L'IRSN fait le point au 20 juillet 2007 sur le tremblement de terre Chu-Etsu-Oki du 16 juillet 2007 et ses conséquences sur la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa

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20/07/2007

 

Le 16 juillet 2007 à 10h13, un séisme important d’une magnitude de 6,6 a secoué la région de Niigata au Japon ; la profondeur du séisme est évaluée à 10 km (voir la fiche d’information mise à jour le 4 septembre 2007).

 

L’épicentre du séisme est situé à une dizaine de kilomètres de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa exploitée par la compagnie TEPCO ; elle compte 7 tranches d’une puissance installée totale de 8212 MWe.

 

Les tranches 3, 4 et 7 en fonctionnement lors du tremblement de terre ont été automatiquement arrêtées. La tranche 2 était en train de démarrer lors du séisme ; elle a également été arrêtée automatiquement. Les tranches 1, 5 et 6 étaient en période d’arrêt pour inspection.

 

Lors de l'événement, les sources électriques externes n'ont pas été perdues, les diesels de secours n'ont pas été sollicités. La conservation des sources électriques externes facilite la conduite pour ramener et maintenir les installations dans un état sûr, d'autant que le séisme est une source de défaillance de cause commune importante.

 

Renversement des_fûts de déchets

Photo prise le 17 juillet 2007 - source TEPCO

 

L’exploitant procède actuellement à un recensement des anomalies causées par le séisme ; au 19 juillet, 67 anomalies avaient été recensées sur l’ensemble du site. Parmi celles-ci, selon TEPCO, les plus notables sont les suivantes :

  • A la suite du tremblement de terre, un incendie s’est déclaré sur un transformateur électrique à l’extérieur du bâtiment du réacteur de la tranche 3. Il s’agit du premier cas connu d’incendie dans une centrale nucléaire résultant d’un tremblement de terre. Cet incendie résulte probablement d’un affaissement du sol au niveau d’un pylône soutenant des câbles électriques, ce qui aurait entraîné un court-circuit et l’inflammation d’huile par les étincelles produites. Le système d’extinction semble avoir été également endommagé par l’affaissement du sol. L’incendie a été maîtrisé à 12h02, soit près de 2h après le départ du feu.
  • Une fuite d’eau a été constatée le 16 juillet vers 12h50 sur la tranche 6, dans une « zone non surveillée » (au sens de la radioprotection des travailleurs). Cette fuite proviendrait du débordement d’eau de la piscine d’entreposage de combustibles usés, mais son caractère radioactif n’a été détecté que 5h30 plus tard (à 18h20). Elle a entraîné via les systèmes de collecte un rejet d’activité dans la mer de 90 000 Bq ; les doses associées sont certainement extrêmement faibles.
  • Plusieurs centaines de fûts entreposés dans le bâtiment d’entreposage des déchets solides se sont renversés et certains ont perdu leur couvercle. Ces fûts contenaient des déchets de faible activité, tels que les résidus de l’incinération de gants ou de masques portés par les opérateurs pour rentrer en zone contrôlée. Des traces de radioactivité ont été mesurées sur le sol de l’entreposage.
  • Des traces de radioactivité (iodes, chrome 51, cobalt 60) ont également été détectées dans le filtre du système de ventilation du réacteur 7. De tels éléments ont donc été rejetés dans l’atmosphère ; les doses correspondantes pour la population seraient bien inférieures au nanosievert (10-9 Sv). L’origine de ces rejets est liée à un retard dans la mise à l’arrêt des systèmes d’élimination des vapeurs au sol de la turbine (système spécifique des réacteurs à eau bouillante).

 

Les valeurs d’accélération enregistrées par l’instrumentation de la centrale sont généralement supérieures aux valeurs retenues pour la conception. Ceci pourrait expliquer le nombre important d'anomalies recensées qui sont essentiellement des fuites d’huile ou d’eau, des décalages de conduits de ventilation…

 

A ce stade des investigations, il ne semble pas y avoir d’anomalie de nature à mettre en cause le maintien à l’état sûr des installations. Toutefois, les contrôles, les réparations et les études nécessaires avant redémarrage (y compris de réévaluation sismique) dureront certainement plusieurs mois. En particulier, des investigations vont être effectuées pour reconnaître, plus précisément la localisation de la faille à l’origine du séisme.