Étude EPI-CT

L’étude EPI-CT (Epidemiological study to quantify risks for paediatric computerized tomography and to optimise doses) est une étude épidémiologique internationale, visant à évaluer le risque d’effets à long terme pour les enfants et les adolescents exposés aux rayonnements ionisants lors d’examens scanners. Coordonnée par l’Agence internationale de recherche sur le cancer (IARC), cette étude a débuté fin 2010 et est financée en partie par la Commission européenne dans le cadre du 7e Programme Cadre (FP7-Fission-2010-3.2.1).

Caractéristiques du projet

​Dates de réalisation : 2012-2016
Financement : Euratom FP7-Fission
Partenaires : Centre international de recherche sur le cancer (IARC), France  - Universitaetsmedizin Der Johannes Gutenber - Universitaet Mainz (UMC), Allemagne,  Suède, Karlinska Institutet (KI), Grande-Bretagne? University of Newcastle Upon Tyne (UNEW) , Espagne Fundacio Centre de Recerca en Epidemiologia Ambiental - CREAL, France  - Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), Pays-Bas Stichting Het Nederlands Kanker Institut (NKI), Belgique Studiecentrum Voor Kernenergie (SCK-CEN  - France Institute de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN),   - France Centre d'assurande de qualité des application technologiques dans le domaine de la santé (CAATS), Luxembourg Centre de recherche public Henri Tudor (CRP)- Norvège Norwegian Radiation Protection Authority (NRPA), Oslo Universitetssykehus HF (OUS), France Institut Curie (IC), Belgique Universiteit Gent (UGent), États-Unis University of Florida.
Conseillers : Dr Choonsik Lee (National Cancer Institute), États-Unis et Pr Wesley E. Bolch (University of Florida), États-Unis

Contexte

L’examen scanner (tomodensitométrie ou CT scan en anglais) est un outil indispensable de la médecine moderne pour les diagnostics médicaux, utilisé chaque jour en pratique. Les doses reçues par les organes-cibles lors d’un examen scanner sont bien plus importantes que lors d’un examen par rayons X classique. Par exemple, lors d’un examen scanner abdominal, l’estomac reçoit approximativement 12,5 mGy soit une dose 50 fois supérieure à la dose reçue par le même organe lors d’une radiographie abdominale. L’utilisation croissante de l’examen scanner, malgré ses bénéfices sur le plan médical, entraine une augmentation des doses totales de rayonnements ionisants reçues par les patients.

La communauté médicale et scientifique s’intéresse de plus en plus aux potentiels risques à long terme de ces expositions (cancers, leucémies, etc.). Plusieurs études récentes semblent mettre en évidence une augmentation du risque de cancers du système nerveux central et de leucémies (Pearce 2012, Mathews 2013, Huang 2014). Cependant, les effets radio-induits observés à ces niveaux de dose (quelques dizaines de mGy) nécessitent d’être confirmés en raison de limites méthodologiques des études publiées.;

Axes de recherche

L’étude EPI-CT a été lancée pour étudier l’existence d’une relation entre l’exposition aux rayonnements ionisants lors des examens par scanner chez les enfants et adolescents, et de possibles effets tardifs sur la santé.

  • Les objectifs spécifiques de l’étude EPI-CT sont :
  • de créer une cohorte multinationale d’enfants et adolescents ayant bénéficié de scanners,
  • de décrire les différents protocoles d’utilisation des scanners dans chaque pays,
  • d’estimer les doses individuelles reçues par l’organe-cible des patients, d’évaluer le risque de cancers radio-induits dans la cohorte,
  • de développer des méthodes qui définissent la corrélation existant entre la qualité des images des scanners et la dose reçue lors de l’examen, d’établir des recommandations pour harmoniser au niveau européen l’optimisation des doses lors d’un examen par scanner.

Déroulement de l'étude

Au total, 18 partenaires européens (Belgique, Danemark, Allemagne, Finlande, France, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Suède, Royaume-Uni) coopèrent sur cette étude, qui a permis de constituer une cohorte d’environ 1 million de patients. Les résultats pourraient conduire à mieux évaluer le risque lié à ces examens et le cas échéant à établir de nouvelles stratégies pour réduire les doses reçues lors des examens médicaux.

Dans neuf pays participants, des cohortes de jeunes patients ayant bénéficié d’au moins un examen par scanner sont mises en place à partir des services de radiologie des hôpitaux partenaires. Dans chaque cohorte, le nombre de jeunes ayant développé un cancer durant la période d’observation (cette période est variable selon les pays, entre 1977 et 2014) a été établi. Une comparaison de l’incidence des cancers en fonction de la dose individuelle reçue pour estimer le risque de développer un cancer radio-induit en fonction de la dose reçue a été effectuée.

Le projet EPI-CT s’organise autour de huit groupes de travail (WP) : WP 1 (mené par l’IARC) : coordination et management WP 2 (mené par le CREAL) : mise en place des méthodes épidémiologiques adaptées à ce projet WP 3 (mené par l’UNEW) : collecte de données WP 4 (mené par l’IARC) : détermination des doses reçues individuellement WP 5 (mené par le SCK-CEN) : recherche des mécanismes biologiques impliqués à partir d’échantillons de sang des patients WP 6 (mené par le NKI) : analyse des données et interprétation WP 7 (mené par le CAATS) : optimisation des pratiques en scans pédiatriques WP 8 (mené par l’IARC) : partage des résultats

L’IRSN participe activement au projet avec l’inclusion dans le projet EPI-CT de la Cohorte Enfant Scanner, cohorte française des enfants exposés aux scanners (lien vers la fiche internet spécifique). Par ailleurs, l’IRSN est impliqué dans différents groupes de travail : méthodologique (WP2), collecte des données (WP3), analyse dosimétrique (WP4) et analyse statistique (WP 6).

Résultats et perspectives

La collecte des données dans les différents pays a été finalisée en 2017.  Une première publication scientifique présentant la cohorte conjointe et comparant la mortalité par cancer dans cette cohorte par rapport à celle de la population générale des pays participant a été publiée en 2019.

La méthodologie utilisée pour la reconstitution des doses reçues par les enfants lors des examens tomodensitométriques et les résultats de ces calculs ont été publiés en 2021. 

La reconstitution dosimétrique a permis d’estimer le risque de cancer en fonction de la dose reçue au sein de la cohorte EPI-CT. Une première analyse dose-réponse sur le risque de cancer du cerveau a été publiée en octobre 2022.

Elle retrouve une relation significative entre la dose reçue et le risque de développer un cancer du cerveau, risque qui augmente quand la dose reçue augmente. Cependant le risque naturel de développer un cancer du cerveau chez un sujet jeune étant très faible, le sur-risque observé reste aussi très faible.
L’analyse de la relation dose-réponse pour le risque d’hémopathies malignes a été publiée en novembre 2023 (Risk of haematological malignancies from CT radiation exposure in children, adolescents and young adults). Elle confirme l’existence d’un excès de risque de développer une hémopathie maligne après des examens scanners réalisés chez l’enfant et l’adolescent et permet de l’estimer plus précisément grâce à la très grande taille de l’étude EPI-CT. Ce sur-risque reste cependant très faible au regard du bénéfice diagnostique des examens tomodensitométriques. 

Ces éléments renforcent la nécessité d’appliquer les règles de radioprotection en imagerie médicale qui reposent sur la justification des examens réalisés (seuls les examens utiles au diagnostic doivent être réalisés), le remplacement des examens délivrant des rayonnements ionisants par des examens non irradiants lorsque cela est possible (par exemple une échographie à la place d’une radiographie) et l’optimisation des doses délivrées (la plus petite dose permettant de poser le diagnostic).

Les laboratoires IRSN impliqués

Les laboratoires : LEPID - Unité d'expertise en radioprotection médicale

En savoir plus :