Globalement, les études réalisées à l’IRSN ont montré que l’ingestion chronique de césium-137 peut induire des effets biologiques sur certaines grandes fonctions physiologiques.
Dans la plupart des cas (système nerveux central, système digestif et métabolisme des stéroïdes) ces effets restent limités et ne conduisent pas à l’apparition de pathologies. Pour le système cardio-vasculaire, les résultats obtenus constituent une première indication d’effets potentiels du césium-137, bien que les effets observés soient en contradiction avec ceux observés par une étude antérieure (Bandazhevsky, 2003). En effet, notre étude montre une diminution de la pression artérielle chez le rat contaminé alors qu’une hypertension avait été observée chez des enfants Biélorusses. De plus, aucune arythmie cardiaque n’a été observée chez nos animaux.
Le programme EPICE devrait apporter d’autres éléments de réponse. Dans le cas des systèmes hématopoïétique et immunitaire, l’absence d’effet observé suggère que le modèle utilisé doit évoluer en utilisant des conditions expérimentales encore plus proches de la situation post-accidentelle. L’évolution du modèle doit donc passer par l’utilisation de mélanges de radionucléides représentatifs de ce qui est trouvé dans l’alimentation des populations vivant sur les territoires contaminés, mais aussi par l’augmentation de la quantité de radionucléides ingérés quotidiennement chez les animaux.
Ainsi, des études sont en cours au laboratoire sur le strontium 90, qui a été également relâché dans l’environnement au moment de l’accident de Tchernobyl et dont la période physique (28 ans) fait qu’il est également retrouvé, bien qu’en concentration plus faible, dans l’alimentation des populations vivant sur les territoires contaminés (Cooper et al., 1992, Handl et al., 2003). A terme, les résultats de ce programme de recherche sur un modèle de situation post-accidentelle devraient aboutir à une évaluation plus réaliste des risques pour la santé humaine de l’ingestion chronique de radionucléides en faibles concentrations.