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Pollution radioactive : 15 ans d’intervention dans une ancienne de briquets à Pargny-sur-Saulx

(Dernière mise à jour : Août 2017)

 

Cette activité utilisait les propriétés électromagnétiques du cérium, un composant de la monazite capable de créer des étincelles. Son extraction a engendré des résidus de thorium 232, matériau faiblement radioactif à vie longue. Ils ont contaminé les lieux et ses alentours.

 

À Pargny-sur-Saulx, dans la Marne, des experts ont accompagné la gestion du site radiocontaminé par le thorium de l’ancienne usine Orflam-Plast : prélèvements, mesures, information du public… Des travaux de démolition ont été réalisés et des zones mises en sécurité.

 

Située au cœur d’un village de 2 000 habitants, l’usine Orflam-Plast a fabriqué des pierres à briquet de 1932 à 1967. Cette activité utilisait les propriétés électromagnétiques du cérium, un composant de la monazite capable de créer des étincelles. Son extraction a engendré des résidus de thorium 232, matériau faiblement radioactif à vie longue. Ils ont contaminé les lieux et ses alentours.
 

À Pargny-sur-Saulx (Marne), une usine de fabrication de briquets a généré la pollution radiologique du site, des berges, de la peupleraie… Les analyses et l’évaluation de l’exposition des habitants ont permis de réaliser des travaux adaptés en concertation avec les acteurs locaux.


Pargny-sur-Saulx : avant et après les interventions réalisées
Pargny-sur-Saulx : avant et après les interventions réalisées

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Source : Antoine Dagan/Spécifique/IRSN

 

Pollution chimique et radioactive

 

À Pargny-sur-Saulx (Marne), l’IRSN a fait des interventions diverses : prélèvements et analyses de légumes et de poissons, mesures de la radioactivité depuis un hélicoptère, dans les habitations ou en forêt, recherche documentaire et recueil de témoignages… Les travaux de l’Institut ont permis à l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs (Andra) de réaliser les travaux et la mise en sécurité des zones contaminées.

 

La première phase de travaux a ainsi pu être réalisée entre 1997 et 2005, avec la mise en sécurité du site « orphelin » (site potentiellement pollué dont le responsable n’est pas connu ou insolvable) et l’élimination des déchets. Précisément, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a traité les pollutions chimiques alors que l’Andra s’est occupé des pollutions radioactives.

 

Contamination en dehors de l’ancienne usine

 

Vue aérienne de l’ancien site contaminé d’Orflam-Plast, à Pargny-sur-Saulx (Marne), après réhabilitation
Vue aérienne de l’ancien site contaminé d’Orflam-Plast, à Pargny-sur-Saulx (Marne), après réhabilitation -  (Air drone netcam/Andra)

En 2008, l’Andra est alertée par un ancien salarié de la présence potentielle de résidus en dehors du site, sur une peupleraie voisine et sur l’étang de la Gravière. « Des dépôts issus de l’usine y avaient été effectués », confirme Laure Tardieu, ingénieur en radioprotection qui a suivi le dossier.


Des mesures radiologiques aéroportées sont effectuées en 2009 sur un périmètre de 60 km2 autour du site. La contamination des zones de la peupleraie et de l’étang est confirmée. Puis, « durant deux jours de permanence en mairie, l’IRSN a recueilli les témoignages d’anciens salariés. Beaucoup étant décédés, nous avons obtenu peu de retours », détaille Laure Tardieu.

   

Lire la page - Les investigations menées par l’IRSN en 2009

 

De nouvelles contaminations sont ensuite découvertes à la suite de mesures complémentaires : à proximité de l’usine, dans le presbytère et dans les eaux souterraines ; dans le local des pompiers où des fenêtres de l’usine ont été installées ; dans le jardin de l’ancien chimiste de l’entreprise qui rapportait des objets à son domicile. Ailleurs, aucune contamination significative n’est détectée, sauf sur un chemin qui fera l'objet en 2015 de contrôles plus précis.


Lire la page - Les investigations menées par l’IRSN depuis 2010

 

Dépollution et investigation sur l’exposition de la population


Jusqu’en 2011, des travaux ont été menés par l’Andra pour réhabiliter les berges de l’étang, la peupleraie et démolir une partie de l’usine. Les terres de la peupleraie sont confinées in situ avec une couverture multi-couches d’argile et de terre pour atteindre un niveau d’exposition inférieur à 0,5 microsievert par heure (μSv/h) à 50 cm du sol. Les particules contaminées de l’étang sont excavées pour permettre l’usage collectif : pêche, promenade… En 2014, les derniers bâtiments de l’entreprise sont déconstruits.
 

En 2015, à l’issu des derniers travaux, les experts ont vérifié l’absence de contamination résiduelle sur la commune. À 40 mètres du sol, un hélicoptère a quadrillé une zone de 7,5 km2. Les taux de radioactivité de trois radionucléides (thorium 232, potassium 40 et uranium 238) ne présentaient pas d’anomalie à l’exception d’une propriété privée (anomalie à 200 becquerels par kilo).


Des investigations supplémentaires ont d’ailleurs été demandées en 2015 par des habitants dont les jardins pouvaient être concernés. « L’exposition des familles varie en fonction des cas. Dans le premier logement, l’habitant ne cultive pas son jardin. Dans l’autre, la famille consomme des aliments issus de son potager », explique Hélène Caplin, spécialiste en évaluation dosimétrique à l’IRSN.