L’exposition médicale est une source importante
d’exposition aux rayonnements ionisants (RI) et est principalement liée à
l’imagerie radiodiagnostique à des faibles niveaux de dose. La
tomodensitométrie est associée à des doses de RI plus importantes que la
radiographie conventionnelle et la fréquence des examens et la dose
collective associée sont en augmentation. Une attention particulière est
portée à l’imagerie pédiatrique en raison de la radiosensibilité des
enfants, de leur longue espérance de vie susceptible de laisser se
développer un cancer et d’un manque d’ajustement des paramètres
techniques spécifiques durant les examens. Les données épidémiologiques
demeurent cependant insuffisantes pour analyser la relation entre risque
de cancer et exposition aux scanners et, plus généralement, expositions
à des faibles niveaux de dose.
Une cohorte
nationale et multicentrique, Enfant Scanner, est mise en place par le
laboratoire d’épidémiologie de l’IRSN pour suivre des patients ayant
reçu un ou plusieurs examens scanner durant l’enfance. En 2010, 90 000
enfants exposés depuis 2000 ont été inclus à partir de 19 services
publics hospitaliers de radiologie. La cohorte française est intégrée au
projet européen EPI-CT, coordonné par le centre international de
recherche sur le cancer et supporté en 2011 par l’Union Européenne. Le
projet rassemble plusieurs cohortes nationales dans le but d’augmenter
la puissance statistique des analyses.
L’objectif
principal est d’étudier le risque de cancer et de leucémie associé à
l’exposition aux RI lors d’examens tomodensitométriques reçus pendant
l’enfance. Tout d’abord, une évaluation de risque sera réalisée à partir
de modèles dose-réponse issus d’études publiées pour estimer un ordre
de grandeur du risque de cancer attendu dans la cohorte et selon des
scenarii fréquents d’exposition. Ensuite, le risque d’incidence de
cancer sera analysé parmi les enfants inclus dans la cohorte qui ont été
exposés entre 2000 et 2011. La relation dose-réponse entre l’exposition
cumulée et le risque d’incidence de cancer sera quantifiée et les
facteurs modifiants potentiels seront étudiés. Une part importante de
la recherche sera dédiée au choix des méthodes de modélisation de la
relation dose-réponse, à l’analyse de la variabilité de la dose entre
les centres et de l’incertitude autour des doses selon les estimations
théoriques et individuelles, et à la prise en compte des pathologies et
comorbidités sous-jacentes.