Savoir et comprendre

Les centrales marines d'EDF sous la surveillance de l'IRSN

13/12/2012

Depuis plus de vingt ans, l’Institut prélève des échantillons sédimentaires et biologiques aux abords des quatre centrales nucléaires marines françaises. Ces mesures soulignent une baisse de l’activité des radionucléides artificiels dans l’environnement marin.

 

Depuis 1991, dans le cadre de conventions décennales avec EDF, l'IRSN assure le suivi radioécologique de l’environnement proche des quatre centrales nucléaires françaises implantées sur la façade maritime de la Manche (Flamanville, Paluel et Penly) et de la Mer du nord (Gravelines). 

 

« Tous les ans, nous réalisons divers prélèvements de sédiments, d’algues et de mollusques sur l’estran aux abords des centrales marines. Nous faisons également appel à des pêcheurs professionnels pour la collecte de crustacés et de poissons consommés localement », explique Julien Pommier, chargé de ce suivi au laboratoire de radioécologie de Cherbourg-Octeville (Manche).

 

« Ces prélèvements sont ensuite traités au laboratoire (étuvage et/ou lyophilisation éventuellement suivi d’une calcination) puis conditionnés sous forme de poudre sèche ou de cendres dans divers contenants envoyés à nos laboratoires de métrologie. »

 

L'ensemble des résultats de mesures des activités des radionucléides naturels et artificiels dans les matrices échantillonnées vient ensuite alimenter une importante base de données de l'IRSN.

 

La force de plus de vingt ans de suivi

 

Chaque année, les niveaux d’activités en radionucléides dans les sédiments, algues, crustacés et poissons sont comparés à ceux des années antérieures.

 

« La force de ces études radioécologiques est de disposer d’une série de données sur plus de vingt ans, laquelle nous permet de suivre l’évolution de la radioactivité dans l’environnement depuis le « point-zéro » (étude réalisée avant la mise en production d’une centrale). Ces données mettent ainsi en évidence la baisse des niveaux d’activités en radionucléides artificiels émetteurs gamma au sein des matrices échantillonnées, en concordance avec la réduction des rejets d’effluents liquides des centrales nucléaires françaises depuis le début des années 1990. »

 

Autre intérêt de ces séries temporelles de données : elles permettent de détecter certaines anomalies ponctuelles.

 

« En 2011, nous avons mesuré dans certaines algues de l'iode 131, ce qui était surprenant au regard des observations faites les années précédentes. Nous avons donc contacté EDF. L’exploitant ayant confirmé l'absence de rejet significatif en iode 131 par la centrale au cours de la période précédant l’échantillonnage, nous avons étudié divers scénario et retenu l'hypothèse selon laquelle ce marquage pouvait trouver son origine dans les urines d’un patient traité par scintigraphie. » Quelques gouttes qui ont donc suffi à alerter les responsables de cette étude. C’est aussi dans le cadre de ce suivi que l’on a pu observer les retombées du panache radioactif issu de la centrale de Fukushima.

 

Pour autant, le spécialiste le reconnaît, il est parfois difficile de discriminer l’origine de certains marquages. 

 

« Les radionucléides artificiels détectés dans les matrices environnementales côtières ont pour la plupart une double origine potentielle : les rejets d’effluents des centrales et ceux dispersés depuis l’usine de traitement du combustible usé Areva NC La Hague dont les niveaux d’activités sont de 2 à 3 ordre de grandeur supérieurs à ceux d’une centrale nucléaire. Cela étant, il existe des radionucléides spécifiques à certaines installations nucléaires qui nous guident dans notre travail de discrimination. » Histoire de rendre à César les radionucléides qui lui reviennent.

 

Publication des données

 

Dans le cadre de la convention avec son client, l’IRSN remet un rapport annuel à EDF surle suivi radioécologique des centrales marines. Associé à d'autres documents, il sert de base au rapport environnemental rendu public chaque année par l’exploitant.

 

Par ailleurs, les données issues de ce suivi radioécologique annuel sont complétées par des études décennales. « Tous les dix ans, à compter de la mise en fonctionnement d’une centrale nucléaire, nous menons un bilan radioécologique plus exhaustif caractérisé par des points de prélèvement plus nombreux, des échantillons plus diversifiés et des analyses plus variées. Au final, c'est un dossier très complet que rédigent nos équipes, comme celui en cours pour la centrale de Penly fondé sur une campagne approfondie de prélèvements réalisée en 2011. »