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Une
recherche en lien avec l'expertise |
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L'une des missions régaliennes de l'IRSN est l'appui
technique auprès des autorités françaises en matière de sûreté
et sécurité nucléaires ainsi que de radioprotection.
L'Institut dispose de larges capacités humaines et matérielles
pour appréhender et traiter toute situation et problématique
en matière de risque.
Une R&D appliquée est
nécessaire pour soutenir l'expertise, maintenir les
compétences et améliorer les techniques. C'est notamment le
cas en métrologie, comme en témoigne l'article sur les deux
systèmes de détection innovants pour quantifier l'énergie des
neutrons. Ils ont été développés au Laboratoire de métrologie
et de dosimétrie des neutrons (LMDN) de l'IRSN, laboratoire
primaire national, référence pour la dosimétrie des neutrons.
C'est aussi le cas dans le domaine de la modélisation
et des logiciels, courroies fondamentales de l'évaluation du
risque. Le focus de ce numéro montre que la recherche, ici sur
une technique de modélisation inverse, permet d'améliorer
l'exploitation des données, et de mieux reconstituer les
retombées d'un accident : ces informations sont
nécessaires pour la gestion de la crise.
Condition
indispensable pour que l'action publique prévue par les textes
législatifs et réglementaires puisse s'exercer efficacement,
l'expertise de l'IRSN doit être maintenue au meilleur niveau,
et pour cela, l'Institut doit se prévaloir d'une recherche
propre, en lien direct avec les besoins de l'expertise et pour
l'acquisition et le maintien des connaissances. |
Giovanni
Bruna, Directeur scientifique
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Métrologie
- Radioprotection
Des
détecteurs de référence pour caractériser les flux de neutrons
Le Laboratoire de métrologie et de dosimétrie des neutrons (LMDN)
de l'IRSN est le laboratoire français de référence en matière de
métrologie des neutrons : depuis plus de dix ans, il est
associé au Laboratoire national de métrologie et d'essais (LNE).
Pour fournir des références, les plus exactes possibles et
indépendantes de celles des laboratoires nationaux étrangers, le
LMDN développe, entre autres, deux systèmes de détection
innovants.
La dosimétrie des neutrons demeure un enjeu important en
radioprotection dans différents secteurs d'activité comme
l'industrie nucléaire, le médical (hadronthérapie) ou la recherche.
De par leur nature, les neutrons sont difficiles à mesurer car ils
interagissent peu avec la matière ; de plus, leur gamme est
très étendue en énergie, de 10-3 à plus de
108 eV. Les différentes techniques développées afin
de couvrir l'ensemble des besoins nécessitent d'être caractérisées
et étalonnées auprès de champs de neutrons de référence. C'est
pourquoi l'IRSN est chargé de produire et maintenir des champs
neutroniques de référence. L'accélérateur Amande(1)
fournit de tels champs, mono-énergétiquesGLO
et d'énergie comprise entre 2 keV et 20 MeV.
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Premier prototype du
détecteur à protons de recul TPR-CMOS, pour les particules
dont l'énergie est comprise entre 5 et 20 MeV, construit en
2009.
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Pour les caractériser, Lena Lebreton développe des détecteurs
efficaces (avec la meilleure probabilité de détection), mesurant la
distribution de la fluenceGLO
en fonction de l'énergie des neutrons. Afin que cette mesure soit
considérée comme référence, le défi est de l'obtenir sans étalonner
au préalable le système avec une source de neutrons. Ceux-ci n'étant
pas directement détectables, ce sont des particules secondairesGLO
produites lors des chocs des neutrons avec la matière, tels que les
protons de recul, qu'il faut détecter : la mesure de leur
énergie et leur angle d'émission permettent de reconstruire, par le
calcul, l'énergie du neutron incident.
[ Des systèmes les plus
efficaces possible ]
Un détecteur de
protons de recul se compose d'un convertisseur de neutrons en
protons par collision et d'un détecteur de protons qui permet de
remonter aux caractéristiques du champ neutronique. Mais la
probabilité de conversion est très faible. Pour concevoir des
détecteurs efficaces, trois doctorants ont travaillé dans l'équipe
depuis 2006. Objectif : détecter le maximum de protons de recul
en agrandissant la zone de détection, une évolution rendue
envisageable par des nouvelles technologies utilisées en physique
des particules. Les recherches ont été orientées vers des systèmes à
localisation : les capteurs sont beaucoup plus grands et
permettent de quadriller la surface de détection avec précision,
quel que soit l'angle d'émission. Un premier doctorant, Amokrane
Allaoua (2006-2009), a évalué les solutions en lice. Il en a conclu
que deux détecteurs étaient nécessaires pour couvrir toute la gamme
en énergie d'Amande. Les deux doctorants suivants, financés en
partie par le LNE, ont développé, avec l'aide d'équipes du CNRS,
chacun un système, testé et optimisé sur Amande. Un travail
important a également été fait pour quantifier et réduire les
incertitudes de mesure.
[ À base de
convertisseur solide ]
Julien Taforeau,
qui a soutenu sa thèse fin 2013, a mis au point un prototype pour
les hautes énergies (5 à 20 MeV), qui s'avère 10 à 100 fois
plus efficace que les systèmes existants(2). Il a utilisé
des capteurs CMOSGLO
développés par le CNRS (IPHC) pour la détection de particules en
physique des ions lourds. Dans ce détecteur, dénommé TPR-CMOS, les
neutrons sont « convertis » en protons sur une cible de
polyéthylène. Chaque proton de recul créé traverse ensuite trois
capteurs pixélisés CMOS.
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Mesures faites avec le
TPR-CMOS devant plusieurs champs mono-énergétiques d'Amande et
pour différentes épaisseurs de
convertisseur.
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Au niveau d'un pixel, le proton crée une charge d'ionisation qui
permet de le détester et de connaitre sa position. Avec les trois
positions successives, la trajectoire du proton, donc son angle
d'émission, est déterminée. Quant à son énergie, elle est mesurée
grâce à une diode au silicium. La solution est néanmoins complexe à
mettre en oeuvre. L'épaisseur des capteurs doit notamment être
affinée à 50 micromètres pour que les protons puissent les traverser
sans être arrêtés. Pour pérenniser et optimiser ce détecteur, l'IRSN
fait développer des capteurs CMOS dédiés. Ils devraient être prêts
en juin 2014. Le dispositif complet (convertisseur, capteurs, diode,
électronique) est prévu pour la fin de l'année.
[ Pixels
micrométriques ]
Dans la gamme des basses
énergies, les neutrons seraient arrêtés dès le premier capteur CMOS.
Après une étude bibliographique, le même principe a été retenu mais
avec des convertisseurs gazeux, une solution inspirée des chambres
d'ionisation. Les électrons d'ionisation, générés par les protons de
recul, sont collectés sur une anode : le courant produit permet
de déduire l'énergie des protons de recul.
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Prototype de détecteur à
protons de recul μTPC pour les particules à basse énergie,
comprise entre 8 keV et
1 MeV.
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Pour suivre la trace de chacun et connaitre son angle d'émission,
l'équipe a imaginé « pixelliser » cette anode et prendre
des images successives des impacts des électrons. Amokrane Allaoua a
travaillé avec une équipe de physique des particules du LPSC de
Grenoble qui avait développé de telles solutions, baptisées chambres
à projection temporelle (ou TPC en anglais). Dans le cadre d'un
projet ANR (2007-2009), ils ont mis au point une électronique très
rapide (une image toutes les 20 ns) et les premiers éléments
d'un détecteur. Donovan Maire a pris le relais en 2012. Ses premiers
résultats lui ont déjà valu le prix du meilleur poster au congrès
Animma 2013. Le système complet, baptisée μTPC car ses pixels sont
micrométriques, comprend un gaz hydrogéné dans une enceinte sous
atmosphère contrôlée à très basse pression (50 mbars absolus)
pour que le trajet de chaque proton soit le plus long possible. Il
permet de bien suivre la trace des protons de 8 keV à
1 MeV. Le doctorant espère avoir des mesures exploitables d'ici
à la fin de l'année. L'IRSN disposera bientôt de spectromètres
étalons complétant le dispositif actuel constitué d'un long compteur
(pour la mesure de la fluence intégrale) et de la technique du temps
de vol (pour la mesure de l'énergie). Il restera alors à trouver des
solutions pour déterminer la distribution en énergie de référence en
dessous de 8 keV et entre 1 et 5 MeV : un nouveau
défi, compte tenu des verrous scientifiques et technologiques
actuels.
Laboratoire national de métrologie et d'essai
(LNE) ; Institut pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC) -
CNRS/ IN2P3 Strasbourg ; Laboratoire de physique subatomique et
de cosmologie (LPSC) - CNRS/IN2P3 Grenoble.
Contact :
Léna Lebreton (Laboratoire de métrologie et de
dosimétrie des neutrons - LMDN)
(1)
Accélérateur pour la métrologie et les applications neutroniques en
dosimétrie externe, inauguré en 2005.
(2)
Compte tenu de la très faible probabilité de collision (donc de
création de protons) et de sa probabilité de détection, le système
du PTB (Physikalisch-Technische Bundesanstalt), laboratoire national
allemand, détecte au mieux 2 protons pour 100 000
neutrons.
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ACTIVITÉ
SURFACIQUE
Activité par unité de surface. Représente ici, la quantité
d'un radionucléide déposée sur le sol par unité de surface
(unité : Bq/m2).
ACTIVITÉ
VOLUMIQUE
Activité par unité de volume d'un matériau ou d'un fluide.
Représente ici, la concentration d'un radionucléide dans l'air
(unité : Bq/m3).
CAPTEURS
CMOS
Détecteurs en silicium sur lesquels a été implantée de la
microélectronique suivant la technologie CMOS
(Complementary Metal Oxide Semiconductor). Ils sont
utilisés pour de nombreuses applications telles que les
appareils photo numériques mais aussi dans de nombreuses
applications scientifiques.
CHAMPS
NEUTRONIQUES MONO-ÉNERGÉTIQUES
Produits à partir d'un accélérateur d'ions et d'une cible
choisie, ces champs sont centrés sur une énergie donnée
variable dans une large gamme. Ils permettent d'étudier la
réponse en énergie des détecteurs de façon très précise.
EAU
PORALE
Eau contenue dans les pores de l'argilite.
ÉVENTAGE
En cas d'accident, c'est la libération, éventuellement via
des systèmes de filtration, de l'air sous-pression contenu
dans l'enceinte de confinement du réacteur. L'opération,
volontaire ou non, fait baisser la pression dans l'enceinte
mais engendre des rejets dans l'environnement.
FLUENCE
Nombre de particules incidentes par unité de surface
(m-2).
MODÉLISATION
INVERSE
Résolution d'un problème inverse par la modélisation. Un
problème inverse est une situation dans laquelle on tente de
déterminer les causes d'un phénomène à partir des observations
expérimentales de ses effets. La modélisation peut s'approcher
des observations en s'écartant des paramètres réels. Des
contraintes ou des a priori doivent être ajoutés pour réduire
l'espace des possibilités et aboutir à une solution unique.
PARTICULES
SECONDAIRES
Lorsque les neutrons entrent en collision avec la matière,
ils produisent, avec une certaine probabilité, de nouvelles
particules dites secondaires (protons, alpha, carbone,
électron). Ce sont ces particules ionisantes qui génèrent des
dégâts dans la matière, par exemple dans les cellules
humaines.
SITES
INTERSTITIELS
Dans un cristal, des motifs (atomes, ions ou molécules)
sont situés aux noeuds d'un réseau. Les espaces entre ces
noeuds sont appelés sites interstitiels. Des atomes étrangers,
tels que le carbone, peuvent se glisser dans ces interstices.
STRESSEUR
Facteur qui peut être une caractéristique de
l'environnement (température, salinité...) ou un polluant, et
qui induit un stress sur un organisme ou une cellule.
TRANSCRIPTOME
Ensemble des ARN messagers produits lors du processus de
transcription d'un génome.
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Modélisation
- Sûreté nucléaire
Modéliser
le vieillissement de l'acier
Dans la perspective d'une extension de la durée d'exploitation des
réacteurs nucléaires au-delà de 40 ans, des études approfondies du
vieillissement de l'acier des cuves ont été engagées par l'IRSN. Dans le
cadre de son post-doctorat, Deyana Tchitchekova a mis au point une
nouvelle méthode permettant de simplifier la simulation à l'échelle
atomique des processus de vieillissement.
Un des principaux mécanismes de vieillissement de l'acier est dû à
l'interaction des atomes de carbone avec certains défauts de la structure
cristalline du fer appelés dislocations. Le déplacement de ces dernières
permet la déformation plastique de l'acier.
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Trajectoire d'un atome de carbone près
d'une dislocation (d'après R. Veiga et
al., PRB, 82, 054103
[2010]).
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Le champ de contraintes local généré par une dislocation modifie la
diffusion des atomes de carbone. Ceux-ci vont s'agréger à la dislocation
et former une « atmosphère de Cottrell ». Ceci bloque le
déplacement de la dislocation et rend l'acier moins ductile (en limitant
sa capacité de déformation plastique) et donc plus fragile. La structure
des atmosphères de Cottrell, leur cinétique de formation, ainsi que la
force de blocage exercée sur les dislocations sont relativement mal
connues.
[ À
l'échelle atomique ]
Pour mieux comprendre ces
phénomènes, il est nécessaire de les modéliser à l'échelle atomique sur de
longues périodes. Ceci implique de recourir à des méthodes
thermo-statistiques simplifiées telles que la méthode de Monte-Carlo
cinétique (MCC). Celle-ci modélise la diffusion des atomes de carbone d'un
site interstitielGLO
à un autre en évaluant la probabilité qu'ils franchissent les barrières
d'énergie qui les séparent, sachant que la hauteur de ces barrières est
modifiée sous l'effet des contraintes induites par les dislocations. Lors
de son post-doctorat, D. Tchitchekova a développé une méthode (LinCoSS)
pour estimer l'amplitude des barrières d'énergie pour un atome de carbone
dans un champ de contraintes hétérogènes correspondant à celui d'une
dislocation. La méthode repose sur une décomposition de ce champ en une
combinaison linéaire de contraintes élémentaires simples ; elle est
fondée sur l'hypothèse que l'effet du champ de contraintes peut être
évalué comme une combinaison linéaire des effets induits par chaque
composante de ce champ.
[ Plus précise que
d'autres ]
LinCoSS a été validée par
comparaison à des calculs réalisés avec la méthode de référence
CI-NEB(1). Les valeurs des barrières d'énergie que cette
méthode fournit permettent à un algorithme MCC de modéliser la diffusion
d'un atome de carbone au voisinage proche d'une dislocation de façon plus
précise que d'autres méthodes simplifiées. Elle est rapide et facile à
mettre en oeuvre.
L'enjeu est maintenant d'étudier simultanément
la diffusion d'un grand nombre d'atomes de carbone au voisinage d'une
dislocation, puis dans la dislocation elle-même, afin de représenter de
manière réaliste la formation d'une atmosphère de Cottrell et de
comprendre par quels mécanismes celle-ci provoque le blocage de la
dislocation.
Laboratoire Mateis de l'INSA de Lyon.
Contact :
Fabienne Ribeiro (Laboratoire de physique et de thermomécanique
des matériaux - LPTM)
(1)
Climbing-Image Nudged Elastic Band method.
+++ Tchitchekova D. et al., « Effect of
an imposed stress field on carbon diffusion in alpha-iron », soumis à
Journal of Chemical
Physics.
Déchets
radioactifs
Interaction
fer/argile en présence de bactéries
Afin d'évaluer la sûreté d'une installation de stockage géologique de
déchets radioactifs de haute activité, l'IRSN mène ses propres recherches
sur l'évolution des propriétés des différents matériaux mis en contact
dans un stockage. Ces recherches concernent notamment l'interaction entre
les matériaux argileux et l'acier des conteneurs en présence de
bactéries.
Dans un stockage géologique de déchets radioactifs de haute activité,
les interactions chimiques entre les aciers et les argiles(1)
pourraient modifier les propriétés de confinement de ces aciers et
argiles. Complétant d'autres travaux réalisés à l'IRSN dans ce domaine
(voir Aktis n°4, 11,
13), Camille Chautard a étudié l'influence que des
hétérogénéités aux interfaces entre les matériaux (vides technologiques ou
fractures dans la roche) ainsi que des activités bactériennes peuvent
avoir sur ces interactions chimiques.
[ Cellules de
percolation ]
La doctorante a d'abord conçu un
montage expérimental, particulièrement complexe à mettre au point. Il
s'agissait de faire percoler, à 60° C et pendant 13 mois, une eau
représentative de l'eau poraleGLO
d'une argilite au travers d'une masse de fer, puis dans un cylindre
d'argilite dont l'une des moitiés contient un échantillon de fer massif.
Deux cellules de percolation ont été installées. Dans une des cellules,
l'eau contenait deux souches bactériennes (sulfato-réductrice et
ferriréductrice) alors que dans l'autre cellule, il n'y avait pas de
bactéries. L'interface fer pulvérulent/ argilite et l'interface fer
massif/argilite ont été caractérisées par différentes
techniques(2). Les mécanismes biogéochimiques observés
expérimentalement ont été analysés par simulation numérique avec le code
Hytec.
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Cellule de percolation : la masse
de fer en bas de la cellule est choisie sous forme de poudre pour
faciliter son passage en solution. Le cylindre fin dans la partie
supérieure est l'échantillon de fer
massif.
| [ Influence des
bactéries ] À l'interface entre la zone de fer
pulvérulent et l'argilite, l'argilite a montré des transformations sur une
faible profondeur (10 μm), et une faible vitesse moyenne de corrosion
(inférieure à 1 μm/ an) a été observée, cohérente avec celles
publiées dans la littérature scientifique. Aucune différence n'a été notée
entre les deux cellules. À l'interface fer massif/argilite, les vitesses
de corrosion moyennes sont élevées (entre 7 et 18 μm.
an -1) et du même ordre avec et sans bactéries. En revanche, une
corrosion localisée (sulfures de fer et piqûrations) est observée
uniquement avec bactéries. Ceci laisse supposer que les bactéries ont un
rôle dans la corrosion localisée ; toutefois le dispositif
expérimental ne permet pas d'évaluer la vitesse de cette corrosion et donc
de quantifier cette influence. De plus, ces travaux montrent une migration
des bactéries le long de l'interstice existant entre le fer massif et
l'argilite qui le contient. Les résultats obtenus à l'issue de cette thèse
confirment que les espaces vides et la présence de bactéries sont des
éléments à prendre en compte dans l'évaluation de la sûreté
d'installations de stockage en milieu géologique.
Contact :
François Marsal (Bureau d'expertise des filières de gestion des
déchets et de la sûreté des colis - Begesc)
(1) Les
aciers sont notamment les constituants de sur-conteneurs des
déchets ; les argiles correspondent à la roche hôte, l'argilite,
ainsi qu'aux scellements des ouvrages de stockage.
(2)
Techniques de caractérisation utilisées : MEB, MEB/EDS, Raman, DRX,
tomographie aux rayons X.
Faibles
doses
Perturbations
de la cellule à faibles doses
Pour répondre au questionnement sociétal sur l'effet de faibles doses
de rayonnements ionisants, les chercheurs de l'IRSN poursuivent
l'acquisition de connaissances scientifiques. La thèse d'Ingrid Nosel
s'inscrit dans cette démarche, en étudiant les effets de faibles doses sur
l'expression des gènes de l'ADN des lymphocytes.
Les effets sur la cellule d'une exposition aux rayonnements ionisants à
des doses inférieures à 100 milliGrays (mGy) sont encore mal connus :
la cellule diminue-t-elle l'intensité de sa réponse de façon continue ou
existe-t-il un seuil d'exposition en dessous duquel elle ne répond pas à
l'irradiation ? Durant sa thèse, Ingrid Nosel a analysé l'effet de 6
doses différentes de rayonnements gamma sur les gènes de lymphocytes
T CD4 humains, l'un des types cellulaires clés du système
immunitaire.
[ 6 niveaux
d'irradiation ]
Chaque échantillon de sang a
été réparti en 7 flacons : une a été conservée en référence ;
les 6 autres ont été irradiées chacune à une dose différente entre 5 et
500 mGy(1). Pour identifier les gènes dont l'expression a
été influencée par l'irradiation, les lymphocytes T CD4 ont été purifiés.
Leurs ARN messagers, supports de l'expression des gènes, ont été extraits
de ces cellules 2,5 h, 5 h, 7,5 h, et 10 h après
l'irradiation ; puis quantifiés grâce à des puces à oligonucléotides
(voir image).
[ 370 gènes au profil
remarquable ]
Pour analyser les dizaines de
milliers de données obtenues et identifier les éléments pertinents, I.
Nosel a développé une méthode analytique biostatistique spécifique. Sur
les 17 000 gènes(2) effectivement exprimés dans les
cellules étudiées, 2745 ont une expression modulée par l'irradiation dans
l'une des situations étudiées. Parmi ces gènes, l'analyse statistique en
singularise 370 qui peuvent être classés en 2 catégories. Dans la première
se trouvent les 68 gènes dont l'expression augmente avec la dose
reçue : ces gènes sont déjà connus pour leur rôle suite à une
exposition à fortes doses (notamment la régulation de la réparation de
l'ADN et de la survie des cellules).
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Sur la puce à oligonucléotide (ici en
fausses couleurs), chaque plot est spécifique d'un ARN messager. Les
ARN messagers, associés à une molécule fluorescente, s'hybrident sur
le plot qui leur est spécifique. L'analyse de la fluorescence permet
de connaitre la quantité d'ARN sur chaque
plot.
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La seconde catégorie est une découverte : pour ces 302 gènes,
l'expression augmente significativement dès 5 mGy, et reste à ce niveau,
quelle que soit la dose. Parmi ces gènes, I. Nosel a identifié une
majorité des acteurs intervenant dans le processus de la phosphorylation
oxydative, mécanisme fondamental de la mitochondrie pour fournir de
l'énergie à la cellule. L'étude du transcriptomeGLO
a ainsi permis d'identifier une perturbation fonctionnelle de la cellule
même aux plus faibles doses d'irradiation. À ce stade, on ne peut pas en
tirer d'information sur d'éventuelles conséquences à l'échelle de
l'organisme. Mais cette perturbation pourrait constituer un indicateur
d'exposition à de faibles doses de rayonnements ionisants après avoir
vérifié que ce phénomène est spécifique de l'irradiation et qu'aucun autre
« stresseur »GLO
ne conduit à une modification fonctionnelle identique.
Contact :
Gaëtan Gruel (Laboratoire de dosimétrie biologique - LDB)
(1) 5 et
10 mGy qui correspondent à de l'imagerie médicale peu irradiante, type
radiographie ; 25 et 50 mGy qui correspondent à de l'imagerie
médicale plus irradiante, type scanner ; 100 mGy qui est la dose
seuil communément admise pour l'apparition de cancers à partir du suivi
épidémiologique des survivants d'Hiroshima et de Nagasaki.
(2) Le
génome humain comprend quelque 25 000 gènes.
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COLLABORATIONS
Renouvellement
du C3R
Le contrat de collaboration qui
structure le laboratoire Combustion, cinétique chimique et
réactivité (C3R), laboratoire commun entre l'IRSN et
l'Université de Lille 1, est en passe d'être renouvelé pour
une durée de 4 ans. Créé en 2009, il met en commun des moyens
de recherches, matériels, humains et financiers du Laboratoire
d'études du corium et du transfert des radioéléments (LETR) et
du Laboratoire d'expérimentation, environnement et chimie
(L2EC) de l'IRSN et du Laboratoire de physico- chimie des
processus de combustion et de l'atmosphère (PC2A/UMR 8522),
unité mixte du CNRS et de l'Université de Lille 1. Une grande
partie des travaux réalisés pendant les 4 premières années
visait à mieux comprendre le transport de l'iode dans le
circuit primaire en conditions accidentelles, en lien avec le
programme expérimental Chip (Chimie de l'iode dans le circuit
primaire d'un réacteur à eau sous pression). Un autre axe de
recherche important a concerné la physicochimie de l'incendie.
L'équipe du C3R est aussi impliquée dans le groupe de travail
6 du Labex CaPPA (Chemical and physical properties of the
atmosphere) du programme Initiative d'avenir de l'Agence
nationale pour la recherche (ANR).
+++ En
savoir plus.
Accord de collaboration avec
Bratislava
Un accord de coopération
quadrilatéral, entre l'IRSN (C3R), l'Université de Comenius
(Bratislava, Slovaquie), l'Université de Lille 1 et le CNRS, a
été signé le 19 février 2014 : il formalise une
collaboration initiée en 2006. Les axes de recherche portent
sur la chimie atmosphérique de l'iode pour mieux prédire la
dispersion de l'iode dans l'atmosphère en cas d'accident
grave, et sur l'amélioration des connaissances sur le
comportement des produits de fission (notamment du ruthénium)
en cas d'accident de fusion du coeur.
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Comprimé d'iode.
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| Lancement du
projet ANR Priodac L'IRSN a lancé le 27 mars
2014 le projet Priodac (prophylaxie répétée par l'iode stable
en situation accidentelle) avec quatre partenaires
scientifiques (CEA, Pharmacie centrale des Armées, Université
d'Aix-Marseille, Université Nice Sophia-Antipolis). Il vise à
déterminer les modalités d'administration d'iode stable aux
personnes se trouvant dans une zone de rejets accidentels
radioactifs répétés ou prolongés. C'est l'un des 14 projets
auxquels l'IRSN participe (il en pilote 7) qui ont été retenus
par l'Agence nationale de recherche (ANR) dans le cadre du
programme Investissements d'avenir « nucléaire de
demain » RSNR 2012.
+++ En
savoir plus.
SOUTENANCES
Trois thèses ont été soutenues en mars 2014 à
l'IRSN :
- Cycle sismique et aléa sismique d'un réseau de
failles actives : le cas du rift de Corinthe-Patras
(Grèce), par Aurélien Boiselet, le 26 mars 2014 à
Paris ;
- Micro-irradiation ciblée par faisceau d'ions pour la
radiobiologie in vitro et in vivo, par
François Vianna, le 26 mars 2014 à Gradignan ;
- Étude numérique et expérimentale des longueurs de
bon mélange : application à l'évaluation de la
représentativité des points de prélèvement en conduit,
par Jonathan Alengry, le 20 mars 2014 à
Gif-sur-Yvette.
+++ Les
thèses à l'IRSN.
THÈSES
Journées
des thèsesLes Journées des thèses ont eu lieu
cette année au printemps, du 31 mars au 2 avril 2014 à Paris.
Ce séminaire annuel permet aux doctorants de 2 ème
et de 3 ème année de l'IRSN de présenter l'avancée
de leurs travaux aux autres doctorants et aux encadrants.
Trois experts de l'Institut, qui ont soutenu récemment leur
habilitation à diriger des recherches (HDR), ont par ailleurs
présenté un état de l'art de leurs recherches.
+++ Les
thèses à l'IRSN.
CONGRÈS
IRPA
2014
Le 4 ème Congrès européen
International Radiation Protection Association (IRPA)
se tiendra du 23 et 27 juin 2014 en Suisse. Ce congrès est le
plus important concernant la radioprotection dans le
monde ; il rassemble tous les deux ans des participants
du monde entier, dont l'IRSN.
+++ En
savoir plus. | | |