Savoir et comprendre

La récupération des paratonnerres radioactifs

20/10/2014

​La France n’a pas mis en œuvre de programme de récupération systématique des têtes incriminées. C’est le rôle d’entreprises spécialisées autorisées par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

 

Contrairement à d’autres pays européens comme la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse ou l’Espagne, la France n’a pas mis en œuvre de programme de récupération systématique des têtes incriminées.

 

Dans l’attente d’une réglementation qui rendrait leur dépose obligatoire pour tous types de bâtiments, les détenteurs de paratonnerres désireux de s’en débarrasser doivent faire appel à une société autorisée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).      

 

2 questions à...  Sophie Fournet, référente nationale pour les paratonnerres radioactifs à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN)

La dépose des paratonnerres radioactifs va-t-elle devenir obligatoire ?


Nous souhaitons parvenir à une dépose systématique, comme cela se fait dans d’autres pays. L’obligation de retrait existe depuis 2008 pour certaines Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Nous réfléchissons aux dispositions techniques et réglementaires d’une généralisation  de cette exigence.

Comment trouver une entreprise agréée pour ce type d’opération ?


En cas de dépose, il faut s’adresser à un professionnel dûment autorisé par l’ASN pour cette activité. Une liste est publiée sur le site Internet de l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra). L’autorisation doit être renouvelée périodiquement.

 

Cinq à six cents déposes par an

 

Cette procédure permet que l’opération s’effectue dans des conditions de radioprotection optimales pour les intervenants et pour le public. Ces spécialistes assurent la dépose, le conditionnement, puis le transport et l’entreposage des appareils, jusqu’à leur prise en charge par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).

 

Chaque année, 500 à 600 anciens paratonnerres, remplacés ou enlevés lors de travaux de démolition ou de rénovation, sont récupérés. Comme d’autres déchets de faible activité à vie longue pris en charge par l’Andra, ils sont entreposés au centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires) de Morvilliers, dans l’Aube.

 

Le nouveau guide s’enrichit de l’expérience du terrain

 

Dans le cadre de l’appui qu’il apporte aux acteurs de la filière, l’IRSN a été mandaté par l’ASN pour rédiger les chapitres techniques du Guide d’enlèvement des paratonnerres radioactifs, co-publié avec l’Andra et l’ASN en 2014.

 

À cette fin, des experts ont assisté à une série de déposes réalisées par des sociétés autorisées. « Ils ont étudié nos façons de travailler, afin d’identifier les meilleures pratiques à chaque étape des opérations. Ce travail de terrain a été suivi d’un moment de réflexion partagée sur les éléments recueillis », témoigne André Mottin, qui dirige France Paratonnerres, l’une des entreprises impliquées.

 

Un retour d’expérience qui a enrichi la version mise à jour de ce document, destiné aux professionnels, aux élus locaux et au grand public.

 

Dépose obligatoire en Belgique

L’enlèvement des paratonnerres radioactifs est obligatoire en Belgique depuis 2003.

 

L’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), l’autorité de sûreté nationale, a entrepris de débarrasser le pays de ceux encore en place. Comme le précise Nadia Vanmechelen, responsable  de cette campagne, « la phase de localisation s’est achevée fin 2010.  Pour dresser l’inventaire des sources, nous nous sommes appuyés sur un faisceau d’informations : listings de clients des installateurs, revue des autorisations d’exploitation, mailings adressés aux grandes entreprises,  aux communes et aux services de police ou signalements par des citoyens. »

 

Un peu plus de 3 700 têtes radioactives ont été enlevées par les professionnels autorisés depuis le début de la campagne, puis évacuées vers l’Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies (Ondraf). Moins d’une trentaine restent à vérifier ou  à déposer. « L’AFCN est désormais dans une phase de routine de suivi  des paratonnerres connus. Elle intervient en cas de détection fortuite par ses inspecteurs ou en cas de plainte. »

 

Pour en savoir plus :