• Rapport d’expertise

  • Environnement

Constat radiologique Normandie Hauts-de-France

17/09/2021

 

L’Essentiel

 

​​​​​​+ Le constat radiologique Normandie et Hauts-de-France vient actualiser et enrichir les connaissances sur les niveaux de radioactivité naturelle et artificielle dans les différ​entes composantes de l’environnement de ces deux régions, ainsi qu’en Manche et sur la partie sud de la mer du Nord. Il a permis d’acquérir de nombreuses données, souvent inédites, à proximité comme à ​distance des installations nucléaires. ​

Le territoire de ce constat est caractérisé par la présence de quatre centres nucléaires de production d’électricité (CNPE), exploités le long des côtes françaises de la Manche et de la mer du Nord : Flamanville, Paluel, Penly et Gravelines. A ces installations s’ajoutent l’usine Orano de retraitement du combustible usé de la Hague, le centre de stockage de la Manche exploité par l’Andra et la base navale de Cherbourg, tous situés dans la presqu’ile du Cotentin, ainsi que le Grand accélérateur national d’ions lourds (GANIL) à Caen et l’atelier de maintenance de la SOMANU à Maubeuge. Ces deux régions abritent également des centres de médecine nucléaire et des industries générant des déchets à radioactivité naturelle renforcée​ dont la plupart ont cessé leur activité.
 
Un des points forts de ce constat a été d’intégrer les demandes des acteurs locaux dans la stratégie d’étude. Cela a notamment conduit l’IRSN à s’intéresser aux sites de ce territoire mettant en œuvre de la radioactivité naturelle renforcée, en particulier les sites de stockages de phosphogypses. Un regard a également été porté sur les niveaux d’activités dans les eaux souterraines.
 
+ Le constat a permis d’approfondir les connaissances sur le bruit de fond radiologique dans tous les compartiments de l’environnement en mettant en œuvre les meilleures méthodes métrologiques disponibles à l’IRSN. En milieu aquatique continental et marin, les radionucléides naturels, le carbone 14, le tritium ainsi que les produits de fission et d’activation ont été quantifiés précisément, à des niveaux ou à des seuils de décision ​très bas, permettant de disposer de niveaux de référence sur différents cours d’eau ainsi qu’en Manche et en mer du Nord. L’exploitation des données du volet terrestre a par ailleurs confirmé les niveaux très faibles de radioactivité artificielle dans les végétaux, les sols et les denrées avec, pour ces dernières, un échantillonnage représentatif des productions agricoles des territoires étudiés. Les mesures réalisées ont également permis de confirmer des marquages radiologiques déjà connus, liés aux essais nucléaires atmosphériques des décennies 50 à 70, à l’accident de Tchernobyl ou encore à des incidents survenus sur certaines des installations nucléaires de la zone étudiée. 
 
+ Le constat a également permis de caractériser plus finement l’influence du fonctionnement normal de certaines des installations de la zone géographique étudiée. Des données précises sur l’influence des rejets liés au fonctionnement normal des installations nucléaires ont pu être obtenues grâce à des prélèvements opérés à des fréquences plus élevées qu’habituellement et à des mesures atmosphériques réalisées avec une métrologie plus performante que celle utilisée dans le cadre de la surveillance régulière. C’est ainsi qu’ont été mises en évidence les fluctuations des activités des radionucléides dans l’air, en particulier du tritium, du fait des rejets de ces installations. Autour du CNPE de Gravelines et de l’usine de la Hague, la présence, à l’état de traces, de plusieurs radionucléides émetteurs gamma imputables aux rejets atmosphériques tels que les cobalts 58 et 60, l’iode 129 ou l’argent 110m a été mise en évidence, de même que l’influence des installations nucléaires sur les niveaux en tritium dans les eaux de pluie. Sur le volet aquatique, les mesures effectuées en aval des centres de médecine nucléaire ont confirmé la présence d’iode 131 lié au secteur médical. Sur le volet terrestre, les mesures de tritium organiquement lié sont cohérentes avec les niveaux d’activités de ce radionucléide mesurés dans le compartiment atmosphérique. 
 
 
Pourquoi l’Institut a-t-il réalisé ce constat ?
 
Ce constat a pour objectif :
 
  • d’actualiser et d’enrichir les connaissances relatives au bruit de fond radiologique des régions Normandie et Hauts-de-France, tout particulièrement hors zone d’influence des installations nucléaires, en utilisant les meilleures méthodes métrologiques disponibles à l’IRSN ;
  • d’obtenir un état des niveaux actuels de concentration des principaux radionucléides d’origine artificielle mesurables dans les différents milieux de l’environnement, qui rende compte non seulement du marquage radiologique environnemental résiduel lié aux retombées des essais nucléaires atmosphériques menés de 1945 à 1980 et de l’accident de Tchernobyl survenu en Ukraine le 26 avril 1986, mais également des impacts environnementaux des rejets actuels ou historiques des installations nucléaires ou de sites mettant en œuvre de la radioactivité dans cette zone ;
  • de collecter de nombreuses données, souvent inédites, à proximité comme à distance des installations nucléaires, dans des zones moins exposées à leurs rejets et notamment sur des indicateurs peu étudiés dans le cadre de la surveillance radiologique mise en œuvre par les différents acteurs de la zone, comme certaines denrées emblématiques des territoires étudiés ;
  • de préciser les zones d’influence des rejets des principales installations nucléaires de la région plus finement que ce qui avait été fait jusqu’à ce jour ; 
  • ​de disposer d’un état radiologique environnemental régional de référence en cas d’événements radiologiques ou de retombées radioactives accidentelles dans les régions Normandie et Hauts-de-France.

 

 

Ces études viennent en complément de la surveillance régulière de la radioactivité dans l’environnement français, assurée à proximité des installations nucléaires comme à distance de celles-ci par l’IRSN et dont les résultats sont centralisés sur le site internet du Réseau national de mesures de la radioactivité de l’environnement (RNM : www.mesure-radioactivite.fr​). Cette surveillance régulière de l’IRSN concerne des matrices environnementales représentatives des milieux et relativement invariantes dans le temps, dans le but de détecter d’éventuelles évolutions ou écarts par rapport aux niveaux de référence. Elle représente annuellement environ 5 000 échantillons prélevés et traités et plus de 7 000 résultats de mesures.