Bilan 2017 des expositions professionnelles aux rayonnements ionisants en France

  • Communiqué de presse

  • Santé

  • Expertise

26/09/2018

 

Le bilan 2017 des 384 198 travailleurs exposés dans le cadre de leur activité professionnelle aux rayonnements ionisants en France montre une stabilité de l'exposition individuelle moyenne.

 

Comme les années précédentes, l’IRSN a établi le bilan 2017 des résultats de la surveillance des expositions professionnelles aux rayonnements ionisants pour les 384 198 travailleurs regroupant 360 694 travailleurs des activités civiles (nucléaire, industrie, recherche, médecine) et des installations et activités intéressant la défense, dans le secteur public ou privé, ainsi que 23 504 travailleurs exposés à la radioactivité naturelle.

 

Télécharger le rapport – Bilan 2017 de l’exposition professionnelle aux rayonnements ionisants en France (PDF, 4,95 Mo)

 

Télécharger l'infographie avec les chiffres-clés à retenir (PDF, 549 Ko)

 

IRSN_Infographie_page_exposition_travailleurs_240907.jpg

 

Exposition aux sources artificielles

 

  • 360 694 travailleurs suivis en 2017 dans le cadre des activités professionnelles utilisant des sources artificielles de rayonnements ionisants. Le nombre de travailleurs ayant bénéficié d’un suivi de leur exposition aux rayonnements ionisants du fait de leur activité dans l’un des domaines considérés, soit 360 694, est en légère augmentation (+ 0,9 %) par rapport à 2016. La répartition des effectifs entre les différents domaines est globalement stable, les effectifs se trouvant principalement dans le domaine médical (58 %) et dans le domaine nucléaire (23 %).
     
  • Une dose collective en baisse de 20 %. La dose collective d’un groupe de personnes est la somme des doses individuelles reçues par ces personnes. Pour l’ensemble des travailleurs suivis, elle s’établit, en 2017, à 53,5 hommes sieverts (h.Sv) contre 66,7 h.Sv en 2016. Cette valeur est en baisse de 20 % par rapport aux niveaux observés les années précédentes. Cette évolution s’explique majoritairement par une baisse d’activité dans le domaine du nucléaire (moindre volume de travaux de maintenance sur le parc électronucléaire qu’en 2016, d’après EDF).
     
  • Des doses individuelles moyennes variables selon les domaines d’activité. Le nucléaire et de l’industrie non nucléaire sont, comme les années précédentes, ceux où les travailleurs reçoivent en moyenne les doses plus élevées : elles atteignent respectivement 1,28 millisievert (mSv) et 0,89 mSv. Toutefois, ces valeurs sont en baisse respectivement de 10 % et 20 % par rapport à 2016. Le domaine médical et vétérinaire présente une dose individuelle moyenne de 0,29 mSv, valeur stable par rapport à 2016. Dans le domaine de la recherche, la dose individuelle moyenne est de 0,21 mSv.
     
  • Une exposition externe individuelle moyenne globalement stable. En 2017, la dose individuelle moyenne  est stable par rapport à 2016, se situant à 0,72 mSv. Plus de 96 % des travailleurs suivis ont reçu une dose annuelle inférieure à 1 mSv (valeur repères correspondant à la limite réglementaire de dose pour le public). Parmi ceux ayant reçu une dose supérieure à 1 mSv, 16 % ont reçu une dose supérieure à 5 mSv (valeur repères correspondant au quart de la limite réglementaire de dose pour les travailleurs). Le dépassement de la limite annuelle de dose efficace pour les travailleurs (20 mSv) a concerné 2 travailleurs, exerçant dans le domaine des activités médicales et vétérinaires pour l’un, et celui de l’industrie non nucléaire pour l’autre.
     
  • Une exposition interne limitée. Le nombre de cas de contamination interne reste faible et les doses qui en résultent limitées : en 2017, un travailleur du domaine nucléaire et deux travailleurs du domaine de l’industrie ont reçu une dose engagée supérieure à 1 mSv. La plus forte dose engagée est de 4 mSv, estimée pour un travailleur exerçant dans le domaine de l’industrie non nucléaire. Pour rappel, en cas de contamination interne par un radionucléide, la dose dite engagée est celle délivrée sur toute la durée pendant laquelle le radionucléide est présent dans l’organisme. Par précaution, il est retenu une période d’engagement de 50 ans.
     
  • Exposition des travailleurs prestataires du nucléaire. Cette édition du rapport annuel présente également une étude ciblée concernant les prestataires du nucléaire. Cette étude montre que les prestataires représentent un tiers des effectifs du domaine nucléaire mais reçoivent plus des deux tiers de la dose collective totale enregistrée dans ce domaine. La dose individuelle moyenne des prestataires (1,68 mSv) est supérieure à celle des autres travailleurs du domaine nucléaire (1,28 mSv). Parmi les différents métiers étudiés, le plus exposé est celui de robinetier (personne en charge du diagnostic, de l’entretien et de la maintenance des robinets en place sur de nombreux circuits dans les centrales nucléaires), avec une dose individuelle moyenne de 3,2 mSv.

 

Exposition à la radioactivité naturelle

 

  • 23 504 travailleurs suivis en 2017 dans le cadre des activités professionnelles exposant à la radioactivité naturelle. Il s’agit en particulier des personnels navigants exposés au rayonnement cosmique, des travailleurs exposés au radon et ceux exposés à la radioactivité naturelle présente dans les matériaux de certaines activités industrielles contenant naturellement des radionucléides non utilisés pour leurs propriétés radioactives (NORM pour Naturally Occuring Radioactive Materials). En 2017, la dose individuelle moyenne des 22 600 personnels navigants de l’aviation civile, exposés au rayonnement cosmique calculée sur l’année (2,1 mSv) varie peu par rapport aux années précédentes. Il en est de même concernant la proportion de personnels navigants ayant reçu une dose annuelle supérieure à 1 mSv (81 % en 2017). La dose individuelle maximale s’élève à 5,5 mSv (5,2 mSv en 2016).
     
  • Concernant la surveillance individuelle de l’exposition des travailleurs aux matériaux NORM (lire ci-dessus) ou au radon d’origine géologique dans les cavités et ouvrages souterrains, elle a concerné, en 2017, un peu moins de 700 travailleurs. Les effectifs suivis varient peu par rapport à 2016. Toutefois, le bilan ne peut pas être considéré comme exhaustif pour les expositions au radon d’origine géologique. En effet, d’après les rapports de dépistage du radon sur les lieux de travail reçus par l’IRSN, la concentration de radon observée dans un certain nombre de ces lieux nécessiterait la mise en œuvre d’une surveillance individuelle, ce qui n’est pas systématiquement le cas. Les doses individuelles moyennes, de 0,21 mSv pour l’exposition externe et de 0,60 mSv pour l’exposition interne, sont donc à considérer avec prudence.

La surveillance des travailleurs : une mission de l’IRSN

 

Le ministère du Travail (Direction générale du travail, DGT) et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) s’appuient sur l’expertise de l'IRSN en matière de protection des travailleurs contre les risques liés à l’exposition aux rayonnements ionisants. A cet égard, le code du travail confie à l’IRSN la mission de centraliser l’ensemble des données de la surveillance dosimétrique des travailleurs au moyen du système SISERI et d’établir un bilan annuel.

 

La surveillance de l’exposition externe des travailleurs est réalisée grâce à des dosimètres passifs adaptés aux différents types de rayonnement, fournis par les organismes de dosimétrie agréés. Ces dosimètres permettent de connaître la dose reçue par le corps entier ou par une partie du corps (peau, doigt) en différé après lecture en laboratoire (dosimétrie passive). Les travailleurs intervenant en zone contrôlée font en outre l’objet d’un suivi en temps réel grâce à des dosimètres opérationnels. Les travailleurs exposés à un risque d’exposition interne sont suivis grâce à des examens médicaux appropriés comme des analyses radiotoxicologiques sur les urines, réalisées par des laboratoires d’analyse de biologie médicale, ou comme des examens anthroporadiométriques réalisés par les services de santé au travail. L’IRSN est chargé réglementairement de veiller à la qualité des différents types de mesures de l’exposition des travailleurs.

 

Le bilan réalisé en 2017 par l’IRSN a été majoritairement élaboré à partir du système SISERI. Il présente les effectifs des travailleurs par domaines d’activité professionnelle, les doses individuelles moyennes et collectives correspondantes et la répartition des travailleurs par niveau de doses. Les domaines d’activité professionnelle sont, d’une part le nucléaire, qui regroupe les activités exercées aux différentes étapes du cycle de l’énergie nucléaire (usines de conversion et d’enrichissement de l’uranium, fabrication du combustible, centrales nucléaires, retraitement, démantèlement, déchets) ainsi que celles liées à la défense nationale, d’autre part toutes les autres activités concernées par l’usage des rayonnements ionisants : applications médicales et vétérinaires, recherche et enseignement, activités industrielles diverses utilisant des sources de rayonnements ionisants. Les expositions professionnelles à la radioactivité naturelle sont également considérées (rayonnement cosmique et exposition aux matériaux NORM ou au radon d’origine géologique dans les cavités et ouvrages souterrains).