Savoir et comprendre

De la réglementation aux actes

31/07/2014

Aux niveaux national et international, les pouvoirs publics et les scientifiques accompagnent l’application de la nouvelle réglementation : publication d’un livre blanc pour le suivi des travailleurs exposés, élaboration de normes, études de risques, etc.

Une cinquantaine de personnes réfléchit aujourd’hui aux modalités d’application en France de la nouvelle limite de dose au cristallin. Suite à l’adoption de la directive 2013/59/Euratom, le 5 décembre 2013, la Direction générale du travail (DGT) a constitué, avec l’Institut et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), un groupe de travail pour la transposition en droit français des nouvelles orientations concernant l’exposition des professionnels. Y participent des experts et des représentants des différents secteurs d’activités concernés, des salariés comme des employeurs.

« Le groupe de travail a remis un livre blanc proposant de nouvelles stratégies de suivi radiologique des expositions internes et externes, et précisant le statut de ces données dosimétriques »,décrit Thierry Lahaye, du ministère du Travail.  En parallèle, le comité interministériel de transposition travaille sur les adaptations législatives et réglementaires nécessaires.

 

Des normes pour les dosimètres

Les grands organismes internationaux de normalisation se penchent sur ces sujets. Miroslav Voytchev, spécialiste de l’instrumentation de radioprotection et des équipements nucléaires à l’IRSN et à la Commission électrotechnique internationale (CEI), le confirme : « Nous avons établi des exigences de performance pour ces dosimètres, spécifiés dans la norme CEI 62387 (2012-12). Nous attendons de tester les premiers dosimètres cristallin développés par le Laboratoire de dosimétrie de l’IRSN »

 

Un dosimètre cristallin ergonomique « made in » IRSN

Le nouveau dosimètre utilise la technologie de dosimétrie par thermoluminescence (TLD)

Pastille collée directement sur la peau ou sur des lunettes, dispositif fixé sur une monture dédiée ou sur un bandeau tour de tête… Aucun dosimètre cristallin actuel ne convenait à toutes les situations, les morphologies, les porteurs de lunettes ou non… C’est pourquoi la business unit du Laboratoire de dosimétrie (BU-LDI) de l’IRSN travaille depuis un an sur un modèle plus ergonomique.

« Une agence de design a développé ce modèle monté sur un serre-tête », explique Éric Cale, responsable technique.

« Le détecteur se trouve au bout d’une patte articulée, ce qui permet un positionnement dans les trois dimensions et un ajustement idéal au plus près de l’œil sans gêner l’utilisateur », décrit Nathalie Bolteau, responsable de sa commercialisation au LDI. L’ergonomie des premiers prototypes sera évaluée par les clients de l’Institut pendant l’été 2014.  Des tests comparatifs à l’échelle européenne seront réalisés concernant ses performances dosimétriques, « mais la qualité de notre pastille TLD (thermoluminescente) est éprouvée », commente Éric Cale. 

À l’automne, les retours seront étudiés et le dispositif pourra être ajusté. « Le modèle bandeau actuel répond aux besoins pour les études de postes de courte durée », complète Nathalie Bolteau. « L’objectif est de proposer un produit confortable et adaptable pour le suivi au long cours des travailleurs, disponible dès que la nouvelle limite de dose entrera en vigueur. »


En parallèle, « l’Organisation internationale de normalisation (ISO) travaille sur la norme ISO 15382 concernant la procédure de surveillance dosimétrique de radioprotection dans les installations à risque », commente Filip Vanhavere, du Centre d’étude de l’énergie nucléaire, en Belgique, et responsable du projet à l’ISO. « La mise à jour devrait intervenir d’ici à la fin de l’année. D’autres travaux devraient suivre, notamment sur la radioprotection du cristallin dans les hôpitaux. »

 

Faire apparaître des situations à risque ignorées

La Coordination des réseaux de PCR (Personnes compétentes en radioprotection) et acteurs de la radioprotection (CoRPAR) a soumis un questionnaire sur le risque cristallin aux membres de ses réseaux. « L’idée était de faire apparaître des situations à risque jusqu’ici ignorées. Par exemple, nos correspondants sur le terrain nous ont fait remonter l’exposition d’infirmiers et d’autres manipulateurs qui pratiquent l’hypnose pour apaiser l’anxiété des patients. Ils restent très proches d’eux pendant toute la durée d’un examen ou d’une intervention », relate Christian Lefaure, animateur de la CoRPAR. 

 

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Au niveau national, l’IRSN mène des actions de sensibilisation des travailleurs exposés à travers ses formations et ses études de postes, ou d’autres prestations faisant suite à des incidents. Parallèlement, les recherches se poursuivent pour affiner les connaissances sur l’exposition du cristallin, notamment en ce qui concerne les relations dose-effet.​