L'IRSN exerce depuis 1962 une surveillance radiologique de la Polynésie française, hors des sites d'expérimentation nucléaire de Mururoa et Fangataufa. Cette surveillance concerne sept îles (Tahiti, Maupiti, Hao, Rangiroa, Hiva Oa, Mangareva et Tubuai) représentatives des cinq archipels de la Polynésie française. La surveillance consiste à prélever régulièrement des échantillons de nature variée dans les différents milieux (air, eau, sol) avec lesquels la population peut être en contact, ainsi que des denrées alimentaires.
En 2017-2018, l’IRSN a poursuivi la surveillance radiologique régulière de la Polynésie sur les sept îles réparties dans les cinq archipels du territoire, en la complétant par des mesures sur deux îles supplémentaires, Raiata et Huahine, situées dans l’archipel de la Société, pour accroître la couverture géographique de cette surveillance. Les mesures réalisées couvrent la quasi-totalité de la gamme d’éléments radioactifs artificiels susceptibles d’être décelés dans l’environnement (sols, aérosols, eaux de mer, eaux douces, denrées…), soit le césium 137, le cobalt 60 et les isotopes du plutonium.
Après une diminution régulière des niveaux de radioactivité depuis l’arrêt en 1974 des essais atmosphériques français d’armes nucléaires et après le dernier essai atmosphérique effectué par la Chine en 1980, les niveaux de radioactivité mesurés en 2017 et 2018, dans la continuité des années antérieures, se situent à un niveau très bas. Cette radioactivité résiduelle est essentiellement attribuable au césium 137.
Une radioactivité artificielle très faible
Ainsi, l’exposition de la population aux rayonnements ionisants est quasi-exclusivement d’origine naturelle. Le rayonnement cosmique et les radionucléides d’origine naturelle présents dans les sols et dans les denrées contribuent pour plus de 99 % à l’exposition de la population.
En 2017-2018, la dose efficace annuelle totale (exposition externe, exposition interne par ingestion et inhalation) est de l’ordre de 1,4 mSv pour les adultes en Polynésie française (sans tenir compte du radon et de l’exposition médicale). L’exposition due à la radioactivité artificielle ne représente que 1/1000 de cette dose efficace totale.
En complément du programme de surveillance radiologique, a été mise en œuvre
depuis 2014 l’étude de la radioactivité d’origine artificielle dans les sols, lesquels constituent aujourd’hui la principale voie de transfert aux aliments. En 2017-2018, des échantillonnages des sols ont été effectués à Raiatea, à Huahine et dans les îles des Gambier dans le but de poursuivre cett étude.
Pas d’impact de Fukushima dans les eaux de Polynésie
À la suite de l’accident de Fukushima, une surveillance radiologique renforcée de l’environnement a été mise en place pour confirmer l’absence de contamination radiologique et s’est poursuivie en 2017-2018 pour le milieu marin. Les mesures réalisées tout au long de l’année, pour l’eau de mer et pour diverses espèces de poissons pélagiques, ne montrent pas d’impact décelable de la contamination du domaine marin polynésien des retombées de cet accident : aucune augmentation des concentrations du césium 137 par rapport aux années passées n’a été observée et le césium 134 n’a jamais été décelé depuis 2011.