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Incendies de forêt en août 2010 dans les territoires contaminés par l’accident de Tchernobyl

23/11/2012

La période de canicule et de sècheresse exceptionnelle qui a sévi durant l'été 2010 en Russie a entraîné une multiplication des incendies de forêt. Cette situation a conduit l'IRSN à s’interroger sur l’impact sur la radioactivité de l’air en France dans l’hypothèse où ces incendies toucheraient des forêts des territoires contaminés par les retombées radioactives de l’accident de Tchernobyl en 1986.

 

 
  Environ 8 % de l’activité en Césium 137 présente dans le bois est émise dans l’atmosphère durant sa combustion.  
 

En effet, suite à cet accident, la litière recouvrant le sol des forêts et les arbres poussant sur les territoires contaminés couvrant une partie de la Biélorussie, de l’Ukraine et de l’ouest de la Russie présentent encore aujourd’hui une contamination significative en césium 137, radionucléide persistant dans les sols avec une période radioactive de 30 ans. En cas de combustion, ce radionucléide peut être en partie émis dans l’atmosphère avec les fumées et ainsi conduire à une contamination de l’air. Cette contamination peut alors être dispersée sur le reste des territoires, au gré des conditions météorologiques.

 

En concertation avec Météo-France, l’IRSN a suivi l’évolution des masses d’air et a sélectionné une dizaine de stations de collecte d’aérosols de son réseau de surveillance atmosphérique Opera-Air, devant faire l’objet de mesures prioritaires. La situation météorologique, et notamment l’origine océanique des masses d’air, n’a pas permis aux panaches de cendres de se diriger vers l’Europe de l’Ouest. Les valeurs mesurées se sont inscrites parmi les plus basses habituellement mesurées et sont caractéristiques de masses d’air océaniques. Ces résultats s’expliquent par le régime de vent d’ouest qui a prévalu durant cette période sur l’Europe de l’Ouest et par le fait que les quelques poussées anticycloniques n’ont pas été suffisamment puissantes pour changer le régime général des vents.

 

La multiplication des incendies de forêt s’était déjà produite notamment en Ukraine, Biélorussie et Russie entre mi-août et début septembre 2002.

 

Au cours de cette période, une advection momentanée des masses d’air vers l’ouest de l’Europe avait entraîné une augmentation (d’un facteur quatre au maximum) du bruit de fond résiduel en 137Cs dans l’air. Le césium 137, radionucléide artificiel présent uniquement sous forme d’aérosol dans l’atmosphère, fait l’objet d’un suivi depuis la fin des années 1950 grâce aux stations de filtration du réseau Opera-Air. Il persiste depuis plusieurs années à un niveau d’ultra-traces (environ 0,2 µBq.m-3 d’air)2 dans les basses couches de l’atmosphère. Cette rémanence atmosphérique est essentiellement due à la remise en suspension par le vent de particules de sols présentant des traces des dépôts antérieurs en 137Cs. Au cours de leur croissance, les végétaux pompent une fraction très faible (facteur de transfert de l’ordre de 10-3 m2/kg) de l’activité en 137Cs présente dans les sols, par transfert racinaire.

 

Les études réalisées à l’IRSN montrent qu’environ 8 % de l’activité en 137Cs présente dans le bois est émise dans l’atmosphère durant sa combustion. De ce fait, la combustion de biomasse, notamment l’hiver, participe également au maintien d’un niveau résiduel. Dans tous les cas, les niveaux dans l’air sont si faibles qu’il est nécessaire de filtrer de l’ordre de 30 à 50 000 m3 d’air par échantillon pour pouvoir y quantifier le 137Cs.

 

En conclusion, les incendies de l’été 2010 à l’est de l’Europe n’auront eu ni impact radiologique environnemental ni a fortiori sanitaire sur ​la France. Il en a été de même dans d’autres pays qui ont suivi avec attention cet épisode, comme la Finlande.

(Dernière mise à jour : Janvier 2013)

 

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