Laboratoire d'accueil : Laboratoire d'épidémiologie des rayonnements ionisants (LEPID)
Date de début de thèse : octobre 2020
Nom du doctorant : Julie LOPES
Sujet de thèse
Les études sur des expositions professionnelles aux rayonnements
ionisants (RI) permettent d’étudier des expositions chroniques et à faibles
doses qui représentent les modes d’exposition les plus fréquents de la
population générale. Les études récentes portant sur les expositions chroniques
des travailleurs du nucléaire ont montré des augmentations de risque pour les
leucémies (Leuraud et al., 2015) et les tumeurs solides (Richardson et al.,
2015). Actuellement, les professionnels médicaux représentent la majorité des
travailleurs exposés aux RI, soit environ 54 % de la population exposée, leur
exposition moyenne est relativement faible, de l’ordre de 0,22 mSv par an
(rapport IRSN 2015). Cependant, il apparait que certains professionnels sont
beaucoup plus exposés, comme les cardiologues interventionnels ou les
professionnels des services de médecine nucléaire (Villoing et al., 2017).
Plusieurs publications ont mis en évidences des risques accrus de cataracte
chez ces professionnels (Jacobs et al., 2013, Bernier et al., 2017) ainsi que
la survenue de plusieurs cas de tumeurs cérébrales chez des cardiologues
interventionnels (Roguin et al., 2013). Mais le lien avec la pratiques de
procédures de cardiologie interventionnelle n’a pas été démontrée (Linet et
al., 2017). L’IRSN a mis en place une cohorte de professionnels médicaux
exposés aux RI, la cohorte ORICAMS (pour Occupational Radiation-Induced Cancer
in Medical Staff), qui inclut 220 000 travailleurs suivis entre 2002 et 2013
dans SISERI, le registre national de surveillance de l’exposition des
travailleurs aux RI.
L’objectif général de cette thèse
est d’étudier la mortalité dans la cohorte ORICAMS par rapport à celle de la
population générale, que ce soit pour des pathologies cancéreuses ou non
cancéreuses.
Une analyse portera sur le risque de décès par cancer du cerveau,
avec quantification de la relation dose-réponse et évaluation de l’existence de
facteurs modifiants éventuels (âge à l’exposition, sexe, facteurs de
prédisposition...) par le biais d’une étude cas-témoin nichée dans la cohorte.
L’analyse de la relation dose-réponse bénéficiera d’une reconstruction
dosimétrique individuelle pour les cas et les témoins. L’objectif du troisième
axe de recherche portera sur la prise en compte explicite des incertitudes
dosimétriques (doses en dessous des seuils de détection des dosimètres, données
manquantes) et l’impact de ces incertitudes sur l’estimation du risque.
La
finalité de ce travail sera d’améliorer la connaissance des risques sanitaires
radio-induits des professionnels médicaux exposées aux RI et, in fine, les normes
de radioprotection pour cette population de travailleurs.