Savoir et comprendre

Le rôle des mesures

13/09/2013

 

Rôle des mesures de radioactivité en fonction de la phase de l'accident

Les phases de l'accident.

Globalement, les mesures ont un double objectif :

  • un objectif d’expertise, les résultats de mesure servant à préciser la connaissance des conséquences de l’accident pour les confronter aux évaluations prédictives ayant servi à définir les zonages et pour déterminer les doses réellement reçues par les personnes exposées, dans le cadre de la mise en place du suivi sanitaire des populations ;
  • un objectif de contrôle, les résultats de mesure servant à vérifier la conformité des éléments surveillés à des critères prédéfinis (par exemple les niveaux maximaux admissibles (NMA) pour les denrées alimentaires), le niveau d’exposition des personnes ou l’efficacité des actions de nettoyage mises en place.

 

1 : Durant la phase de menace, les résultats de mesures permettent de :

  • déterminer l’état de référence de la contamination de l’environnement ;
  • déceler les premiers signes de rejet ;
  • alimenter la communication du (des) préfet(s).

 

: Durant la phase de rejet, les résultats de mesures permettent de :

  • vérifier que les ordres de grandeur des calculs prédictifs sont corrects ;
  • confirmer la zone impactée par le panache radioactif ;
  • confirmer les hypothèses liées au spectre de radionucléides rejeté ;
  • alimenter la communication du (des) préfet(s).

 

: Durant la phase post-accidentelle, les résultats de mesures permettent de :

  • conforter les premières actions mises en œuvre au cours de la phase d’urgence en les ajustant, le cas échéant, et de vérifier que les territoires présumés épargnés l’ont effectivement été ;
  • aider les services de l’État à mettre en place les actions visant à assurer une protection et un suivi satisfaisants des populations à la sortie de la phase d’urgence et au début de la phase de transition.

 

Rôle des mesures en fonction des zones post-accidentelles

Les priorités des mesures ne sont pas les mêmes selon les zones post-accidentelles mises en place.

Dans le périmètre d’éloignement (PE) :

  • la réalisation de mesures dans le périmètre d’éloignement doit, d’une manière générale, être justifiée et optimisée afin de limiter l’exposition des équipes en charge des mesures à des doses aussi basses que raisonnablement possible. Les mesures d’expertise visent principalement à préciser la connaissance de l’état radiologique de la zone. Elles n’ont pas un caractère prioritaire : leurs résultats serviront, par la suite, dans la perspective d’un retour éventuel de la population dans tout ou partie de ce périmètre ;
  • les mesures de contrôle doivent être faites en priorité là où se trouvent les différents intervenants, afin de définir les actions de protection appropriées.

 

Dans la zone de protection des populations (ZPP) (hors périmètre d’éloignement) :

  • les mesures d’expertise doivent permettre de vérifier la pertinence du zonage initialement mis en place sur la base d’une modélisation prédictive, en s’intéressant en priorité aux zones où les retombées sont supposées les plus importantes ;
  • les mesures de contrôle doivent en priorité porter sur les lieux de vie et accompagner le début des actions de réduction de la contamination ;
  • étant donné l’interdiction systématique de consommation et de mise sur le marché des denrées alimentaires, la mesure de la contamination des denrées alimentaires produites dans la ZPP n’est pas une priorité à la sortie de la phase d’urgence.

 

Dans la zone de surveillance renforcée des territoires (ZST) :

  • les mesures d’expertise sont destinées principalement à vérifier la pertinence du zonage initialement mis en place sur la base d’une modélisation prédictive, en s’intéressant en priorité aux zones où les retombées sont supposées les plus importantes ;
  • les mesures de contrôle portant sur les productions agricoles dont la contamination est susceptible de dépasser les niveaux maximaux admissibles pour l’alimentation humaine ou sur le bétail sont à organiser avec les filières agro-alimentaires concernées dès la sortie de la phase d’urgence. Cependant, leur mise en œuvre pourrait n’être opérationnelle qu’en phase de transition.

 

À l’extérieur de la ZST :

  • des mesures d’expertise sont effectuées lors de campagnes de prélèvements ciblées sur des denrées sensibles ou sur des territoires potentiellement plus exposés (notamment ceux qui ont reçu des précipitations importantes au cours de la phase de rejet). Elles sont complétées si nécessaire par la mise en place de stations d’observation permettant de suivre l’évolution temporelle de la contamination rémanente (sol, eau, milieux naturels) ;
  • à la périphérie immédiate de la ZST, il convient d’adopter une densité et une fréquence des mesures plus élevées que pour le reste du pays afin de détecter d’éventuels lieux de concentration de radioactivité.

 

Performances et limite des mesures

Les résultats de mesures sont nécessaires pour la validation objective des résultats des calculs prédictifs réalisés antérieurement et donc pour confirmer ou adapter les actions de protection éventuellement mises en œuvre.

Les ressources de mesures (personnes et matériels) sont limitées. Ces ressources sont à utiliser de la manière la plus rationnelle possible, mais cette limitation induit inévitablement un nombre de mesures faible au début de la crise, puis une couverture spatiale ou compartimentale de plus en plus importante au cours du temps.

Le nombre et la précision des mesures augmentent donc avec le temps. Par ailleurs, les techniques de mesures mises en œuvre sont de plus en plus élaborées : elles sont rudimentaires au début de la crise et sont adaptées au mieux à la situation au cours du temps.

Vu la nature même des transferts atmosphériques et des mesures de radioactivité, les résultats de mesures sont soumis à une variabilité intrinsèque dont il est toutefois possible de se défaire en procédant par analyse statistique, et ce seulement lorsque le nombre de mesures est suffisamment important.