Savoir et comprendre

Appréciation de l'IRSN pour l'année 2008

23/08/2013

L’IRSN constate, aux termes de son examen global de l’exploitation du parc en 2008, la persistance des principales tendances relevées en 2007, à savoir de nombreux aléas et difficultés d’exploitation impliquant les facteurs humains et des aspects organisationnels.

Les plans d’actions engagés par EDF pour renforcer la rigueur d’exploitation et corriger certains défauts d’origine organisationnelle produisent des effets plutôt contrastés selon les centrales et les domaines visés. Des progrès sensibles sont enregistrés sur le nombre d’arrêts automatiques des réacteurs, réduits de moitié par rapport à 2007, ainsi que sur les sorties du « domaine de fonctionnement normal » du réacteur, réduites d’environ un tiers.

Par contre, le nombre de non conformités aux spécifications techniques d’exploitation reste élevé, et beaucoup reste à faire pour réduire les défaillances humaines et organisationnelles qui sont à l’origine de la majorité d’entre elles. Par ailleurs, la hausse du nombre d’événements liés à la maintenance et en particulier les défauts de qualité lors d’interventions, tendance déjà soulignée par l’IRSN pour 2007 et qui s’amplifie en 2008, sont le signe de dérives à surveiller, notamment du fait de leur impact sur certains matériels importants pour la sûreté.

Plusieurs événements singuliers affectant la sûreté ont marqué l’année 2008, bien qu’ils n’aient pas eu de conséquence grave. C’est le cas de l’événement survenu à la centrale du Tricastin où deux assemblages de combustible sont restés accrochés aux équipements internes supérieurs lors des opérations d’enlèvement de ces équipements, créant un risque de relâchement de produits de fission s’ils se décrochaient et chutaient sur les autres assemblages. Cet événement, dont le traitement a montré la bonne capacité d’intervention de l’exploitant et des équipes sous-traitantes dans des situations délicates, a également mobilisé l’IRSN.

Un nombre significatif d’anomalies génériques ont été découvertes sur le parc en 2008, et parmi celles présentées dans ce rapport, le mauvais positionnement de certaines barres antivibratoires dans le faisceau des tubes des générateurs de vapeur. Cette anomalie, qui a provoqué la fissuration par vibrations excessives d’un tube d’un réacteur de Fessenheim, est présente dans plusieurs générateurs de vapeur du parc. Ces défauts peuvent entraîner la rupture de tubes et donc une perte de confinement de fluide primaire ; d’où la nécessité de mesures préventives consistant à boucher les tubes susceptibles d’être affectés.

Les installations et leurs modes d’exploitation ne restent jamais figés dans le temps. Ils peuvent évoluer pour des raisons de sûreté, mais aussi pour des raisons économiques. Outre les modifications résultant du réexamen de sûreté des réacteurs de 900 MWe, en vue des troisièmes visites décennales qui débuteront en 2009, plusieurs évolutions significatives ont fait l’objet d’examens par l’IRSN en 2008.

Quatre sujets de celles-ci sont exposés dans ce rapport. Tout d’abord, l’IRSN a poursuivi l’examen des dispositions destinées à renforcer la protection des centrales à l’égard des conséquences d’une canicule, les événements caniculaires de 2003 et 2006 ayant montré la nécessité de ce renforcement. L’IRSN a également procédé en 2008 à l’examen des organisations et des méthodes de maintenance mises en place par EDF pour optimiser la maintenance de ses matériels. Sur un autre registre, l’IRSN a évalué les mesures managériales et organisationnelles mises en oeuvre par EDF pour accompagner sa politique de réduction des coûts de production sans compromettre la sûreté des installations. Enfin, des changements de gestion du combustible nécessitent la modification de logiciels du système de protection du réacteur ; l’IRSN a évalué leur fiabilité su​r la base d’une méthode qu’il a lui-même développé dans le cadre de ses recherches.