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Pour
l'IRSN, la recherche d'aujourd'hui est la sûreté nucléaire de
demain |
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L'enjeu central de la sûreté nucléaire n'est pas
d'assurer la seule conformité réglementaire des installations,
mais d'éviter, année après année, la survenue d'un
enchaînement malheureux de circonstances et d'incidents de
fonctionnement qui conduise à un accident très grave. En outre
la précaution élémentaire impose de se tenir prêt à faire face
aux effets d'un tel accident, pour en réduire les conséquences
pour le pays. Pour cela, la sûreté nucléaire repose sur une
démarche de progrès continu, encouragée par un cadre
réglementaire fixant des objectifs plutôt qu'imposant des
moyens, et imposant une pratique de revue critique (et
périodique) des démonstrations de sûreté des exploitants à la
lumière des avancées des savoirs et des technologies. Dans
l'organisation française, c'est l'IRSN qui est principalement
responsable de la mise en oeuvre de ces revues d'expert. Pour
les mener à bien, il s'appuie sur les deux piliers d'évolution
des savoirs que sont la recherche, et l'exploitation du retour
d'expérience du fonctionnement des installations et des
incidents, en général sans gravité, qui s'y produisent
régulièrement.
L'IRSN consacre à la recherche près de
la moitié de la subvention qu'il reçoit de l'État et mobilise
des partenaires français et étrangers et des financements
externes, pour être capable d'anticiper : identifier les
faiblesses ou susciter une meilleure protection contre les
accidents et leurs effets, fournir en cas de crise des
diagnostics et pronostics opérationnels et des mesures de
gestion des rejets, évaluer les situations d'exposition pour
prendre en compte les risques sanitaires, acquérir les données
expérimentales nécessaires au développement des outils
d'expertise notamment sous la forme de codes de calculs
indépendants.
Aktis, numéro après numéro,
illustre l'ampleur des thématiques à investiguer, et présente
les résultats marquants des travaux de l'Institut. Je vous en
souhaite une bonne lecture.
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Jacques
Repussard, Directeur général de l'IRSN
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Radiotoxicologie
Les
nanoparticules d'uranium traversent la barrière pulmonaire
La compréhension des effets biologiques de faibles doses de
rayonnements ionisants et des conditions dans lesquelles ils peuvent
avoir des conséquences pathologiques est une préoccupation sociétale
forte, en même temps qu'un défi scientifique très complexe. Pour
être à même d'y répondre, l'IRSN mène des recherches expérimentales.
Une étude récente a permis de suivre le cheminement in vivo
de nanoparticules d'uranium dans un organisme suite à une inhalation
ponctuelle, cas particulier de mode d'exposition.
Sur un plan sanitaire, la part de toxicité due aux rayonnements
ionisants lors d'une contamination interneGLO
par inhalation de nanoparticules d'uranium appauvri (de taille
inférieure à 100 nanomètres, nm) est négligeable. En revanche, ces
particules peuvent conduire à une toxicité liée à l'inflammation
qu'elles peuvent engendrer dans les organes où elles se déposent.
Pour analyser cette toxicité, deux types d'expériences in
vivo avaient été menées par le passé : des instillations
de nanoparticules d'actinides directement dans les poumons via la
trachée ; des contaminations par inhalation de radioéléments de
taille supérieure à 100 nm ou de nanoparticules mais non
radioactives. Récemment, l'IRSN a complété ces expérimentations.
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10 mn après l'inhalation,
les particules d'uranium sont présentes dans les alvéoles
pulmonaires, certaines ont pénétré dans le tissu pulmonaire et
se logent notamment sur les fibres de collagène et dans les
capillaires sanguins. | [ Nanoparticules
inhalées ] Pour la première fois, l'IRSN
a étudié la contamination interne chez des animaux suite à
l'inhalation de nanoparticules d'actinide (dioxyde d'uranium,
UO 2). Trois groupes de 18 rats ont inhalé pendant une
heure un aérosol d'UO 2 (à raison de 10 7
particules par cm 3 de 38 nm de diamètre médian). Des
échantillons de rein, os, sang, poumon, cerveau ont été prélevés
immédiatement, 4 h, puis 24 h après la fin de l'inhalation
et analysés en microscopie électronique et spectrométrie de masse.
[ Passage sous forme
solide ] Premier constat :
conformément aux modèles d'inhalation de particules d'uranium
développés par la CIPR GLO
pour la radioprotection des travailleurs de l'industrie nucléaire,
27 % de la masse totale de nanoparticules inhalées se déposent
dans l'arbre respiratoire, en majeure partie au fond des poumons.
Deuxième constat : une partie des nanoparticules
d'UO 2 traverse la barrière pulmonaire sous forme solide,
alors que les modèles biocinétiques GLO
d'épuration pulmonaire, qui simulent le transfert des particules
d'uranium du poumon vers d'autres organes via le sang, prévoient que
les particules sont solubilisées dans les fluides biologiques avant
de passer dans le sang. Ces nanoparticules sous forme solide forment
des agrégats (5 à 47 nm de diamètre médian) qui s'adsorbent sur
les membranes des globules rouges. C'est la première fois qu'un tel
résultat est observé. Troisième constat : le passage de
l'uranium dans le sang après inhalation de nanoparticules
d'UO 2 est plus rapide (1) que ne le prévoient
les modèles biocinétiques. Cette persistance d'une partie importante
des particules dans le poumon pourrait accroitre les risques
d'inflammation in situ. Il reste à préciser quelle
proportion de nanoparticules est solubilisée et quel est l'impact de
la partie qui reste sous forme solide.
Contact :
Fabrice Petitot (Laboratoire de radiotoxicologie
expérimentale - LRTox)
(1)
1/5ème traverse la barrière pulmonaire en quelques heures
(demi-vieGLO
de 2,4 h), le reste est épuré plus lentement (demi-vie de 141,5
jours) avant d'atteindre les os et les reins.
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ADAPTATION
Différenciation génétique d'une population au cours du
temps, permettant d'améliorer ses chances de survie dans un
environnement spécifique.
BASSIN
VERSANT
Aire délimitée par des lignes de partage des eaux, à
l'intérieur de laquelle toutes les eaux tombées alimentent un
même exutoire (par ex. la Manche pour le bassin versant de la
Seine).
CIPR
Commission internationale de protection radiologique.
CONTAMINATION
INTERNE
On parle de contamination interne lorsque des
radioéléments entrent dans un corps vivant, que ce soit par
inhalation (poussières, gaz, nanoparticules...), ingestion ou
lorsqu'une plaie cutanée est souillée par des produits
radioactifs.
DEMI-VIE
D'ÉPURATION PULMONAIRE
Temps nécessaire pour que la moitié des particules soit
éliminée du poumon vers le sang ou par remontée dans l'arbre
respiratoire puis expulsion vers l'appareil digestif.
GDR
MOMAS
Groupement de recherche « Modélisation et simulation
mathématiques pour le stockage ».
GDR
FORPRO
Groupement de recherche « Formations géologiques
profondes ».
GDR
GEPEDEON
Groupement de recherche « Gestion des déchets et
production d'énergie par des options nouvelles ».
GÉNÉTIQUE
QUANTITATIVE
Partie de la génétique qui s'intéresse aux caractères
quantitatifs à variation continue (poids, longueur, fertilité,
croissance, etc.). Elle fait appel à des outils mathématiques
et dans de nombreux cas à la mise en place de plans
expérimentaux spécifiques pour, en particulier, distinguer la
part génétique de la part environnementale dans l'expression
d'un phénotype donné (par ex. la taille).
GNR
TRASSE
Groupement national de recherche « Transferts des
radionucléides dans le sol, le sous-sol et vers les
écosystèmes ».
MODÈLES
BIOCINÉTIQUES
Ils permettent de simuler en fonction du temps la
pénétration dans le corps humain, la distribution et
l'élimination des éléments radioactifs.
PROGRAMME
PACEN
Programme sur l'aval du cycle et l'énergie nucléaire.
STRESSEUR
Facteur qui peut être une caractéristique de
l'environnement (augmentation de température, de la salinité,
manque d'eau ou de nourriture…) ou un polluant (chimique,
radiologique), qui induit un stress sur un organisme.
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PRIX
Meilleur poster Animma 2013
Donovan Maire, doctorant au Laboratoire de
métrologie et de dosimétrie des neutrons (LMDN) de l'IRSN, a
reçu le prix du meilleur poster pour celui qu'il a présenté
lors du congrès Animma 2013 sur son travail de thèse, et
intitulé μ-TPC: a future standard instrument for low
energy neutron field characterization.
+++ En
savoir plus sur le meilleur poster Animma 2013.
Meilleur poster Spectr'Atom 2013
Azza Habibi, doctorante à l'IRSN, a reçu le
prix du meilleur poster dans la catégorie étudiant, lors du
congrès Spectr'Atom 2013, qui s'est déroulé du 25 au 28 juin
2013 au Québec. Le poster présentait l'analyse de l'uranium et
du thorium dans des échantillons environnementaux par un
couplage chromatographie liquide/ ICP-MS.
+++ En
savoir plus sur le meilleur poster Spectr'Atom
2013.
COLLABORATIONS
En radioprotection
L'Europe de la
recherche en radioprotection poursuit sa construction :
deux des projets récemment sélectionnés par la Commission
européenne pour organiser la recherche sur les faibles doses
et sur la radioécologie ont démarré. Le projet Operra (Open
Project for European Radiation Research Area), lancé le 18
juin, prépare une structure de coordination et d'intégration
de la recherche européenne en radioprotection. Quant au projet
Comet, lancé le 29 août, il développe son pendant en
radioécologie, en vue de l'intégrer in fine à
Operra.
+++ En
savoir plus sur les collaborations en radioprotection.
En sûreté
Le réseau
d'excellence européen Sarnet de recherche sur les accidents de
fusion du coeur, et piloté par l'IRSN, est désormais intégré à
la plateforme européenne Nugenia de recherche sur les
réacteurs nucléaires. Du 2 au 4 octobre, un séminaire a permis
de faire le bilan des 9 années d'activité fructueuse de ce
réseau précurseur.
+++ En
savoir plus sur les collaborations en
sûreté.
RENDEZ-VOUS
SNA & MC 2013
L'IRSN
présentera une dizaine de posters au congrès international sur
l'utilisation des supercalculateurs dans le nucléaire et les
applications Monte-Carlo (Supercomputing in Nuclear
Applications and Monte Carlo - SNA & MC), organisé à Paris
du 27 au 31 octobre 2013.
+++ En
savoir plus sur SNA & MC 2013.
Journée des thèses
Les
Journées des thèses 2013 de l'IRSN sont un séminaire
résidentiel qui permet aux doctorants de l'Institut de
présenter leurs travaux. Elles ont lieu cette année du 14 au
17 octobre 2013 sur la Presqu'île de Giens.
+++ En
savoir plus sur les Journées de thèses 2013.
Eurosafe
Forum annuel sur la
sûreté nucléaire et la radioprotection, Eurosafe se tiendra
les 4 et 5 novembre prochains à Cologne. La thématique
principale en est la sûreté des déchets nucléaires.
+++ Le site
du forum Eurosafe.
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Radioécologie
L'adaptation
à un stress induit un « coût » pour la survie
Les préoccupations sociétales dans le domaine de l'écologie, dont la
nécessité de préserver la biodiversité, contribuent à faire émerger un
système de radioprotection contre les rayonnements ionisants spécifique à
l'environnement. Dans ce cadre, l'IRSN mène des recherches sur l'effet
génétique de l'exposition chronique à des radionucléides, seuls ou en
combinaison avec d'autres types de stresseursGLO.
Quelle est l'évolution à long terme de populations animales exposées de
manière chronique à de faibles doses de stresseurs ? Morgan Dutilleul
a étudié durant sa thèse les évolutions de populations de vers
Caenorhabditis elegans(1) soumises à deux stresseurs
(un radioélément, l'uranium, en combinaison ou non avec un stress salin ou
un stress thermique) en utilisant des techniques de génétique
quantitativeGLO.
[ Stratégies
adaptatives ]
Il a d'abord cherché à
discriminer la part génétique de la part environnementale dans les effets
que l'adaptationGLO
aux stresseurs génère sur les vers. Six populations de 500 individus ont
été élevées dans des boîtes différentes en laboratoire dans un
environnement pollué avec de l'uranium, six autres avec du sel, et les six
dernières sans stresseur. Les concentrations d'exposition ont été choisies
pour que la fertilité baisse de 60 % à la première génération, ce qui
induit une forte sélection pouvant mener à une évolution génétique. Dans
chaque population, la descendance a été prélevée et placée dans une
nouvelle boîte avec le même stresseur. L'opération a été répétée 22 fois
de suite. Toutes les 3 générations, des caractères tels que la fertilité
(nombre d'oeufs) ou la croissance (entre 0 et 96 h) ont été mesurés.
Pour les populations soumises à l'uranium, une adaptation est apparue dès
la 6ème génération : individus plus fertiles, de
croissance plus rapide et un temps de génération plus court. Le stress
salin induit, par contre, la sélection d'individus ayant un temps de
génération plus long et une fertilité réduite.
[ Coût de
l'adaptation ]
À la 18ème
génération, une autre expérience (dite de translocation réciproque) a été
également menée pour évaluer l'effet consécutif de deux stresseurs. Une
partie des C. elegans soumis à l'uranium a été placée dans un
environnement salé ou plus chaud durant trois générations, inversement
pour les vers élevés dans le sel. Résultat : la population élevée
dans l'uranium supporte bien le sel mais pas l'augmentation de la
température ; celle élevée dans le sel ne supporte ni l'uranium, ni
l'augmentation de température. Les populations exposées ont donc mis en
place une stratégie adaptative spécialisée pour un stresseur, mais qui
diminue leur capacité à en supporter d'autres.
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Morgan Dutilleul prépare des
boîtes de culture pour C. elegans. Gros plan : vue d'une
population de C. elegans : on distingue des oeufs, des larves
et des individus adultes. |
Si ce schéma d'adaptation est spécifique aux C. elegans
(d'autres organismes pourraient évoluer différemment(2)), ces
résultats mettent en évidence la part génétique dans l'évolution d'une
population modèle face à un stresseur. Ils montrent de plus qu'elle induit
un coût sur les capacités de cette population à s'adapter à un nouveau
stresseur, et une baisse de sa probabilité de survie.
Chaire de recherche du Canada en écologie
comportementale (Département des sciences biologiques, Université du
Québec, Montréal) ; Laboratoire de toxicologie de la Faculté de
pharmacie (Université de Montpellier 1).
Contact :
Jean-Marc Bonzom (Laboratoire d'écotoxicologie des radionucléides
- Leco)
(1) Très
petit organisme dont la longévité est d'environ 21 jours à 20°
C.
(2) Voir
les travaux de l'IRSN sur le poisson zèbre ou la daphnie.
Radioécologie
La
mémoire sédimentaire de la Seine révèle 50 années de pollution
Gérer les conséquences d'une pollution industrielle repose en grande
partie sur des modèles capables de décrire et de modéliser les transferts
de polluants dans l'environnement, notamment les fleuves. Pour la première
fois, l'IRSN est parvenu à reconstituer avec précision les flux de
polluants d'un bassin versant, celui de la Seine.
Il existe peu d'archives anciennes sur les polluants dans les fleuves.
Cependant, dans certaines zones d'accumulation de sédiments, l'analyse de
carottages sur quelques mètres de profondeur peut révéler l'historique et
les sources des contaminations fluviales. C'est ce qu'a pu réaliser Anne
Vrel durant sa thèse, en s'intéressant à 55 éléments stables et 18
radionucléides, sur le bassin versantGLO
de la Seine sur la période 1960-2010.
[ Concentrations
élevées ]
Trois sites de sédimentation qui
permettent de faire la part des polluants venant de l'amont de Rouen, de
sa zone industrielle et de ceux venant de l'aval, ont été carottés (voir
carte). Les sédiments ont été précisément datés grâce aux pollutions
historiques connues(1). Et il a pu être montré que la
concentration relevée dans les carottes est égale à celle portée par les
particules du fleuve. Ainsi, les prélèvements à Bouafles et à la darse des
Docks ont permis de reconstituer l'évolution des concentrations de
polluants sur un demi-siècle. A. Vrel a pu attribuer des concentrations
anormalement élevées en métaux et radionucléides (ceux de la série de
l'uranium 238, notamment) à des rejets directs provenant de deux usines
d'engrais phosphatés. Les radionucléides massivement rejetés dans le
fleuve par cette activité dans les années 70-80 y sont décelables jusqu'en
2000. On y trouve aussi des traces de radionucléides dont la signature
s'identifie à des rejets provenant d'installations nucléaires.
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Trois sites sédimentaires ont été
étudiés : la darse des Docks, ancien bassin portuaire,
influencé par les rejets industriels intra-estuariens et par des
particules marines ; Bouafles, une plaine d'inondation soumise
à la seule contamination fluviale ; la vasière Nord, qui
enregistre les polluants de la Seine et de l'usine de traitement des
combustibles nucléaires usés de La
Hague. |
[ Chronique de
dépôts ]
Pour compléter l'analyse, la
doctorante a cherché à identifier dans ses carottes la part de polluants
provenant du lessivage du bassin versant du fleuve par les pluies. Elle
s'est intéressée en particulier aux retombées atmosphériques des essais
nucléaires et de l'accident de Tchernobyl. Elle a établi une chronique des
dépôts de césium 137 et simulé le lessivage en testant plusieurs
cinétiques. Comme les concentrations en césium dans les sédiments sont
égales aux concentrations qui ont transité dans le fleuve, elle a pu
mettre en évidence que la fraction de césium qui peut être entrainé par
les pluies représente moins de 1 % de l'ensemble des dépôts
(99 % du césium reste sur place), un résultat cohérent avec ceux
obtenus dans d'autres pays, et cela avec deux cinétiques(2).
Ce travail a confirmé qu'il est possible de reconstituer un
historique des pollutions fluviales à partir de l'analyse des sédiments
carottés. De plus, il montre que le lessivage de retombées radioactives
sur un bassin versant est un processus lent (plusieurs décennies), ne
concernant qu'une faible fraction de l'activité déposée, même s'il peut
induire des flux de contaminants significatifs vers les fleuves et vers
l'océan.
Universités de Caen et Rouen, Laboratoire de
morphodynamique continentale et côtière (M2C, UMR CNRS 6143), Laboratoire
des sciences du climat et de l'environnement (LSCE- CEA), UMR Sisyphe
(Université Paris 6).
Contact :
Dominique Boust (Laboratoire de radioécologie de
Cherbourg-Octeville - LRC)
(1)
Retombées des essais nucléaires aériens des années 1960 et de l'accident
de Tchernobyl en 1986, rejets industriels.
(2) Le
lessivage s'opère selon deux cinétiques dont les périodes caractéristiques
sont de l'ordre de 16 mois et 46 ans, pour 0,16 % et 0,54 % de
la quantité de césium déposée, respectivement.
Déchets
radioactifs - Radioécologie - Sûreté nucléaire
Le
défi Needs, nouveau cadre partenarial pour des recherches
pluridisciplinaires sur le nucléaire
Needs (pour « Nucléaire : énergie, environnement, déchets,
société ») est ce que le CNRS appelle un défi. Ce programme multi et
inter-disciplinaire s'inscrit sur le long terme et vise à mettre l'homme
et la société au coeur de la réflexion scientifique. Il s'agit de répondre
à un besoin sociétal et de favoriser l'émergence de nouveaux champs
disciplinaires. L'IRSN en est partie prenante pour apporter sa vision et
son savoir-faire et pour alimenter ses propres connaissances, nécessaires
pour maintenir son expertise au meilleur niveau.
Depuis avril 2012, les recherches interdisciplinaires sur le nucléaire
ont pris une plus grande ampleur au niveau national avec le défi Needs.
Cette nouvelle forme de collaboration affirme une double volonté :
d'une part, améliorer la visibilité et donner un cadre de cohérence à des
travaux menés dans le domaine du nucléaire par le monde académique, les
industriels et l'IRSN ; d'autre part, y intégrer les sciences
humaines et sociales (SHS) pour insérer dans ces travaux des aspects de la
relation entre la société, la nature et la technologie nucléaire. Needs,
prévu pour 5 ans renouvelables, comporte sept projets fédérateurs
cofinancés annuellement par les partenaires à hauteur de 2,5 à 2,6 M€
par an, dont environ 1 M€ par le CNRS.
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L'IRSN
pilote le sous-projet « Études des effets chroniques de
l'accident de Fukushima sur la biologie d'un amphibien,
Hylajaponica. Approche multiéchelle : des gènes à l'écologie
comportementale (AsHyla) » dans le cadre du projet fédérateur
« Impact des activités nucléaires sur
l'environnement ». |
[ Lien entre
recherches finalisée et
fondamentale ]
L'Institut est impliqué dans
quatre de ces projets fédérateurs et copilote celui sur l'environnement.
Le directeur scientifique de l'IRSN, Giovanni Bruna, a été invité à
participer au conseil scientifique de Needs, en tant qu'expert des
problématiques de recherche sur la sûreté nucléaire. Des premiers projets
ont été initiés dès 2012, d'autres viennent de débuter suite à l'appel à
projets de mars 2013. Financés pour un an, ils associent des équipes
mixtes universitaires/CNRS à des équipes partenaires.
Needs prend
le relais du programme PacenGLO
qui fédérait déjà les recherches du CNRS sur le nucléaire. L'IRSN menait
dans ce contexte, depuis 2007, une collaboration fructueuse sur le
transfert des radionucléides dans l'environnement et le confinement des
déchets nucléaires (dans le cadre du GNR TrasseGLO)
et était engagé dans un groupement de recherche consacré à la modélisation
du stockage (avec le GDR MomasGLO).
Une façon privilégiée de faire le lien entre recherches finalisées et
fondamentales et d'intéresser des équipes affiliées au CNRS aux
thématiques de l'Institut.
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La
Station expérimentale de Tournemire (Aveyron) de l'IRSN sert de
support au sous-projet « PétroFabrique et Autocolmatage des
Argilites » du projet fédérateur « Comportement aux
différentes échelles des matériaux pour le
stockage ». |
[ Déchets
radioactifs et milieux poreux ]
Dans le domaine
du stockage géologique de déchets radioactifs, Needs a conduit à
rapprocher les recherches conduites par le CNRS, d'une part avec l'IRSN au
sein du GNR Trasse et d'autre part avec l'Andra, dans celui du GDR
ForproGLO :
au travers du nouveau projet fédérateur Mipor(1), les trois
organismes ont décidé de s'associer pour étudier les milieux poreux
constitutifs du stockage et renforcer la robustesse des prédictions à long
terme. Le projet mobilise des approches innovantes afin d'étudier la
structure des argiles et des bétons et les phénomènes physicochimiques qui
en gouvernent les propriétés, depuis l'échelle du nanomètre jusqu'aux
échelles supérieures au micromètre. Mipor bénéficie des moyens
d'observation et des compétences en recherche fondamentale du CNRS.
L'IRSN, qui participe à 3 des 16 sous-projets déjà engagés, apporte la
connaissance des argiles naturelles et de leurs interactions avec les
ciments issue des recherches menées dans sa station expérimentale de
Tournemire (Aveyron) mais également sa compréhension des enjeux de sûreté.
[ S'enrichir
grâce aux approches plus fondamentales ]
Le
lancement de Needs a aussi été l'occasion d'étendre les coopérations de
recherche, de réaffirmer l'importance de connecter recherche fondamentale
et finalisée en initiant de nouveaux sujets. C'est le cas notamment du
projet fédérateur sur l'environnement(2), désormais reconnu
comme une thématique à part entière. L'IRSN aura ainsi l'opportunité
d'enrichir les réponses à ses questionnements grâce à des contributions
issues d'approches plus fondamentales, en abordant les mécanismes
physiques jusqu'à l'échelle atomique et en affinant les modélisations.
L'enjeu de ces recherches, co-pilotées par l'IRSN et le CNRS, est de mieux
évaluer les conséquences environnementales de substances radioactives et
de toxiques chimiques issus de l'industrie nucléaire. Les travaux se
dérouleront sur quatre sites d'expérimentation (Fukushima, Tchernobyl,
l'environnement de l'ancien site minier des Bois Noirs (Loire) et
l'observatoire de l'Andra à Bure). L'IRSN est impliqué dans 10 des 14
sous-projets retenus en 2013 dans le cadre du projet fédérateur
« Environnement ». Ils portent notamment sur la recherche de
marqueurs environnementaux des rejets nucléaires, la modélisation des
mécanismes de transfert et de leurs effets sur les écosystèmes, la
métrologie.
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Évolution de la distribution de la
concentration en Uranium 235 en fonction de l'irradiation de crayons
de combustible coupés en 8 tranches homogènes : en haut
distributions attendues, en bas distributions simulées. Le projet
M2C2 de Needs, piloté par l'IRSN dans le cadre du projet fédérateur
Systèmes nucléaires et scénarios, a pour objectif d'étudier des
solutions pour pallier la divergence non physique que produit la
simulation couplant Monte Carlo et
Evolution. |
[ Éclairage
d'expert en sûreté et radioprotection ]
L'IRSN
va accéder à de nouveaux champs de connaissance via Needs. Il va aussi
apporter au CNRS et à ses partenaires ses compétences spécifiques et son
éclairage d'expert en sûreté nucléaire et en radioprotection dans les
projets auxquels il participe. L'Institut intègre par exemple le projet
fédérateur qui concerne les systèmes nucléaires(3), des
recherches menées jusque-là dans le cadre du GDR GedepeonGLO
de Pacen. L'Institut participe à 4 des 24 sous-projets retenus, portant
sur l'amélioration des méthodes de calculs neutroniques, la sûreté des
réacteurs de 4ème génération et les scénarios de développement
de ces réacteurs et des cycles du combustible associés. L'IRSN pilote l'un
de ces projets.
Enfin, avec le projet fédérateur sur les risques
et la société(4), Needs s'ouvre aux problématiques du domaine
social, éthique, politique, et les rapports entre connaissance et société,
problématiques que l'accident de Fukushima a mis en lumière. L'Institut
est partenaire de ce projet dont le programme scientifique est dans la
lignée de ses propres recherches dans le domaine des SHS. Travailler sur
ce sujet jusque-là peu étudié, qui plus est en collaboration avec les
autres partenaires de l'énergie nucléaire, sera assurément porteur de
nouvelles connaissances, utiles aux différents partenaires de Needs en
fonction de leurs rôles respectifs.
Contact :
Matthieu Schuler (Direction de la stratégie, du développement et
des partenariats - DSDP)
(1)
Partenaires du projet fédérateur Mipor : CNRS, Andra, CEA, EDF, IRSN,
BRGM.
(2) Projet
fédérateur sur l'environnement : Impact des activités nucléaires sur
l'environnement (IRSN, CNRS, Andra, EDF).
(3) Projet
fédérateur qui concerne les systèmes nucléaires : Systèmes nucléaires
et scénarios (CNRS, CEA, Areva, IRSN, EDF).
(4) Projet
fédérateur sur les risques et la société : Nucléaire, risques et
société (CNRS, Andra, EDF, IRSN).
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