Savoir et comprendre

La prise en compte du risque sismique pour les sites des installations nucléaires

 

L’actualité rappelle régulièrement que la France métropolitaine est un territoire modérément sismique. Au cours des dernières années, plusieurs tremblements de terre provoquant des dégâts aux constructions se sont ainsi produits : séismes d’Annecy et Saint-Paul de Fenouillet en 1996, de Rambervillers en 2003, de l’Ubaye entre 2003 et 2004 puis 2012 et 2014... Toutefois, en dehors des spécialistes du domaine, rares sont les Français qui ont en mémoire que des séismes plus destructeurs peuvent s’y produire, comme ce fut par exemple le cas pour celui survenu le 11 juin 1909 à Lambesc dans les Bouches-du-Rhône ou celui ayant touché la région de Bouin en Vendée le 25 janvier 1799. Des traces de séismes encore plus forts mais beaucoup plus anciens ont aussi été relevées par les géologues dans les couches géologiques.

 

Pour garantir la sûreté des installations nucléaires, la prise en compte de cet aléa naturel est indispensable. Le risque sismique est donc pris en compte dès la conception et fait par la suite l’objet de réévaluations régulières, qui permettent de tenir compte de l’évolution des connaissances. Un guide technique approuvé par l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) définit la méthode de référence pour déterminer « l’aléa sismique » à retenir pour ces installations : la règle Fondamentale de Sûreté 2001-01. Cette méthode s’appuie sur l’analyse de données géologiques, géophysiques et sismologiques pour définir des mouvements sismiques associés à des évènements rares, définis à partir de la connaissance des séismes du passé, relatés dans les archives historiques accumulées depuis près d’un millier d’années.

 

Dans le cadre de ses missions, l’IRSN conduit des programmes de recherche dans le domaine de l’aléa sismique (voir page du Bureau d'évaluation des risques sismiques pour la sûreté des installations). Ses travaux de recherche contribuent à mettre à jour les connaissances géologiques et sismologiques et à s’assurer que celles-ci sont bien prises en compte dans les démonstrations de sûreté des exploitants nucléaires. Ces activités de recherche et d’expertise, en France et à l’international, permettent aussi à l’IRSN de participer à l’évolution des référentiels techniques encadrant la détermination de l’aléa sismique sur les sites accueillant des installations nucléaires.

 

Le séisme de Tohoku survenu au Japon en mars 2011 a provoqué un tsunami qui a balayé la côte de la région de Sendaï entrainant un accident nucléaire majeur sur la centrale de Fukushima Daiichi. Cet accident a remis en question les pratiques établies, en France et à l’international, en matière de prise en compte de l’aléa sismique pour les installations nucléaires. En réponse, l’IRSN a contribué à établir de nouvelles dispositions pour prendre en compte des niveaux d’aléas plus rares que ceux considérés pour la conception initiale des installations nucléaires.

 

Plus récemment, le BERSSIN est intervenu en novembre 2019 suite au séisme survenu au Teil en Ardèche, qui a entraîné l’arrêt de plusieurs réacteurs de la centrale de Cruas par mesure de sécurité. Après des contrôles approfondis, ceux-ci ont été remis en marche en décembre 2019 après accord de l’ASN. Mais le redémarrage de Cruas n’est qu’une étape : l’analyse des données est toujours en cours, des travaux de recherche démarrent et les enseignements scientifiques et pour la sûreté restent à venir. 

(Dernière mise à jour : Juin 2020)