Le projet MARSCH, ou comment penser différemment l’analyse des risques en radiothérapie

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23/03/2021

Les accidents graves en radiothérapie d’Épinal (détecté en 2006) et de Toulouse (détecté en 2007) ont engendré des victimes de sur-irradiations. Dans le cadre d’une obligation réglementaire[1], l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a demandé aux unités de radiothérapie d’identifier toutes les situations pouvant porter atteinte à la sécurité des patients. Si cette cartographie des risques n’impose pas de méthode, elle fixe en revanche un objectif de résultat.

 

En radiothérapie, deux approches sont maintenant classiquement utilisées pour analyser les risques. La méthode dite a posteriori conduit à analyser des événements indésirables et la méthode a priori s'appuie sur l'analyse de défaillances techniques et humaines pour identifier des risques potentiels et s'en prémunir. La méthode a posteriori a longtemps été privilégiée à la méthode a priori mais les demandes de l’ASN suivant les accidents d'Epinal et de Toulouse en radiothérapie, ont conduit les unités de radiothérapie à appliquer les deux approches.
En France, une méthode industrielle, l’Analyse des Modes de Défaillances, de leurs Effets et de leur Criticité (AMDEC) a été transposée en radiothérapie suite à la décision de l’ASN.

Cette technique, appliquée à la radiothérapie, propose de segmenter un processus de soin à partir des fonctions assurées par différents acteurs (oncologue, radiothérapeute, physicien, dosimétriste, manipulateur, etc.) ce qui revient, en général, à étudier ses étapes. Son objectif est de faciliter la compréhension d’un processus à partir de l’’identification et de l’évaluation des modes de défaillances  techniques, humaines et organisationnelles –  dans l’objectif d’améliorer la sécurité des patients de manière globale.

 

Toutefois, en raison des difficultés d’usage de la méthode AMDEC, l'IRSN a lancé une étude afin de mettre en lumière ses limites. C'est à partir des conclusions de cette étude que prend forme le projet MARSCH.

 

Le projet MARSCH, une nouvelle approche de l’analyse des risques

 

Le projet MARSCH a pour objectif de consolider la nouvelle méthode d’analyse des risques développée entre 2014 et 2017. Celle-ci est fondée sur l’étude des fragilisations des modes de réussite – c’est-à-dire des pratiques – qu’une équipe soignante mobilise pour faire face à des situations de travail dégradées réelles ou réalistes. Cette approche appelée méthode EPECT (Espace de Partage et d’Exploration de la Complexité du Travail) repose sur 4 étapes : l’élaboration d’un scénario d’une situation de travail complexe et dégradée, l’identification des modes de réussite de l’équipe soignante dans cette situation de travail définie, la caractérisation des situations risquées et les axes de sécurisation des soins. Cette méthode est mise en œuvre au sein d’espaces de discussions dans lesquels interviennent des professionnels impliqués dans les traitements, pour confronter les points de vue intra-métiers et inter-métiers et les articuler.

 

Le projet MARSCH doit permettre à l’Institut de promouvoir une nouvelle approche d’analyse des risques sous l’angle des facteurs humains et organisationnels. Cette démarche sera matérialisée par la méthode EPECT qui constitue une diversification des propositions méthodologiques dans le domaine médical. Sa présentation sous une forme pédagogique (guide) devrait permettre sa mise en œuvre par les professionnels de santé.

 

[1] Décision ASN n°2008-DC-0103 et arrêté du 22 janvier 2009 portant homologation de cette décision de l’ASN

 

 

Pour en savoir plus 

 

 

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