Le 137Cs est un radionucléide avec une demi-vie de 30 ans qui se
retrouve entre autres dans l’environnement après un accident nucléaire.
La compréhension de son comportement dans les écosystèmes terrestres,
afin d’évaluer la quantité de Cs absorbée par les plantes et ainsi
permettre l’évaluation de la contamination de la chaine trophique
pouvant impacter l’homme, reste une problématique d’actualité. La
biodisponibilité du Cs est contrôlée par différents facteurs liés à la
physiologie et au métabolisme des plantes, mais aussi aux propriétés
physico-chimiques des sols qui vont influencer la quantité et la
réversibilité des transferts du Cs entre le sol et la solution du sol.
Des modèles opérationnels agrégés sont utilisés pour prédire l’évolution
de la distribution du Cs entre le sol et la solution du sol (modèle
type KD) ou entre le sol et la plante (modèle type FT). Cependant, le
continuum sol/solution/plante n’est pas considéré dans ce type de
modèles. Le but de cette thèse est d’évaluer la faisabilité
d’appréhender le continuum sol-solution-plante grâce au couplage d’un
modèle thermodynamique de sorption du Cs sur le sol avec un modèle
cinétique d’absorption racinaire prenant en compte la physiologie de la
plante. Afin de tester la capacité de réponse du modèle, un ensemble
d’expériences a été mis en place afin de générer un jeu de données
couvrant des conditions contrastées en termes de sols et de plantes.
Deux plantes, ayant des capacités d’absorption du Cs différentes, ainsi
que trois sols de propriétés physico-chimiques et minéralogiques
contrastées ont été utilisés. La mobilité du Cs dans le système
sol-solution-plante a été mesurée sur une durée de trois semaines via
l’utilisation d’un système normé, le système RHIZOtest®, permettant la
mesure de la biodisponibilité. Ces expériences ont été complétées par
des mesures en batch permettant de caractériser la disponibilité
environnementale du Cs dans le sol. Des résultats variés de transfert de
Cs ont pu être observés pour les différents couples sol‑plante. Pour
une même plante, la quantité absorbée représentait 10 à 40% du stock
initial de Cs dans le sol, quantité variant avec la nature du sol. De
plus, il a été observé que cette quantité représentait peu ou prou la
plupart du stock de Cs environnementalement disponible, quantité estimée
par les expériences en batch.
Bien que le modèle mis en
place ait permis de simuler la distribution expérimentale du Cs de façon
assez satisfaisante entre les compartiments sol et plante, la quantité
de Cs dans l’eau porale a été mésestimée d’un facteur 0.3 à 6. Cependant
le stock de Cs dans l’eau porale étant relativement faible (0,004 à
2%), ce paramètre manque de représentativité. Ces simulations ont montré
une sensibilité du modèle aux natures et proportions des argiles
minéralogiques présentes dans le sol (illite, smectite, kaolinite) ainsi
qu’à la présence d’autres cations en solution pouvant entrer en
compétition avec le Cs pour les sites de sorption (K+, Ca2+ et Mg2+). La
base de données thermodynamiques uniques utilisée pour l’ensemble des
couples a montré une très bonne capacité à représenter la capacité de
rétention du Cs par le sol. Cependant, la simulation de l’absorption du
Cs par la plante n’a été possible qu’après ajustement des paramètres
représentant l’absorption racinaire pour chaque couple sol-plante. Ce
travail a aussi permis d’apporter une réponse partielle à la question
récurrente de la prédominance des propriétés du sol ou de la physiologie
de la plante lors du transfert sol/plante du Cs. Ainsi, l’influence de
la physiologie de la plante est la composante principale de la mobilité
du Cs quand la disponibilité environnementale n’est pas limitée par les
propriétés du sol. A l’inverse sur un sol ayant une forte capacité de
rétention l’influence de la plante est réduite.