Bilan IRSN 2008 de la surveillance radiologique de l'environnement en France : les niveaux de radioactivité artificielle restent toujours très faibles

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22/12/2009

 

Des niveaux de radioactivité artificielle qui restent très faibles, dans la continuité des dernières années  

 

D’une façon générale, les niveaux de radioactivité mesurés en 2008 en métropole dans le cadre de la surveillance assurée par l’Institut sont stables, dans la continuité des dernières années, et se situent à un très bas niveau, c’est-à-dire proches ou en-deçà des limites de détection des instruments de mesure utilisés.

 

Les quelques 28 000 prélèvements et 40 000 analyses de radioactivité effectués en 2008 sur l’ensemble du territoire français ont parfois mis en évidence des traces de radionucléides artificiels à proximité des sources d’émission connues (installations nucléaires, centres hospitaliers disposant d’un service de médecine nucléaire, etc.).

 

Au-delà des zones d'influence de ces sites nucléaires ou hospitaliers, du césium 137 reste également observable, principalement dans certains sols et milieux aquatiques continentaux et marins (sédiments, mollusques et crustacés). Il s'agit de vestiges des retombées anciennes des essais atmosphériques d’armes nucléaires réalisés entre 1945 et 1980, principalement les USA et l'URSS, et de l’accident de Tchernobyl survenu le 26 avril 1986.

 

En 2008, l’IRSN a mené des investigations environnementales plus approfondies pour 5 situations particulières

 

Au cours de l’année 2008, les réseaux de surveillance radiologique de l’IRSN ont, à deux reprises, enregistré une élévation inhabituelle du niveau d’activité de certains radionucléides dans l’environnement, ayant conduit l’IRSN à approfondir ses investigations pour en connaître l’origine. Par ailleurs, trois événements ayant entraîné des rejets anormaux dans l’environnement, déclarés par les exploitants des installations nucléaires concernées, ont fait l’objet d’une surveillance spécifique de la part de l’IRSN, afin d’en préciser l’impact éventuel. 

 

Les investigations engagées par l’IRSN ont permis de constater que ces cinq situations particulières n’ont entraîné aucun risque sanitaire sur la population.

 

  • Au voisinage de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire : détection de cobalt 58 dans les prélèvements d’aérosols

Une activité significative en cobalt 58 (radionucléide artificiel de courte période – 70,9 jours) a été mesurée dans un prélèvement d’aérosols effectué sur le site de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire entre le 1er et le 2 janvier 2008. Cette détection ponctuelle, observée uniquement par la station IRSN autour de ce site et sur une seule journée, ne révèle cependant pas une contamination chronique ou accidentelle liée au fonctionnement de la centrale, compte tenu notamment du faible niveau de la contamination (2,8 millibecquerels par m3 d’air).

     

  • A Pithiviers : détection d’uranium dans l’eau de l’Essonne et un de ses affluents

Dans le cadre d’une campagne de mesures menée par l’IRSN sur l’eau de l’Essonne et de certains de ses affluents, en amont du site du Bouchet ayant accueilli les anciennes activités industrielles du CEA, de l’uranium a été détecté dans le cours d’eau « l’Œuf » entre Pithiviers et Pithiviers-le-Vieil.

 

Les recherches ont démontré que ce marquage était probablement d’origine naturelle, compte tenu de la nature des formations géologiques dont provient ce cours d’eau (accumulations uranifères dans les sables et argiles de Sologne et de la Forêt d’Orléans). L’activité alpha globale mesurée dans l’eau de cette rivière atteint 0,4 becquerel par litre, attribuable principalement à l’uranium (la concentration chimique est d’environ 22 microgrammes par litre). Ce marquage radiologique naturel, que l'on retrouve dans un certain nombre de cours d'eau en France, n’entraîne pas de risque sanitaire.

 

  • A Pierrelatte : rejets d’uranium par l’usine Socatri d’uranium dans l’eau de la Gaffière

Dans la nuit du 7 au 8 juillet 2008, le déversement accidentel par la société SOCATRI, d’une solution contenant de l’uranium, a conduit à un rejet de cet élément dans le ruisseau de la Gaffière qui traverse le site industriel du Tricastin.

 

Suite à cet incident, l’IRSN a rapidement engagé des campagnes régulières de prélèvements et de mesure pour évaluer l’impact de ce rejet dans les différentes composantes de l’environnement, et a poursuivi une surveillance renforcée de l’eau  de la nappe du Tricastin en aval de l’usine SOCATRI, qui s’est prolongée en 2009.

 

Les résultats de cette étude seront rendus publics à l'issue des travaux. Aucune augmentation de la concentration en uranium dans les eaux souterraines n’a été observée tout au long du suivi qui perdure encore en 2009.

 

  • A Pierrelatte : rejet de carbone 14 à l’atmosphère par l’usine Socatri

Un rejet de carbone 14 à l’atmosphère, émis par l’usine SOCATRI entre le 25 juin et le 2 juillet 2008, a conduit au dépassement de la limite annuelle autorisée pour cette installation. Cet événement a conduit l’IRSN a réalisé des prélèvements de végétaux au voisinage du site afin de déceler un éventuel marquage par le carbone 14 imputable à cet épisode de rejet et conforter les évaluations de dose que l'Institut avait faites à la demande de l’ASN.

 

Les résultats de cette campagne ont permis de constater un léger marquage des échantillons prélevés dans la zone potentiellement influencée (environ 7,5% de plus que le bruit de fond local, dont 4,5% attribué à ce rejet non contrôlé) sans que l'augmentation de dose efficace par ingestion des denrées produites dans cette zone durant trois mois n'ait excédé 0,2 microsievert pour un homme.  

 

  • A Fleurus (Belgique) : rejet accidentel d’iode 131 gazeux par le centre d’études nucléaires

Le 25 août 2008, l'exploitant de l'Institut des RadioEléments (IRE) situé à Fleurus en Belgique a informé l'Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire belge (AFCN) de rejets anormaux d'iode 131 gazeux par l’une des cheminées de ses installations.

 

 Afin d’évaluer l’impact éventuel de ce rejet accidentel sur le territoire français, l’IRSN a organisé une campagne de prélèvements d’herbe et de lait entre le vendredi 29 et le samedi 30 août, le long de la frontière belge, de Maubeuge à Longwy. Aucun des échantillons mesurés n’a révélé de trace d’iode 131, tous les résultats d’analyses étant inférieurs aux limites de détection des appareils de mesure utilisés.

 

Une surveillance de l’environnement en pleine évolution

 

L’édition 2008 du bilan annuel de l’état radiologique de l’environnement français reflète la réflexion engagée par l’IRSN, conformément à son contrat d’objectifs 2006-2009, sur l’évolution de la surveillance qu’il exerce, le conduisant à définir un plan de modernisation et de redéploiement de ses dispositifs de surveillance.      

 

L'un des axes d’évolution concerne la mise en place des constats radiologiques territoriaux qui doivent permettre de disposer d’un référentiel complété de l’état radiologique des milieux et des denrées alimentaires produites sur un territoire, utile pour faciliter le déploiement d’une surveillance renforcée et pour évaluer les conséquences en cas d’évènement radiologique. Les principes de ces constats et la démarche adoptée pour le constat pilote « Vallée de la Loire » sont présentés dans ce bilan.  

 

Télécharger le rapport Bilan de l'état radiologique de l'environnement français en 2008 : Synthèse des résultats des réseaux de surveillance de l'IRSN