À ce jour, l’évaluation des risques
associés à l’incorporation de radionucléides et l’élaboration des normes
de radioprotection en résultant restent principalement basées sur les
résultats du suivi épidémiologique de populations exposées aux
rayonnements ionisants par voie externe (survivants des bombardements
d’Hiroshima et de Nagasaki). Les analogies et extrapolations employées
dans cette démarche sont entourées d’incertitudes. Afin de pouvoir
évaluer la validité des hypothèses retenues dans ce cadre par la
Commission Internationale de Protection Radiologique, il est nécessaire
de réaliser de nouvelles études épidémiologiques au sein de populations
exposées à des émetteurs internes. Par ailleurs, alors que les effets
cancérigènes des radiations ionisantes sont établis et de mieux en mieux
caractérisés, l’hypothèse d’un effet de faibles doses de rayonnements
ionisants sur le développement de maladies de l’appareil circulatoire a
été émise récemment, et demande à être évaluée de manière approfondie.
L’objectif
de cette thèse est de contribuer à améliorer la connaissance des effets
des expositions à de faibles doses de rayonnements ionisants, en
particulier du fait de contamination internes, en support à la
consolidation des normes internationales de radioprotection. La thèse
consistera en l’analyse des risques de pathologies cancéreuses et de
l’appareil circulatoire au sein de cohortes de travailleurs du cycle du
combustible nucléaire, surveillés pour contamination interne à
l’uranium.
La thèse s’articule autour de trois axes :
- L’analyse
statistique de la mortalité dans une cohorte de travailleurs du
traitement du minerai d’uranium, par calcul de rapports de mortalité
standardisés afin d’effectuer une comparaison avec la mortalité de la
population générale française.
- L’analyse statistique de
l’association entre dose interne et mortalité au sein d’une cohorte
française de 4000 travailleurs de l’uranium, pour plusieurs causes de
décès (cancers et maladies de l’appareil circulatoire), en prenant en
compte l’impact de facteurs de confusion potentiels (ex : âge, sexe,
période calendaire, niveau socio-économique, tabagisme, indice de masse
corporelle, tension artérielle, diabète).
- Et
enfin l’analyse statistique au sein de cette même cohorte de la
relation entre dose interne et variations de la tension artérielle
(données longitudinales répétées sur plusieurs années) en prenant en
compte les cinétiques respectives de ces variables.