La radiothérapie (RT) est le traitement
incontournable dans la prise en charge de cancers dans la zone
pelvienne. Cependant, l’irradiation des tissus colorectaux environnant
la tumeur entraîne des effets secondaires plusieurs années après la fin
de la RT. Une nouvelle pathologie, la « Pelvic Radiation Disease », a
été définie en 2010 suite au constat du nombre croissant de patients
développant des complications après radiothérapie pelvienne. Une
modification de la diversité du microbiote intestinal est observée après
RT, notamment une diminution des populations de Faecalibacterium
prausnitzii (F. prausnitzii), qui joue un rôle important dans le
maintien de la barrière intestinale.
L’objectif
de cette thèse est d’analyser la capacité de F. prausnitzii à réduire
de façon préventive les atteintes coliques radio-induites observées au
cours du temps.
L’effet de
l’administration de 109 CFU de F. prausnitzii a été étudié 3 jours, 7
jours (court terme) et 4 semaines (long terme) après une irradiation
colorectale de 29Gy. L’intégrité de la barrière colique a été évaluée in
vivo et ex vivo par des analyses morphométriques, histologiques et
immunohistologiques de la muqueuse colique, et fonctionnelle par
l’évaluation ex vivo de la perméabilité colique en chambre d’Ussing. Les
paramètres inflammatoires ont été étudiés par des analyses
immunohistologiques de l’infiltrat inflammatoire (neutrophiles et
macrophages) et par un dosage des cytokines de la muqueuse colique en
ELISA. L’administration de F. prausnitzii induit une diminution des
atteintes structurales (J3) et de la surface de l’ulcération de 37.5%
(J7) de la muqueuse colique après irradiation.
De
plus, 3 jours après irradiation, un traitement par F. prausnitzii
inhibe l’augmentation radio-induite de la perméabilité colique. Il
semblerait que le bénéfice thérapeutique de F. prausnitzii passe par une
activation ciblée de la réponse inflammatoire. Nous avons observé une
diminution de l’infiltrat des neutrophiles associés à une augmentation
de la mobilisation des macrophages. L’IL25 (IL17E), produite par les
tuft cells et l’IL-18, produite par les cellules épithéliales,
pourraient également participer au processus de protection du côlon
après irradiation. A long terme (4S), après avoir testé et identifié
différentes modalités d’administration de F. prausnitzii, son efficacité
thérapeutique reste très modérée. Les résultats de l’efficacité
thérapeutique de F. prausnitzii à court terme montrent l’intérêt de
l’application de ce probiotique en clinique. En effet, son
administration chez les patients traités par radiothérapie pelvienne
permettrait de diminuer les effets secondaires colorectaux ainsi que les
symptômes associés, induisant une thérapie moins contraignante pour la
qualité de vie de patients et réduisant les risques de remédier à un
arrêt temporaire de la radiothérapie.