Savoir et comprendre

Les risques associés à la radiothérapie

09/04/2019

En radiothérapie, la notion d’équilibre bénéfice/risque repose sur le compromis entre l’éradication de la tumeur et la minimisation des dommages aux tissus sains. Le traitement ne doit donc pas être rejeté devant la crainte d’effets secondaires. 

La prescription de la dose aux patients tient compte des contraintes de dose et de volume à ne pas dépasser dans les tissus sains à proximité de la tumeur mais compris dans le faisceau d’irradiation. Ainsi, des doses de tolérance ont été définies pour la plupart des organes. Dans ces conditions, on observe un risque acceptable de développement de séquelles chez 5 à 10 % des patients à 5 ans.

Par exemple, dans le traitement des cancers de la prostate, la dose de tolérance pour le rectum est de 70 grays (Gy). Cela veut dire que la configuration d’irradiation et la dose prescrite à la tumeur devront éviter d’exposer la paroi antérieure du rectum à une dose supérieure à 70 Gy, ou restreindre le volume irradié au minimum à moins de 15 %.

 

Des effets secondaires difficiles à diagnostiquer

Une radiothérapie doit parfois être interrompue en cas d’intolérance majeure. Toutefois les effets secondaires sont difficiles à diagnostiquer. Cela tient à la non-spécificité des complications et aux différences de réactions entre chaque patient. Par exemple, à l’intestin, les lésions consécutives à une radiothérapie peuvent ressembler à d’autres pathologies chroniques du tube digestif comme la maladie de Crohn, les rectocolites hémorragiques ou la maladie de Céliac. 

La phase de latence entre la radiothérapie et la manifestation des lésions peut aussi prendre du temps. Enfin, chaque patient réagit différemment à l’irradiation en fonction de nombreux facteurs comme l’historique médical (maladies systémiques comme le diabète ou encore les pathologies cardio-vasculaires) et la radiosensibilité. Or, la radiosensibilité, que l’on sait variable d’un individu à l’autre, reste difficile à cerner.

 

 

Effets secondaires identifiés

Les effets secondaires des radiothérapies ont été classés en dommages aigus (délai d’apparition entre 0 et 6 mois après l’irradiation), subaigus (entre 6 et 12 mois) et tardifs (après 12 mois).

Pour les effets précoces, les recherches [Bentzen en 2006, Dennam and Hauer-Jensen en 2002] suggèrent que la sévérité des effets tissulaires est principalement due à la perte cellulaire d’un tissu cible par mort radio-induite ayant pour conséquence une déficience fonctionnelle de l’organe. Toutefois, cette hypothèse semble difficile à appliquer aux effets tardifs.   

La recherche a aussi montré que les rayonnements ionisants en radiothérapie, activent et impliquent l’ensemble des compartiments qui composent le tissu. Aussi, les phénomènes de mort cellulaire précoce, d’activation du système de coagulation, de réponse inflammatoire, d’activation des compartiments vasculaires et mésenchymateux et des processus de remodelage matriciel sont des phénomènes imbriqués les uns aux autres. En faisant intervenir de nombreuses molécules, ce phénomène conduit à des lésions chroniques comme des fibroses radio-induites.

Enfin, le concept d’effet conséquentiel qui se définit par un lien de causalité entre la sévérité de l’atteinte aigüe et le développement des séquelles tardives n’a toujours pas été démontré formellement.

 

      Lésions provoquées par une radiothérapie au niveau du système gastrointestinal

Des critères de gravité des lésions radiques ont été définis au niveau international. Quelques exemple ci-dessous.

 ​ Grade I ​Grade II ​Grade III ​Grade IV

Ténesme

​Occasionnelle ​​Intermittente​​​PersistanteRéfractaire​

Fréquence des selles

​2 à 4/jour​4 à 8/jour​> 8/jour ​2 à 4/jour

Douleur

​Occasionnelle ​​Intermittente​​​PersistanteRéfractaire​

Rectorragies

​OccultésOccasionnelles, > 2/semainePersistantes, journalièreHémorragie

Ulcération

​Superficielle (moins de 2 cm²) Superficielle (moins de 1 cm²)​​​Ulcère profondPerforation, fistule

Nécrose

< 1/3 du diamètre normal​< 1/3 à 2/3 du diamètre normal< 2/3 du diamètre normalObstruction complète