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Bulle Applications Bulle Avancées Bulle Formation Bulle Aktis N°11



Dans ce numéro, Focus sur
La sûreté d'un stockage géologique des déchets radioactifs : du microscopique au macroscopique


Aktis 11 Focus accroche haut Afin de nourrir sa capacité à évaluer la sûreté d'un stockage de déchets radioactifs à vie longue en couche géologique profonde, l'IRSN effectue des recherches ciblées, qui sont indépendantes de celles menées par le concepteur du stockage, l'Andra. L'une des principales préoccupations est d'identifier les chemins que les radionucléides transportés par l'eau inévitablement présente, pourraient emprunter vers la biosphère après l'altération des matrices qui les confinent initialement (verre, acier). Dans ce but, l'IRSN s'intéresse à toutes les échelles de la problématique, du microscopique au macroscopique. Cet article met ainsi en lumière les résultats obtenus pour l'effet des matériaux de construction sur les propriétés de la roche d'accueil, l'argilite ; sur la modélisation de la propagation de failles à travers des couches de roche différentes ; et sur la modélisation des flux d'eau à l'échelle du Bassin parisien.

 
Éclairer les esprits, des experts comme de la société

Matthieu Schuler

Dans un avenir proche, va être soumis à débat public, puis au processus de décision administrative, le projet d'un site de stockage en couche géologique profonde de déchets nucléaires à vie longue. Il incombe à l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) d'établir la démonstration de la sûreté de ce stockage, et de mener les travaux d'études et de recherche pour la soutenir. L'Agence a mis à profit un vaste ensemble de données, d'hypothèses longuement pesées et confrontées aux essais qu'elle a menés dans le laboratoire souterrain de Bure.

Pour autant, les enjeux techniques et les attentes de la société sur ce sujet atteignent un niveau tel qu'il était tout à fait nécessaire que l'IRSN – qui est chargé d'évaluer la capacité du projet à remplir sa mission – mène en parallèle ses propres recherches pour bien orienter ses travaux d'expertise. Le « focus » de ce numéro d'Aktis présente l'approche de recherche de l'IRSN dans ce domaine.

Ces travaux prennent aujourd'hui un nouveau relief à travers l'initiative prise par l'Anccli(1), le Clis(2) de Bure et l'IRSN : partager ces connaissances scientifiques avec ceux de nos concitoyens qui veulent se forger leur propre opinion en vue d'exercer, de manière éclairée, leur droit à la participation au processus de décision.

Matthieu Schuler,
Directeur de la stratégie, du développement et des partenariats
(1) Anccli : Association nationale des comités et commissions locales d'information.
(2) Clis de Bure : Comité local d'information et de suivi du laboratoire souterrain de recherche sur la gestion des déchets radioactifs de Bure.
Dosimétrie externe
Des fantômes numériques pour la dosimétrie cardiovasculaire
Les premiers résultats d'une thèse menée à l'IRSN montrent l'intérêt d'utiliser des fantômes numériques hybrides pour évaluer plus précisément la dose reçue par le coeur lors d'une radiothérapie thoracique.

La radiothérapie thoracique (par exemple pour le traitement d'un cancer du sein) peut s'avérer toxique pour le cœur, car il se trouve alors à proximité du champ d'irradiation voire partiellement dans ce champ. Limiter ce problème majeur, reconnu par la communauté scientifique, nécessite d'évaluer plus précisément la dose reçue par le cœur, d'une part pour la minimiser lors des traitements, et d'autre part pour mieux connaître la relation entre la dose et l'effet possible. Un travail de thèse a commencé il y a un an à l'IRSN pour établir une méthode plus précise d'évaluation de ces doses tenant compte de l'anatomie des patients. Les premiers résultats ont déjà montré la pertinence d'utiliser des fantômes numériques, c'est-à-dire des représentations de l'anatomie d'un patient en trois dimensions, pour la dosimétrie cardiovasculaire.

  Fantôme numérique hybride d’un thorax féminin (vert=poumons ; violet=glande mammaire gauche) avec le modèle détaillé de cœur (gris).
  Fantôme numérique hybride d'un thorax féminin (vert=poumons ; violet=glande mammaire gauche) avec le modèle détaillé de cœur (gris).


[ Scanographies et radiographies ]


La doctorante, Alexandra Moignier, a travaillé à partir des images de six patientes traitées pour un cancer du sein gauche : dans trois cas (groupe 1), elle a utilisé les scanographies thoraciques typiquement disponibles dans les dossiers récents ; dans les trois autres (groupe 2), elle a utilisé les radiographies orthogonales pour reproduire les informations disponibles dans les dossiers anciens. À partir de ces deux types d'images et à l'aide d'un logiciel d'infographie, elle a construit pour chaque patiente un fantôme numérique. Elle y a inséré un modèle détaillé de cœur car l'organe n'est pas suffisamment visible sur les clichés de départ, quel qu'en soit le type. Le plan de traitementGLO des patientes a ensuite été simulé sur les fantômes numériques à l'aide d'un logiciel utilisé en clinique. Les doses reçues par les patientes de chacun des deux groupes ont ainsi pu être calculées à partir du fantôme numérique, et comparées à la dosimétrie établie au moment du traitement.


[ Représentativité moins arbitraire ]


En comparant les résultats des dosimétries initiales et recalculées, il apparaît que pour le premier groupe de patientes le fantôme est très représentatif de leur anatomie et que les doses reconstituées à partir du fantôme numérique concordent avec celles calculées lors du traitement. Pour le second groupe, malgré une fidélité anatomique plus limitée, l'évaluation dosimétrique reste proche de celle fournie par le fantôme numérique.

Les résultats obtenus grâce au modèle de cœur montrent que la dose reçue à l'artère coronaire la plus proche du champ d'irradiation est deux à trois fois plus importante que celle reçue au cœur. Ces résultats attestent de la flexibilité des fantômes numériques qui permettent de simuler de nombreuses anatomies en faisant varier individuellement les paramètres et en insérant un modèle de cœur générique ou personnalisé.

 

Contacts :
Alexandra Moignier
(Laboratoire d'évaluation de la dose interne - LEDI)
Bernard Aubert
(Unité d'expertise médicale - UEM)

 
10
Récompenses décernées en 2012
à des doctorants ou anciens doctorants
de l'IRSN.
Analogue géologique
Site ou matériau ayant certaines caractéristiques géologiques (structure, minéralogie…) similaires à celles de l'objet d'étude.

Bactéries chimioautotrophes
Bactéries qui réalisent la chimiosynthèse : l'énergie utilisée provient de l'oxydation de composés minéraux tels que les composés soufrés ou le méthane (équivalent du rôle de la lumière dans la photosynthèse).

Biodisponibilité
Disponibilité d'un élément pour être absorbé et assimilé par les organismes vivants.

Calage d'un modèle
Consiste à modifier ses paramètres, dans une gamme de valeurs réalistes, pour que les résultats des simulations soient les plus proches possible des valeurs mesurées.

Déconvolution
Opération mathématique qui consiste à reconstituer un élément d'entrée en connaissant le résultat et la fonction permettant de passer de l'élément d'entrée au résultat (ici, le résultat est la mesure ; la fonction est la fonction de réponse du détecteur ; et l'élément d'entrée la radioactivité présente).

Hydrogéologie
Étude des eaux souterraines.

Imagerie sismique
Imagerie utilisée dans le sous-sol, qui utilise l'écho d'ondes sonores réfléchies par les interfaces géologiques (différentes couches, failles).

Plan de traitement
Ensemble des faisceaux de rayonnement nécessaires pour réaliser le traitement. Le plan décrit l'orientation et la géométrie des faisceaux ainsi que la dose délivrée par chacun d'eux.

Polychètes (Polychaeta)
Vers annelés comportant plus de 10 000 espèces, dont la plupart vivent en mer.

Réponse angulaire du spectromètre
Fonction qui réalise le passage entre l'activité d'un volume du sol et le flux de rayonnement enregistré.

Transport par diffusion
Transport lié à une différence de concentration d'un élément chimique dans une solution : les éléments dissous migrent des zones les plus concentrées vers les zones les moins concentrées pour se répartir uniformément.
Deux soutenances de HDR en radioprotection

Habilitation à diriger des recherches

Éric Blanchardon a exposé une synthèse de ses travaux et des perspectives de recherche sur le « Développement et application de méthodes pour l'évaluation de la dose de rayonnement résultant d'une contamination radioactive interne », pour obtenir son habilitation à diriger des recherches le 21 novembre 2012. Fabien Milliat a fait de même le 19 décembre 2012 sur le thème des « lésions radio-induites aux tissus sains : rôle du compartiment vasculaire ».


2012 : une année de prix pour les doctorants de l'IRSN

Thèses

Dix récompenses ont été décernées en 2012 à des doctorants ou anciens doctorants de l'IRSN.

Starrlight Augustine
a reçu le prix de thèse 2011 de l'université Aix-Marseille pour l'excellence de ses travaux de thèse effectuée au Laboratoire d'Écotoxicologie des radionucléides (Leco) de l'IRSN, et soutenue le 23 avril 2012.

  Starrlight Augustine
  Starrlight Augustine

Jérémy Sabard, en troisième année de thèse au Bureau de physique des accidents graves (BPhAG) de l'IRSN, a remporté l'un des cinq prix du meilleur article au 9e International Symposium on Hazards, Prevention and Mitigation of Industrial Explosions (ISHPMIE -Cracovie (Pologne) - 22 au 27 juillet 2012).

Mélany Gouello, qui a réalisé sa thèse au Laboratoire d'expérimentation environnement et chimie (L2EC) de l'IRSN, a reçu le prix du meilleur poster lors de la Conférence Nuclear Energy for New Europe (NENE 2012 - Ljubjana (Slovénie) - 5 au 7 septembre 2012).

  Mélany Gouello
  Mélany Gouello

Pierre Roupsard, qui a mené sa thèse au Laboratoire de radioécologie de Cherbourg-Octeville (LRC) de l'IRSN, a reçu le prix du meilleur poster lors de la 19e European Aerosol Conference (Grenade (Espagne) - 2 au 7 septembre 2012).

Andrea Bachrata
, qui a effectué sa thèse au Laboratoire d'étude et de simulation des accidents majeurs (Lesam) de l'IRSN, a reçu le prix du meilleur papier étudiant lors de la 20ème International Conference on Nuclear Engineering (ICONE20 – Anaheim (USA) - 30 juillet au 3 août 2012). Elle avait par ailleurs reçu le 10 octobre 2011 une bourse L'Oréal France – Unesco- Académie des sciences « Pour les Femmes & la Science ».

  Andrea Bachrata
  Andrea Bachrata

Isabel Idarraga qui a effectué sa thèse au Laboratoire d'expérimentation en mécanique et matériaux (LE2M) de l'IRSN, a reçu le 18 juin 2012 à Paris le prix Jean Bourgeois décerné par la Sfen (Société française d'énergie nucléaire).

  Isabel Idarraga
  Isabel Idarraga

Caroline Rouas, qui a réalisé sa thèse au Laboratoire de radiotoxicologie de l'IRSN, a obtenu le prix de thèse de l'École doctorale 425 de l'Université Paris XI à Chatenay-Malabry qui récompense une thèse du Pôle de Pharmacologie-Toxicologie.

Jad Farah
, choisi pour représenter la France au 13e Congrès de l'IRPA (Glasgow - 13 au 18 mai 2012), a remporté le premier « prix des jeunes professionnels » pour son travail de thèse effectué au Laboratoire d'évaluation de la dose interne de l'IRSN.

  Jad Farah
  Jad Farah

Morgan Dutilleul, en troisième année de thèse au Laboratoire d'écotoxicologie des radionucléides (Leco) de l'IRSN, a remporté le deuxième prix de la finale du concours « Votre soutenance en 180 secondes » (3MT – 3 minutes thesis), lors du 80e Congrès de l'Association francophone pour le savoir (Acfas) le 10 mai 2012.

  Morgan Dutilleul
  Morgan Dutilleul

Miloud Chahlafi a reçu en janvier 2012 le prix de la meilleure thèse en sciences de l'ingénieur décerné par la Fondation EADS en 2011 pour sa thèse effectuée au Laboratoire d'étude et de simulation des accidents majeurs (Lesam) de l'IRSN.

Combustible - Physique/chimie
Caractérisation sous rayonnement synchrotron des cinétiques de dissolution/précipitation d'hydrures
Pour mieux connaître les phases de l'hydrogène piégé dans les gaines du combustible nucléaire, l'IRSN a soumis des échantillons de Zircaloy-4 au rayonnement synchrotron de l'ESRF.

Lors de leur séjour en réacteur, les gaines en alliage de zirconium qui contiennent le combustible nucléaire s'oxydent. Cette oxydation engendre la formation d'hydrogène dont une partie s'accumule progressivement dans les gaines sous deux formes différentes : précipité en plaquettes d'hydrure de zirconium ou dissous dans la matrice de zirconium. L'hydrogène ainsi fixé modifie les propriétés de la gaine et peut notamment la fragiliser. La gaine constituant la première barrière de confinement des radionucléides produits par la fission, il est essentiel de bien caractériser sa résistance. Cela nécessite bien sûr de quantifier l'hydrogène fixé mais aussi de bien caractériser la partition entre les deux formes ci-dessus.

Si la quantité d'hydrogène piégé dans la gaine est aujourd'hui assez bien évaluée, il n'en est pas de même pour la partition entre formes. Le verrou scientifique à lever est la cinétique avec laquelle, à une température donnée, les transformations d'une forme à l'autre s'opèrent dans les gaines.


Photo d’hydrures dans une gaine.
Photo d'hydrures dans une gaine.

[ À l'aide du synchrotron ]

L'Institut a lancé un projet de recherche exploratoire(1) sur deux ans pour mieux caractériser les cinétiques de dissolution et de précipitation des hydrures dans le Zircaloy-4 (un des alliages de zirconium utilisé pour les gaines) à l'aide du rayonnement synchrotron de l'ESRF(2). Ce dernier permet en effet de suivre en continu les changements de phase qui se produisent dans la matière à l'échelle de petits composants tels que les hydrures. Plus de 48 heures d'expérimentation ont porté sur des échantillons de Zircaloy-4, hydrurés au préalable en laboratoire, pour être représentatifs d'une gaine ayant séjourné en réacteur. Placés dans un four, lui-même installé sur une ligne du synchrotron, ils ont été successivement chauffés, maintenus à un certain niveau de température (environ 500°C), puis refroidis à différentes vitesses.


[ Dissolution et précipitation des hydrures ]

La masse de données ainsi recueillies a permis, après interprétation, de quantifier les cinétiques de dissolution et de précipitation des hydrures à différentes températures. Un gonflement de la matrice de zirconium consécutif à la dissolution des hydrures a aussi été mis en évidence.

Le rayonnement X du synchrotron est diffracté selon un angle spécifique (en abscisse du diagramme) à chaque composant chimique de l’échantillon. Le diagramme représente en ordonnée l’intensité du rayonnement après diffraction ; les pics sont caractéristiques d’un composant donné, et leurs hauteurs donnent leurs proportions dans l’échantillon. Chaque ligne correspond à une température : de 25°C en arrière-plan à 550°C au premier plan). Le second pic, caractéristique de l’hydrure de zirconium, diminue avec l’augmentation de la température. Ceci démontre la dissolution progressive des hydrures et permet de quantifier la cinétique associée..
Le rayonnement X du synchrotron est diffracté selon un angle spécifique (en abscisse du diagramme) à chaque composant chimique de l'échantillon. Le diagramme représente en ordonnée l'intensité du rayonnement après diffraction ; les pics sont caractéristiques d'un composant donné, et leurs hauteurs donnent leurs proportions dans l'échantillon. Chaque ligne correspond à une température : de 25 °C en arrière-plan à 550 °C au premier plan. Le second pic, caractéristique de l'hydrure de zirconium, diminue avec l'augmentation de la température. Ceci démontre la dissolution progressive des hydrures et permet de quantifier la cinétique associée.

Pour modéliser ces phénomènes, et ainsi améliorer la précision des simulations numériques du comportement des combustibles nucléaires, il reste à mieux comprendre les mécanismes élémentaires conduisant aux cinétiques de dissolution observées. C'est à cette fin qu'a été lancée en 2011 une thèse sur le comportement à l'échelle atomique des hydrures de zirconium.

Collaboration INSA-Lyon, Université de Manchester.

Contact :
Olivier Marchand
(Laboratoire de physique et de thermomécanique des matériaux - LPTM)
(1) Les projets de recherche exploratoire relèvent d'un dispositif mis en place à l'Institut pour explorer des domaines de recherche non prévus par les programmes classiques.
(2) ESRF : European Synchrotron Radiation Facility.
Bulles Avancées de la Recherche
Radioécologie
La radioactivité chez les organismes de sites hydrothermaux sous-marins
L'IRSN vient d'attribuer son premier prix de la créativité en recherche à Sabine Charmasson pour son travail de recherche exploratoire sur la radioactivité naturelle accumulée par les organismes vivant près des sources hydrothermales sous-marines.

Situées au fond des mers, dans des zones d'activité volcanique, les sources hydrothermales sont des points où l'eau rejaillit après avoir circulé au contact des roches basaltiques de la croûte océanique. Ce fluide hydrothermal est chargé en sels minéraux, en éléments métalliques, en radioéléments naturels et en gaz dissous. Une équipe de l'IRSN a cherché à valider l'hypothèse que la faune exubérante vivant dans les écosystèmes hydrothermaux accumule la radioactivité naturelle transportée par ces fluides. Cette recherche exploratoire vise à identifier des organismes soumis en permanence (exposition chronique) à des niveaux de radioactivité élevés, en vue de progresser dans la compréhension des mécanismes de réaction du vivant aux rayonnements ionisants.

Les chercheurs ont mesuré les teneurs en radioéléments de divers organismes (crustacés, vers, mollusques) collectés sur la dorsale orientale du Pacifique et la Ride Médio-Atlantique en 1996, 2001, 2002 et 2007. Les mesures ont porté sur les isotopes 234, 235 et 238 de l'uranium, les isotopes 230 et 232 du thorium, le plomb 210 et le polonium 210.

Le ver polychète Paralvinella grasslei vit dans un épais mucus, seules ses branchies rouges sont visibles. Nous projetons d’étudier le polonium dans les tissus de ces organismes dont les tubes muqueux ont atteint des valeurs proches de 19 000 Bq/kg sec.
Le ver polychète Paralvinella grasslei vit dans un épais mucus, seules ses branchies rouges sont visibles. L'IRSN projette d'étudier le polonium dans les tissus de ces organismes dont les tubes muqueux ont atteint des valeurs proches de 19 000 Bq/kg sec.


[ Un à deux ordres de grandeur ]

Sans atteindre des niveaux exceptionnels, la radioactivité mesurée est généralement supérieure d'un à deux ordres de grandeur aux niveaux mesurés dans les organismes côtiers ou dans les organismes abyssaux vivant hors de l'influence des sources. En ce qui concerne l'uranium, elle peut avoisiner 800 à 1000 Bq/kg sec en 234U (soit environ 3 µg/g) et en 238U (soit environ 250 µg/g) chez des polychètesGLO Paralvinella grasslei qui colonisent les cheminées. La concentration dépend du site de prélèvement, de la localisation dans la zone de mélange fluide-eau de mer et du régime alimentaire des organismes. L'analyse des données suggère que le devenir de l'uranium est lié aux nombreuses bactéries chimioautotrophesGLO qui peuplent ces environnements et contribuent à solubiliser l'uranium, le rendant ainsi biodisponibleGLO pour les organismes de ces écosystèmes.


[ Des niveaux élevés en polonium ]

Durant le projet, les chercheurs de l'IRSN ont aussi participé en mai 2007 à une campagne de prélèvement de bathymodioles (mollusques bivalves) endémiques de la zone des Açores. Des niveaux élevés en 210Po, radionucléide à vie courte, de l'ordre de 800 Bq/kg sec, ont été mesurés notamment au niveau des branchies, organes hôtes de bactéries chimioautotrophesGLO. Les débits de dose pondérés dus au seul 210Po, évalués 3 à 4 microgray par heure (µGy/h), sont légèrement plus importants que pour les moules côtières (1 µGy/h) mais restent faibles.

Ce projet a permis de soulever un petit coin du mystère qui entoure encore la compréhension du cycle complexe des radioéléments dans ces environnements atypiques.

Collaboration Ifremer, Université de Nantes.

Contact :
Sabine Charmasson
(Laboratoire d'études radioécologiques en milieux continental et marin - LERCM)
Métrologie
Cartographier la radioactivité en temps réel
Un nouveau dispositif mobile et léger pour cartographier in situ la contamination radioactive d'un site a été mis au point durant une thèse élaborée à l'IRSN par Fabien Panza. Le prototype Oscar a été expérimenté avec succès sur un site de la préfecture de Fukushima (Japon).

Réaliser une cartographie en temps réel de la radioactivité présente sur un terrain de petite dimension (champ, zone délimitée dans une ville, etc.) : c'est le défi relevé par Fabien Panza avec le prototype Oscar(1), qu'il a créé durant une thèse effectuée à l'IRSN, et pour lequel trois brevets ont été déposés. Le dispositif utilise un spectromètre gamma au germanium couplé à un GPS, le tout monté sur un chariot mobile afin de pouvoir effectuer les relevés en se déplaçant. Cette modalité de recueil implique que les mesures du spectromètre durent très peu de temps, et sont donc peu intenses. Établir une carte précise et fiable de la radioactivité du site nécessite alors qu'un nombre suffisant de données ait été récolté au-dessus des zones contaminées.

 

[ Optimiser le parcours ]

Pour éviter à l'opérateur de faire les mesures à l'aveugle, F. Panza a d'abord développé deux algorithmes qui, en traitant les mesures en temps réel, permettent d'optimiser le parcours des relevés et le temps de mesure. Fondé sur la méthode dite de « back-projection », le premier algorithme oriente l'opérateur vers les zones les plus contaminées. Cette méthode exploite la fonction de réponse angulaireGLO du spectromètre pour estimer en temps réel la zone d'où proviennent les rayonnements enregistrés. L'opérateur peut ainsi augmenter le nombre de mesures au-dessus de cette zone afin d'estimer avec plus de finesse sa contamination.

Le second algorithme, Alcam (Algorithme cartographique de l'activité maximale), a pour but de savoir si une source diffuse ou ponctuelle de radiation est présente dans le sol. Il repose sur une méthode qui s'apparente à la triangulation : à partir de plusieurs mesures d'une même source, il est possible d'en déduire comme information la position de la source et son activité. Appliquant ce principe le long du parcours du détecteur sur le site, l'algorithme corrèle les informations obtenues à chaque nouvelle mesure. En posant des hypothèses sur les caractéristiques de la source, on obtient alors en temps réel une carte de l'activité possible maximale qui produirait le flux enregistré. Une mesure sur ces points physiques permet de confirmer une contamination localisée.

Site contaminé japonais.
Carte d'activité réalisée à l'aide du prototype Oscar pour un site contaminé japonais.

[ Carte haute définition ]

Dès que les mesures sont achevées, la carte haute définition de la radioactivité effectivement présente dans le sol est réalisée par le troisième algorithme développé par F. Panza. Inspiré d'une analogie avec des traitements de données astronomiques, celui-ci utilise une méthode de déconvolutionGLO des mesures spectrométriques (par la réponse impulsionnelle du spectromètre) pour déduire le flux de rayonnement gamma émis par le sol. La carte finale correspond ainsi à la cartographie de l'activité du site.

Collaboration Groupe Ramses de l'Université de Strasbourg.

Contacts :
Rodolfo Gurriaran
(Laboratoire de mesure de la radioactivité dans l'environnement - LMRE)
Fabien Panza
(Groupe logistique et métrologie - GLM)
Bulles Formation par la Recherche
Ventilation et filtration
L'influence du vent sur le confinement des polluants au sein d'installations nucléaires
Des expérimentations menées au sein de la soufflerie climatique Jules Verne du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) ont permis d'étudier les effets du vent sur le confinement de polluants au sein d'installations nucléaires et de valider la prise en compte de ces effets par le logiciel Sylvia développé par l'IRSN pour l'étude des incendies en milieux confinés et ventilés.

Les bâtiments industriels, tels que ceux de l'industrie nucléaire, sont équipés d'un réseau de ventilation qui garantit le confinement des polluants au sein de l'installation, que ce soit en fonctionnement normal, dégradé ou accidentel. Ce réseau est dimensionné pour que les locaux soient maintenus dans une cascade de dépression par rapport à l'environnement extérieur, cascade qui les hiérarchise selon le risque de contamination.

Pour simuler des phénomènes de ventilation, d'incendie et de transfert d'espèces volatiles au sein des réseaux de ventilation des installations, l'IRSN a développé le logiciel Sylvia(1) qui permet de réaliser des études de sûreté nucléaire. Une thèse, récemment achevée à l'Institut par Nicolas Le Roux, a permis de valider ce logiciel pour sa prise en compte des phénomènes de couplage entre l'aéraulique interne à l'installation et les effets du vent. En effet, le vent induit des champs de pression au niveau des communications extérieures de l'installation, qui sont susceptibles de modifier les écoulements aérauliques internes, notamment les débits de fuite entre locaux. Des expérimentations à échelle réduite ont été menées au sein de la soufflerie climatique Jules Verne du CSTB(2).

Visualisation par injection de fumée d’une inversion de fuite externe lors d’un essai en soufflerie pour une vitesse de vent de 105 km/h environ.
Visualisation par injection de fumée d'une inversion de fuite externe lors d'un essai en soufflerie pour une vitesse de vent de 105 km/h environ.

[ Approche par similitude ]

Le doctorant a d'abord mis en oeuvre une méthode fondée sur une approche par similitude pour étudier à échelle réduite les écoulements isothermes au sein d'installations munies d'un réseau de ventilation. Cette approche a permis de transcrire l'ensemble des grandeurs géométriques et aérauliques (volume des locaux, dimension des conduits, débit, pression...) d'une installation réelle à une échelle réduite et inversement. Après une phase de validation sur des parties élémentaires de réseaux de ventilation (conduits raccordés à un seul local ou à un filtre à très haute efficacité), cette méthode a été appliquée pour réaliser des campagnes expérimentales pour deux configurations simplifiées, représentatives d'installations nucléaires.


[ Champs de pression ]

Les expérimentations montrent que le vent peut entraîner une perte partielle ou globale du confinement dynamique des polluants en fonction de la vitesse et de l'incidence du vent, et selon l'architecture et le mode de fonctionnement de l'installation. Cela résulte des champs de pression, créés au niveau des communications extérieures par la vitesse moyenne du vent ou sa composante turbulente. Ils peuvent modifier la hiérarchisation des pressions entre locaux et avec l'environnement extérieur. Ces résultats expérimentaux contribuent à la validation du logiciel Sylvia pour prendre en compte les effets du vent en situation isotherme. La prise en compte des phénomènes thermiques couplés aux transferts de masse est prévue lors d'une seconde thèse qui a débuté fin 2012.

Collaboration CSTB ; Laboratoire des sciences de l'ingénieur pour l'environnement (LaSIE) de l'Université de La Rochelle.

Contact :
Nicolas Le Roux
(Laboratoire d'études et de modélisation en aérodispersion et confinement - LEMAC)
(1) Sylvia : systèmes de logiciels pour l'étude de la ventilation, de l'incendie et de l'aérocontamination.
(2) CSTB : Centre scientifique et technique du bâtiment.
 
Aktis 11 Focus accroche
Déchets radioactifs - Géosciences - Modélisation
La sûreté d'un stockage géologique des déchets radioactifs : du microscopique au macroscopique
Afin de nourrir sa capacité à évaluer la sûreté d'un stockage de déchets radioactifs à vie longue en couche géologique profonde, l'IRSN effectue des recherches ciblées, qui sont indépendantes de celles menées par le concepteur du stockage, l'Andra. L'une des principales préoccupations est d'identifier les chemins que les radionucléides transportés par l'eau inévitablement présente, pourraient emprunter vers la biosphère après l'altération des matrices qui les confinent initialement (verre, acier). Dans ce but, l'IRSN s'intéresse à toutes les échelles de la problématique, du microscopique au macroscopique. Cet article met ainsi en lumière les résultats obtenus pour l'effet des matériaux de construction sur les propriétés de la roche d'accueil, l'argilite ; sur la modélisation de la propagation de failles à travers des couches de roche différentes ; et sur la modélisation des flux d'eau à l'échelle du Bassin parisien.

En 2013, avant que l'Andra ne dépose une demande d'autorisation pour la création d'une installation de stockage, un débat public doit être organisé sur le stockage profond de déchets radioactifs de haute activité et de moyenne activité à vie longue. Ce stockage est envisagé dans la couche d'argilite du Callovo-Oxfordien (COx) en Meuse/Haute-Marne. Installé à plus de 500 mètres de profondeur, il doit garantir le confinement des radionucléides pendant plusieurs centaines de milliers d'années, tout en restant réversible pendant au moins 100 ans. L'IRSN mobilise son expertise, notamment en géochimie, géologie et hydrogéologieGLO, et effectue ses propres recherches afin d'instruire les sujets qu'il considère être des points-clefs pour la sûreté.

Après 15 ans, des composés à base de calcium apparaissent à l’interface argilite/ciment : calcites mais aussi silicates de calcium hydratés (C-S-H) ainsi que de l’ettringite (hydrate de sulfate, de calcium et d’aluminium, cristaux de ces photos), deux composés mis en évidence pour la première fois dans l’argilite.  
Après 15 ans, des composés à base de calcium apparaissent à l'interface argilite/ciment : calcites mais aussi silicates de calcium hydratés (C-S-H) ainsi que de l'ettringite (hydrate de sulfate, de calcium et d'aluminium, cristaux de ces photos), deux composés mis en évidence dans l'argilite.


 
Le stockage prévoit l'enfouissement des déchets dans des alvéoles de stockage creusées à l'horizontal puis tapissées ou bouchées à l'aide de béton. Ce béton (fabriqué à base de ciment commun) peut-il altérer les propriétés de confinement de l'argilite et à terme accélérer la migration des radionucléides vers la surface ? Inversement, les matériaux cimentaires risquent-ils d'être dégradés par l'argile, remettant en cause la durabilité des ouvrages et ainsi la réversibilité du stockage ? Pour renforcer l'expertise de l'Institut et apporter un questionnement pertinent, les chercheurs de l'IRSN ont d'abord étudié la minéralogie à l'interface argilite/ciment sur des échantillons prélevés dans la station expérimentale de Tournemire (Aveyron), dans d'anciens forages de prospection bétonnés au début des années 1990. Les éléments chimiques traversent l'interface ciment/argilite par diffusion via l'eau contenue dans les pores des matériaux : les hydroxydes de sodium, de potassium et de calcium contenus dans l'eau porale cimentaire (pH>13,2) diffusent vers l'argilite en créant un panache alcalin, et inversement les sulfates et carbonates de l'eau porale argileuse (pH neutre voisin de 7,5) diffusent dans le ciment, induisant une attaque multi-ionique.


[ Panache alcalin dans l'argilite ]

La diffusion dans l'argilite a été évaluée par signature isotopique, une méthode basée sur le rapport entre deux isotopes d'un élément chimique, ici le strontium (87Sr/86Sr) naturellement présent dans certaines phases du milieu argileux et cimentaire. Ce rapport, très différent dans les deux milieux, permet de mesurer la profondeur du panache alcalin : en 15 ans, il a diffusé sur une épaisseur d'argilite d'environ 3 cm, soit 3 fois plus que ne le laissaient penser les analyses chimiques réalisées avec d'autres techniques. Ces dernières ont par ailleurs permis de montrer que, dans cette zone, la minéralogie de l'argilite est modifiée (voir images).

Contrairement à ce qui était attendu, l'évolution minéralogique induite par la présence du béton diminue la porosité de l'argilite (de 10 % à 5, voire 3 %) sur environ 1,5 cm, probablement à cause de la formation importante de calcites et de silicates de calcium hydratés. Inversement, la porosité du ciment augmente au contact de l'argilite (de 40 à 60 %), en contradiction avec plusieurs autres études. Ce résultat serait dû à la qualité du contact béton/argilite et donc à la façon dont sont coulés les bétons. En modifiant ainsi la porosité de part et d'autre de l'interface, les interactions argilite-béton impactent les propriétés de transfert d'eau et de soluté de l'ensemble. Leur évaluation doit donc tenir compte des conditions de construction de l'ouvrage, ainsi que de l'évolution des conditions thermiques, hydrauliques et mécaniques environnantes. D'autres études s'achèvent actuellement sur l'interaction de l'argilite avec le fer.


  Exemples de failles analysées dans le bassin du Sud-Est : la première (photo A et son interprétation B) est confinée dans les calcaires, la seconde (C et D) s'est propagée dans les couches argileuses, amortie en bas dans les argiles, restreinte en haut par une faille horizontale.
  Exemples de failles analysées dans le bassin du Sud-Est : la première (photo A et son interprétation B) est confinée dans les calcaires, la seconde (C et D) s'est propagée dans les couches argileuses, amortie en bas dans les argiles, restreinte en haut par une faille horizontale.

[ Propagation des failles dans l'argile ]

À plus grande échelle, les formations géologiques présentent des hétérogénéités qui se manifestent notamment par des failles. Celles-ci pourraient éventuellement drainer préférentiellement les radionucléides depuis la couche d'argile contenant les déchets vers les formations calcaires aquifères supérieures ou inférieures. Ni l'imagerie sismiqueGLO ni les forages n'ont actuellement montré de faille dans la zone du stockage envisagé. Les chercheurs de l'IRSN s'interrogent toutefois sur les mécanismes de création et de propagation d'une faille dans l'argile depuis les couches calcaires encadrant la couche d'argile (alternances argilo-calcaires). Dans le cadre de sa thèse, Vincent Roche a étudié des failles normales (déplacements verticaux de 1 cm à 1 m) dans des alternances argilo-calcaires dans le bassin du Sud-Est(1), analogues géologiquesGLO au multicouche de Meuse/Haute-Marne mais avec des couches très peu épaisses (10 cm à 1 m), ce qui permet de les observer en totalité. À partir d'un recueil sur le terrain des données sur l'architecture des failles selon les propriétés des couches (géométrie, minéralogie, élasticité, friction, cohésion), un modèle conceptuel a été construit.


[ Initiation dans les calcaires... ]

Vincent Roche a ensuite pu généraliser ce modèle à tout multicouche argilo-calcaire, d'une part grâce à des données issues de la littérature ou obtenues sur d'autres analogues présentant des couches plus épaisses (Tournemire, Malte), d'autre part en analysant par simulation numérique la sensibilité(2) de son modèle aux propriétés des couches. Il a notamment montré que les failles s'initient dans les calcaires et que leur profondeur de propagation dans l'argilite dépend du déplacement de la faille (qui croît avec le temps) : les failles avec de faibles déplacements ne traversent pas l'interface ; les failles intermédiaires sont amorties dans l'argilite ; les plus importantes traversent plusieurs couches.


Dans les failles en extension (voir mouvement tectonique ci-dessus), les roches glissent le long de la faille provoquant un déplacement relatif vertical.  
Dans les failles en extension (voir mouvement tectonique ci-dessus), les roches glissent le long de la faille provoquant un déplacement relatif vertical.
 
[ ... et amortissement dans l'argilite ]

Il confirme ainsi que les failles normales ont tendance à s'amortir dans les couches argileuses, dans des proportions dépendant notamment de la teneur en argile. Son modèle permet de proposer une première estimation de la profondeur de propagation d'une faille normale, dont on connaîtrait le déplacement vertical dans les calcaires par investigation sismique. Il montre qu'en Meuse/Haute-Marne, des failles d'un déplacement vertical de 5 m dans les calcaires ne traverseraient pas la totalité du COx. Ce modèle nécessite d'être encore précisé et étendu en étudiant des failles réactivées par plusieurs épisodes tectoniques, notamment horizontaux, comme cela a pu être le cas dans l'histoire géologique de Meuse/Haute-Marne.


[ Modèle hydrogéologique ]

Quoi qu'il en soit, au bout de quelques centaines de milliers d'années, certains radionucléides ne seront plus confinés dans la couche argileuse et rejoindront les aquifères même par diffusion lente et en absence de faille. L'IRSN modélise ces écoulements d'eau pour savoir combien de temps mettra le panache de radioactivité à rejoindre la surface et quelle sera sa dilution. On connaît globalement l'empilement des couches géologiques plus ou moins aptes à laisser circuler l'eau dans le bassin sédimentaire de Paris (180 000 km² au Nord de la France), auquel appartient la région de Bure. Représenter les écoulements dans cette région suppose donc une modélisation hydrogéologiqueGLO de l'ensemble du Bassin. L'IRSN utilise pour cela un modèle développé depuis 1999 avec l'École des Mines ParisTECH. Il intègre notamment des données géologiques telles que profondeur, épaisseur et perméabilité des couches, déterminées par cartographie géologique, en forage et par prospection sismique.

  Maillage du modèle hydrogéologique représentant les couches du bassin de Paris.
  Maillage du modèle hydrogéologique représentant les couches du bassin de Paris.


[ Niveaux d'eau et de sel ]

Initialement, le modèle n'était « calé »GLO que sur les niveaux d'eau mesurés en forage dans les aquifères du bassin parisien. Pour accroître la précision du modèle, les chercheurs l'ont également calé sur les teneurs en sel contenues dans l'eau de ces forages : un double calage inédit à cette échelle. Pour obtenir des résultats cohérents, ils ont aussi tenu compte du phénomène thermohalin, c'est-à-dire l'influence de la température et de de la teneur en sel sur la circulation d'eau (plus l'eau est salée, plus elle est dense et plonge en profondeur).

Le modèle s'avère ainsi relativement représentatif des écoulements dans le Bassin de Paris et surtout dans la région de Bure. Les chercheurs ont notamment confirmé que d'importantes remontées de sel s'effectuaient à travers la faille de Bray, située au centre du bassin de Paris et qui met en connexion différents aquifères. Poursuivant dans cette voie, ils développent un nouveau modèle, cette fois à l'aide du code Mélodie(3) de l'IRSN, car ce dernier tient aussi compte du phénomène de diffusion, qui semble également influer sur la migration du sel dans le Bassin sédimentaire de Paris.

L'enjeu de la démonstration de sûreté à long terme d'un stockage réside dans la capacité à estimer comment les propriétés de confinement de ce stockage sont susceptibles d'évoluer. Ce, à différentes échelles de temps – du siècle jusqu'au million d'années - et d'espace – du colis de déchet jusqu'au bassin hydrogéologique. Grâce aux connaissances acquises en propre sur ces sujets, l'IRSN se prépare à évaluer la robustesse des arguments scientifiques que l'Andra apportera dans sa démonstration, en support de sa demande de création d'une installation de stockage dans le site de Meuse/Haute Marne.

Collaboration Centre de géosciences de l'École des Mines ParisTECH ; Université Pierre et Marie Curie (Paris VI), laboratoire ISTeP (Institut des sciences de la Terre de Paris).

Contacts :
Alexandre Dauzères
(Laboratoire d'étude et de recherche sur les transferts et les interactions dans les sols - Letis)
Amélie de Hoyos
(Bureau d'expertise et de recherche sur les installations de stockage - Beris)
Muriel Rocher
(Bureau d'expertise et de recherche sur les installations de stockage - Beris)
(1) Le Bassin du Sud-Est est limité à l'ouest par le Massif central, à l'est par le Jura et les Alpes.
(2) Modèle géologique 3DEC, très utilisé pour les milieux discontinus en présence de failles.
(3) Logiciel Mélodie : Modèle d'évaluation à long terme des déchets irradiants enterrés.
 
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