne de sept agents et le reclassement en zone orange [2]de certains locaux qui étaient en zone jaune initialement. Un huitième agent a été légèrement irradié le 6 février au cours des opérations de dépollution des filtres du circuit annexe au circuit primaire du réacteur 1.

 

Conséquences sur la sûreté du réacteur : cet événement aurait pu altérer l’intégrité de la deuxième barrière [3] de confinement du réacteur en endommageant les joints des pompes primaires ; il aurait pu en résulter des fuites du circuit primaire qui auraient été maîtrisées par les procédures et les systèmes prévus à cet effet.

 

A plus long terme, des interrogations demeurent sur les conséquences pour la sûreté de cette pollution (voir ci-dessous).

 

L’avis de l’IRSN

 

Comme c’est le cas pour tous les incidents, l’IRSN intervient en donnant des avis aux pouvoirs publics, en l’occurrence à la Direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection (DGSNR) ou à la Direction de la sûreté nucléaire et de la radioprotection (DSNR) Alsace. Dans ce cadre, l’IRSN a examiné les conditions de maintien en arrêt à chaud du réacteur et les modalités  proposées par EDF pour amener la tranche en arrêt à froid en tenant compte des risques engendrés par le comportement des résines en fonction de la température. Ces résines en effet deviennent pâteuses à haute température, mais pourraient se solidifier en se refroidissant et perturber ainsi le fonctionnement du circuit primaire.

 

L’arrêt à froid sera atteint dans le courant de la deuxième semaine de février. Plus généralement, l’IRSN examinera les enseignements à tirer de l’incident pour la centrale de Fessenheim — dont le redémarrage est soumis à l’autorisation de la DGSNR— ainsi que pour les autres centrales du parc.

 

L'IRSN répond à l'invitation de la Commission locale de surveillance [4]

 

L’IRSN, expert public, met également son expertise à la disposition des parties prenantes concernées par les questions de radioprotection et de sûreté nucléaire. Ainsi, le président de la CLS de Fessenheim a sollicité la participation de l’Institut à la réunion du 16  février 2004, afin de compléter l’information des membres de la commission au sujet de cet incident.

 

 

Notes : 

  1. Rappelons que le cas de fuites du circuit primaire est traité lors de la conception des réacteurs. Les systèmes de sécurité permettent d’assurer un refroidissement satisfaisant du réacteur en cas de brèche équivalente à la rupture complète de la plus grosse tuyauterie connectée à la cuve du réacteur.
  2. La couleur des zones dépend de leur classement du point de vue du risque radiologique pour les travailleurs.
  3. Un réacteur nucléaire possède trois « barrières » : la première est constituée par l’enveloppe qui contient le combustible ; la deuxième est le circuit primaire, qui contient le liquide de refroidissement du réacteur (eau borée). La troisième barrière du réacteur est l’enceinte de confinement du réacteur qui permet de retenir la radioactivité m^me dans le cas des fuites signalées plus haut.
  4. La Commission locale de surveillance de Fessenheim, créée en 1977, est la plus ancienne des Commissions locales d’information (CLI) créées autour des installations nucléaires. Celles-ci rassemblent des élus locaux, aussi bien que des représentants des associations de protection de l’environnement ou des personnalités qualifiées (scientifiques, administrations concernées).