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Avis de l’IRSN sur la surveillance des risques de dilution homogène pendant le chargement d’un cœur

21/01/2013

​Dans le cœur d’un réacteur nucléaire, la réaction en chaîne est contrôlée au moyen d’absorbants neutroniques : les grappes de commandes et l’acide borique dilué dans l’eau du circuit primaire. Toute diminution de la concentration en acide borique du circuit primaire entraîne une augmentation de la réactivité du cœur. Pendant les phases d’arrêt du réacteur, une telle dilution de l’acide borique pourrait conduire à l’atteinte des conditions critiques (c'est-à-dire à un redémarrage du réacteur), ce qui n’est pas acceptable compte tenu, notamment, de la présence potentielle de personnels dans le bâtiment réacteur pendant ces phases.

Des capteurs de mesure appelés « chaînes neutroniques niveau source (CNS) », situés à l’extérieur de la cuve, permettent de détecter toute augmentation du flux de neutrons survenant suite à une éventuelle dilution incontrôlée de l’acide borique. Or, lors d’un incident en 2001, alors que les conditions critiques ont été évitée de peu, les CNS n’ont pas permis d’alerter l’opérateur. Les investigations menées suite à cet incident ont révélé l’incapacité des CNS à détecter une dilution lors des opérations de chargement ou de déchargement, c'est-à-dire lorsque le cœur du réacteur est incomplet.

Pour y remédier, EDF a déclaré à l’ASN une modification consistant à reporter la surveillance de la dilution sur un dispositif déjà existant de mesure en continu de la concentration en acide borique dans le circuit primaire, appelé boremètre, et sur l’alarme qui y est associée. EDF prévoyait également, en cas d’indisponibilité de ces équipements, de recourir à des mesures manuelles de cette concentration.

L’analyse de l’IRSN conclut que la fiabilité des moyens de mesure de la concentration en acide borique (en continu et manuelles) n’est pas suffisante pour accepter que la maîtrise de la réactivité du cœur repose sur ces dispositifs.

L’IRSN recommande donc qu’EDF étudie, au plus tôt, d’autres solutions matérielles redondantes, diversifiées et indépendantes du boremètre actuel, pouvant être mises en œuvre à moyen terme.

Dans l’attente de cette solution plus robuste, l’IRSN recommande la mise en œuvre, à court terme, d’actions visant à garantir un niveau de sûreté acceptable compte tenu de l’instrumentation disponible.